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ACTU MERCATO

Dimitar Berbatov, oui !

Par Markus Kaufmann
Dimitar Berbatov, oui !

Il est beau, il est sombre, il est facile et pourrait postuler le titre de joueur le plus intelligent de la planète. On l'avait annoncé il y a un certain temps au PSG, il devait revenir à Tottenham cet hiver, ce sera finalement un prêt de six mois à Monaco ! Une super recrue ? On pourrait ajouter la mention « si le physique et la motivation sont au rendez-vous », mais de toute façon Berbatov a toujours été lent et n'a jamais été motivé. Après la chute de Falcao, l'arrivée du bulgare de 33 ans est donc forcément une merveilleuse nouvelle pour les Monégasques, la Ligue 1 et le football français. Bienvenue à un attaquant unique qui met des petits ponts et des extérieurs comme il fume et dessine, un attaquant qui sait arrêter le temps.

De Dmitri à Dimitar

Youri Djorkaeff passe à la Turbie mardi, et Dimitar Berbatov signe vendredi. Un hasard ? Peu importe. Si l’AS Monaco est condamné à se coller cette étiquette de « parvenu » pour un moment, même les nouveaux riches ont le droit d’avoir du goût et le don de reconnaître les belles choses. Out Falcao, in Berbatov. Des noms, des vrais. Radamel, Dimitar. Cela pue la classe si fort que l’on n’en revient toujours pas d’accueillir de si beaux pieds en France. Et puis, Dmitri Rybolovlev sait varier les plaisirs. Radamel est le gentil Sud-Américain élevé sur les plages de Santa Marta avec une tête de guitariste romantique. Dimitar vient d’un autre monde, a été kidnappé lorsqu’il était petit en Bulgarie, et peut aisément être imaginé dans Les Promesses de l’ombre ou alors tout simplement vu en fils bâtard et ambitieux de Sonny dans le troisième volet du Parrain.

Berbatov, c’est environ 250 buts en 550 matchs. En vérité, le Bulgare aurait pu en marquer 150 de plus ou de moins, cela n’aurait rien changé. Cela fait déjà bien longtemps qu’il a marqué l’histoire et tous ceux qui ont eu la chance de le voir tutoyer un ballon. Dans les faits, c’est une finale de C1 avec le Bayer Leverkusen de Ballack et Lúcio. Puis l’époque dorée avec les clés du jeu de Tottenham – un club qui lui allait si bien – et, trente millions de livres plus tard, les années glorieuses en titres et tristes en minutes jouées à Manchester United. Enfin, un passage à Fulham, pour retrouver la vie londonienne et une place de titulaire, et poser la question de son propre intérêt pour sa carrière de footballeur. Pourquoi Dimitar Berbatov a-t-il perdu autant de temps en Angleterre alors qu’il aurait pu devenir une légende en Italie ou en Espagne ? Le confort de la Premier League, certainement, et tristement.

Classe, nonchalance, peigne et cigarette

En Angleterre, certains appelaient ça le Berbathlicism. Une sorte de culte pour un joueur si différent, dans la lignée de ces footballeurs trop doués pour ne pas devenir footballeurs, mais jamais assez intéressés par le football pour vraiment se consacrer entièrement à cette carrière si particulière. Guti, lui, s’est toujours défendu de sa nonchalance de la façon suivante : « Il y a des joueurs qui courent, et d’autres qui jouent. Je fais partie de la deuxième catégorie. » Tout comme Berbatov, qui arrive dans un effectif où un tas de joueurs savent déjà très bien courir (Toulalan, Kondogbia, Obbadi…). Mais qui dit nonchalance dit commentaires franco-français, indignations et rejet d’un talent unique pour un manque apparent de transpiration, sur fond de sombre a priori éthique sur les revenus des footballeurs. C’est arrivé à Pastore, à Lucho, à Ibra. Et cela arrivera à d’autres. Jusqu’à ce que l’on comprenne que l’expression « donner son maximum » vaut pour analyser l’effort, mais pas la performance. Maradona, il donnait son maximum ?

Berbatov, ne court pas, mais il joue beaucoup. La seule chose que l’on pourrait lui reprocher est donc de ne pas essayer de faire les deux. Mais au fond, soit il ne sait pas le faire, et son talent doit nous forcer à le pardonner. Soit il sait le faire, mais n’en a pas envie, et son cran doit alors également nous forcer à le pardonner. Au bout du compte, c’est l’un de ces joueurs qu’il faut accepter ainsi, en se tenant à apprécier ce qu’il veut nous offrir. Car lui n’en a rien à faire. Interrogez-le sur sa ressemblance avec Andy Garcia, il vous répondra : « Il a vraiment influencé le choix de ma coupe de cheveux et j’ai même étudié comment il fume pour pouvoir tenir ma cigarette de la même façon. » Bienvenue dans le monde de Dimitar.

Que peut-il offrir à Ranieri ?

Depuis son retour en Ligue 1, Monaco s’appuie sur un bloc très équilibré (14 buts encaissés en 22 journées) qui lui a permis de s’asseoir confortablement dans le siège de dauphin du PSG, mais l’animation offensive des hommes de Ranieri manque de continuité. Monaco parvient à dominer les défenses adverses sur des séquences d’une dizaine de minutes, mais ne cesse de retomber dans ses travers de collectif en construction. C’est logique, cela prend du temps. La question, ici, est de savoir ce que l’arrivée de Berbatov va apporter sur les six prochains mois. Et il y a deux façons d’analyser son impact.

De façon optimiste, d’abord : qui de mieux qu’un « joueur de coups » pourrait permettre à une équipe qui ne domine pas en continuité de s’imposer ? Berbatov ferait gagner des points à Monaco parce qu’il saurait concrétiser le peu d’occasions qu’on lui offrirait. À l’image de Falcao à ses débuts pour l’Atlético et à Monaco, en fait. Puis de façon pessimiste : l’intégration d’un joueur irrégulier dans un collectif irrégulier est a priori compliquée. À moins que ses bons pieds et son coup d’œil ne parviennent à donner du sens à l’attaque monégasque… Si Falcao et Rivière aiment se lancer dans la profondeur et jouer coupés de leurs milieux, Berbatov s’exprime par le jeu, la passe, la déviation, l’échange. Positionné autour d’un attaquant mobile, le Bulgare est un lien et son association avec James Rodríguez pourrait bien devenir une machine créatrice d’occasions pour Ranieri, et libérer de l’espace pour l’autre avant-centre. Quitte à passer une deuxième partie de saison paisible entre le PSG et le LOSC, autant faire en sorte que le voyage soit le plus beau possible.

Par Markus Kaufmann

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