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Confinés dans un stade à Málaga

Par Florian Lefèvre
Confinés dans un stade à Málaga

Depuis deux mois, Andrés Perales et son fils Andy sont confinés dans le stade de Málaga. La raison ? En 1989, la famille a emménagé dans une maison située derrière une tribune de La Rosaleda. Aujourd’hui, l’ancien chauffeur et concierge du club de Málaga est à la retraite. Mais il vit toujours au même endroit, avec son fils.

Nouer son écharpe autour du cou, aller boire des bières avec ses potes, franchir les grilles, grimper les marches, pénétrer dans la tribune, faire monter les décibels, célébrer un but, terminer la soirée en nage… Et s’endormir en se disant qu’on a passé un bon week-end. Depuis que le football est à l’arrêt, les samedi/dimanche sont devenus tristes. De Paris à Marseille, de Manchester à Rome, de Lisbonne à Dortmund… Partout, ce manque de stade se fait sentir. En Espagne aussi, toutes les enceintes sont vides… Enfin, presque toutes. À La Rosaleda, le domicile du Málaga Club de Fútbol, deux hommes font en effet figure de gardiens du temple : depuis deux mois, Andrés Perales et son fils Andy sont confinés dans le stade andalou.

Si la moitié des Espagnols ont été « libérés » lundi dernier, la quarantaine est toujours en vigueur dans la région de Málaga. Ainsi, Andrés (85 ans) et Andy (43 ans) n’ont pas quitté La Rosaleda depuis le confinement débuté en Espagne le 15 mars dernier. Leur adresse ? Porte 18. En partant des guichets de vente de billets sur l’avenue Luis Buñuel, il faut passer devant la boutique du club, tourner à droite sur la Palmilla et marcher jusqu’à la tribune opposée. À l’entrée de la porte 18 se situe un bâtiment rectangulaire en briques blanches : c’est la maison des Perales. « De la fenêtre du salon, on voit la tribune Fondo Norte », situe Andy. Pour lui, le Málaga Club de Fútbol est plus qu’un club de foot : « C’est l’endroit où j’ai grandi depuis tout petit. » Et son père, qui a donné son nom à la porte 18, en est la mémoire vivante.

Vingt-cinq ans au volant de « Flecha Azul »

D’une voix rauque couplée à son fort accent andalou, Andrés Perales dit qu’il les a « tous vus jouer ». Le vieux monsieur cite Abdallah Ben Barek, Rodolfo Vilanova Rumano et Américo Canas parmi les joueurs préférés de sa jeunesse. Des joueurs qu’il a côtoyés de près. Celui qui travaillait pour une entreprise de bus a été embauché comme chauffeur de l’équipe, en 1966. Pendant 25 ans, il a sillonné les routes du pays au volant de « Flecha Azul » ( « Flèche bleue » ), le surnom de l’autocar du club qui s’appelait encore Club Deportivo Málaga. « Je n’ai jamais eu d’accident. Jamais, insiste Andrés Perales. Parfois des petits pépins. Les routes étaient esquintées, les voitures n’étaient pas celles de maintenant… Mais grâce à Dieu, jamais d’accident. »

Au fil du temps, Andrés Perales est devenu l’homme à tout faire du club. « Un peu de jardinage, de garde de nuit… » C’est à ce moment-là qu’il a emménagé là où il coule aujourd’hui une retraite paisible, avec son fils qui est devenu le blanchisseur du club. À l’origine, la maison des Perales était un dépôt construit à l’occasion du mondial 1982. Sept ans plus tard, l’endroit a été réaménagé. Peu de temps après, les finances du club se retrouvent à sec. Le Club Deportivo Málaga disparaît à l’été 1992, pour renaître avec l’équipe réserve en quatrième division sous l’appellation Málaga Club de Fútbol. Une période délicate, pour les Perales. « Pendant six mois, mon père n’a pas été payé. Alors, il est devenu taxi. En même temps qu’il continuait d’entretenir le stade la journée, il travaillait de nuit pour qu’on puisse manger à la maison, se souvient Andy, adolescent à l’époque. Quand il terminait son service au petit matin, je lavais son taxi et il m’emmenait au collège. »

Promenades avec le chien sur le terrain d’entraînement

Mais Málaga ne tarde pas à gravir les échelons. Sous l’impulsion de l’entraîneur Joaquín Peiró, les Andalous remportent le titre de champion de deuxième division en 1998-1999 et retrouvent l’élite la saison suivante. Pour la première fois de son histoire, la Rosaleda accueille la Coupe d’Europe en 2002 : les Andalous remportent l’Intertoto et atteignent les quarts de finale de la Coupe UEFA dans la foulée. Viendra ensuite le rachat du club par le cheikh qatari Abdallah Al Thani, et la découverte de la Ligue des champions avec Manuel « l’Ingénieur » Pellegrini. Relégué en deuxième division en 2018, Málaga a loupé de peu la remontée la saison dernière. Au classement figé depuis le mois de mars, les Malaguistas pointent à la quinzième place du classement de la D2.

Depuis deux mois, la saison espagnole est arrêtée en attendant une éventuelle reprise souhaitée par le président de la Ligue espagnole le 12 juin. Depuis deux mois, Andrés et Andy sont donc confinés à la Rosaleda, ravitaillés en nourriture par l’une des sœurs d’Andy. Désormais, il y a un vigile présent pour s’assurer que personne ne se faufile à l’intérieur du stade. « Mais les deux premières semaines de la quarantaine, on était tout seuls, mon père et moi », note le quadra, revenu vivre avec son paternel à la suite d’une séparation avec la mère de ses deux filles.

Les matchs au stade, mais à la télé

Quand il ne s’occupe pas de couper les arbres sur son patio ou de repeindre la façade de la maison, Andy promène leur petit chien sur le terrain d’entraînement : « Je pourrais me balader tous les jours dans le stade, mais il faudrait ouvrir à chaque fois les tribunes. » Lorsque les supporters de Málaga retrouveront enfin la Rosaleda, Andrés, lui, restera à la maison. À 85 ans, la mémoire du club n’a pas perdu la flamme, mais il a beaucoup de mal à marcher.

Alors les jours de match à la Rosaleda, il s’installe dans le salon. Tranquille sur le canapé, en prenant soin de monter le volume du téléviseur à fond pour que les commentateurs couvrent le décalage entre la retransmission et les rugissements du stade. Les années ont passé, et « Flecha Azul » aussi a pris un coup de vieux. D’ailleurs, l’autocar est toujours debout au musée du club.

crédit photo : El País

Par Florian Lefèvre

Propos recueillis par FL

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