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Comment les Bleus vont-ils se sortir du groupe de la mort ?

Chérif Ghemmour
5 minutes
Comment les Bleus vont-ils se sortir du groupe de la mort ?

France, Portugal, Allemagne : six Euros à eux trois... Favorite du tournoi, la France devra d’abord s’extirper de la poule F, la plus prestigieuse, contre le Portugal, favori en second, et l’Allemagne, outsider sérieux. La Hongrie devrait participer coubertinement...

À l’été 2005, Zinédine Zidane revenait pour sauver la patrie. Au printemps 2021, Karim Benzema revient pour l’aider… Car sans Karim, les Bleus ont été finalistes de l’Euro et champions du monde en Russie. Le 14 novembre dernier, à Lisbonne, pour le compte de la Ligue des nations, ils avaient réalisé contre un solide Portugal une master class de gestion contrôlée et d’efficacité létale qu’on leur avait connue au Mondial 2018 (un bon 1-0 suffisant). Au cœur du jeu, la charnière en or Griezmann-Pogba avait démontré qu’elle restait une force motrice de l’équipe. Lors des éliminatoires de l’Euro d’où la France était sortie première, c’est Griezmann qui avait eu le rendement offensif le plus conséquent avec 3 buts et 7 passes décisives. Enfin, devant, Olivier Giroud avec ses 6 buts avait, lui, fini meilleur buteur tricolore des éliminatoires. Ainsi, avant même le rappel de Benzema par Didier Deschamps, la France était déjà le favori raisonnable de l’Euro, avec des arguments de choc. Reste que… À 33 ans, « Benz » , qui a accompli une saison stratosphérique avec le Real, devrait apporter un plus, sans doute décisif, tel qu’on a pu en juger face au pays de Galles en amical (3-0). Avec lui, le 4-4-2 losange testé face au pays de Galles apporte une option tactique supplémentaire au 4-2-3-1 « asymétrique » habituel de Deschamps.

En jouant sur ses deux registres de finisseur et de stratège offensif, « KB » devrait normalement pouvoir s’insérer sans trop de problèmes à la pointe de ce 4-2-3-1. Derrière lui, de gauche à droite, on retrouverait Rabiot (ou Coman), Griezmann et Mbappé. La paire Pogba et Kanté (monstrueux avec Chelsea) en « double pivot » se place comme d’hab devant une défense L. Hernandez, Kimpembe, Varane et Pavard. Lloris clôt le casting d’une équipe qui devrait arriver parmi les formations les plus en forme (les moins fatiguées) du tournoi. Et qui a aussi de la réserve, comparé à d’autres sélections ! Car, outre le onze type, l’effectif offre à chaque ligne des options de coaching intéressantes issues de Russie 2018 et des appelés plus récents (Maignan, Koundé). Avec un potentiel offensif déjà impressionnant, enrichi d’autres sacrés postulants (Coman, Dembélé, Thuram, Ben Yedder), les Bleus affichent désormais un statut de favori numéro 1 renforcé… Une difficulté de calendrier imposera toutefois aux Bleus d’être au taquet d’entrée avec un premier match à Munich face à l’Allemagne, puis les deux suivants à Budapest contre la Hongrie, puis face au Portugal.

Guèche party, Deutsch repartis ?

Les Bleus joueront donc leur dernier match, crucial, contre les Portugais, autres favoris du tournoi, même avec une cote un peu inférieure. Car depuis ses deux premiers titres internationaux (Euro 2016 et Ligue des nations 2019), le Portugal a changé de statut et le fait savoir. En décembre dernier, le sélectionneur Fernando Santos avait ainsi déclaré la Selecção portuguesa candidate au titre mondial en 2022. Des propos parfaitement recevables. Essentiellement parce que l’effectif un peu limité de 2016 s’est considérablement enrichi depuis. Avec les superbes performances en clubs, entre autres, de Bruno Fernandes (MU), de Diogo Jota (Liverpool) ou des deux Citizens Cancelo et Ruben Dias (élu joueur de l’année en Premier League), le Portugal dispose d’une nouvelle génération dorée. Avec ses nombreux cracks du milieu et de l’attaque, Fernando Santos doit désormais résoudre, après avoir essayé de nombreux systèmes, le délicat problème de l’animation offensive. En installant derrière Ronaldo l’excellent B. Fernandes en 10 (plutôt que João Felix, autre alternative utilisée) ? Lors des deux derniers matchs du Portugal, D. Jota à gauche et Bernardo Silva à droite (3 buts et 6 passes décisives en éliminatoires) avaient complété ce quintet générique. Aux critiques de vampirisation par Cristiano d’une sélection qui joue mieux sans lui, la question avait été vite résolue : 11 buts en éliminatoires, 101 en Selecção en septembre et 29 pions de capocannoniere 2021 avec la Juve ! Rappel : depuis 1996, le Portugal a toujours atteint au minimum les quarts à l’Euro…

Avec ses trois couronnes (1972, 1980, 1996) et ses trois finales, l’Allemagne offre le meilleur palmarès de cette compétition et pourrait sans doute prétendre à nouveau au dernier carré. Car même avec des équipes en bois, y compris en Coupe du monde, elle a souvent bien performé dans le passé. Or, la Mannschaft 2021 est faite de bois précieux. Au milieu, surtout : Gündoğan, Kimmich, Goretzka, Can et Kroos ! Et en attaque ? Sané, Gnabry, K. Havertz, T. Müller, Volland… Les doutes qui accompagnent cette équipe au vu de ses déboires récents (0-6 en Espagne, 1-2 face à la petite Macédoine du Nord) tiennent pour beaucoup à un manque flagrant d’efficacité devant (cf. le raté de Werner contre la Macédoine !), plus que de soucis d’animation offensive et du choix des joueurs censés la mettre en place. Sauf un hors-sujet général en Espagne, l’Allemagne se crée toujours pas mal d’occases, comme contre le Danemark en amical (1-1, le 2 juin). Devant, avec en plus le rappelé Thomas Müller, la Mannschaft ne part donc pas de zéro. À charge pour Mats Hummels, l’autre repêché, de stabiliser une défense constamment remaniée qui demeure le vrai secteur faible… Gare à l’Allemagne, toutefois ! Ce tigre blessé profilé Bayern disputera tous ses matchs de poule à Munich ! Enfin, si la Hongrie avait agréablement surpris en poule d’Euro 2016, son élimination sèche en 8es puis son absence au Mondial 2018, ainsi que sa qualification à l’arrache à l’Euro en barrages de Ligue A l’ont remise à sa place. Sauf énorme surprise, elle finirait donc dernière du groupe. Le n°10 surdoué Dominik Szoboszlai, troisième élément de la colonne vertébrale estampillée RB Leipzig avec Gulácsi (gardien) et Orbán (défenseur central), a finalement déclaré forfait pour blessure. Or, il était la clef de voûte du 3-4-1-2 hongrois bâti spécialement autour de lui. Et son suppléant Zsolt Kalmar est également forfait… Que de tuiles ! Cependant, il ne faudra pas sous-estimer la grosse force mentale collective de cette Hongrie, devenue juge de paix d’une poule où les trois gros se livreront à une lutte au couteau…

Mitchel Bakker, back dans les bacs

Chérif Ghemmour

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