CM/Elim : le Mexique est grippé
L'équipe que So Foot annonçait championne du monde en 2014 n'ira peut-être pas en Afrique du Sud. Pan sur le bec, comme diraient d'autres. Javier Aguirre a succédé à l'éphémère Sven Goran Erikson, mais rien ne semble avoir changé. Suffisance, fébrilité, clientélisme, El Tri régresse sur le chemin du progrès.
Mercredi dernier, le Mexique s’est remis dans le sens de la course. Mais sa victoire face à Trinidad et Tobago (2-1) n’a soulevé aucun enthousiasme dans un pays qui n’en finit pas d’être déçu par ses représentants en short. « Trois Tristes points » , un jeu de mots avec le surnom de la sélection mexicaine (El Tri), « la victoire dans la douleur » , voilà pour la tonalité des titres de la presse au lendemain d’une piteuse prestation.
Après sa défaite samedi 6 juin au Salvador (2-1), premier match officiel de la nouvelle ère Aguirre, le Mexique avait trop à se faire pardonner pour s’en sortir par la petite porte. Il se retrouvait cinquième de la zone CONCACAF, cet alliage en toc pourtant taillé pour offrir un voyage en business class à chaque Coupe du Monde aux leaders maximo de la zone, le Mexique et les États-Unis. Les coéquipiers de Marquez pointaient donc derrière le Costa-Rica (leader), les athlètes de la bannière étoilée, le Honduras, et le Salvador. La putain de te-hon ! Seul l’orchestre caribéen de Trinidad et Tobago jouait encore plus faux que les créateurs de la grippe porcine.
Désormais quatrième, après son succès face à l’équipe de Dwight Yorke (38 ans), El Tri occupe une place de barragiste périlleuse, puisqu’elle l’enverrait au casse-pipe face au 5e de la zone Amsud. Le Mexique a dévissé sa première moitié d’éliminatoires et semble dans l’impasse, déjà à court d’idées. La première décision de Javier Aguirre, arrivé fin avril au chevet de la sélection, fut de rappeler Cuauhtemoc Blanco, qui à 36 ans fait les beaux jours des… Chicago Fire.
La montée crescendo promise à la sélection mexicaine devait pourtant puiser sa dynamique dans sa jeunesse prometteuse, cette génération devenue championne du monde des moins de 17 ans en 2005. Ses deux prodiges, Carlos Vela et Giovani Dos Santos devaient sublimer un collectif armé, désormais majoritairement constitué de joueurs évoluant en Europe. Sauf que Giovani Dos Santos, présenté comme le successeur de Ronnie au Barça, a terminé la saison en prêt à Ipswich Town.
Quant à Carlos Vela, une stat qui en dit long : un but en tout et pour tout en championnat avec Arsenal. Le bilan de santé du reste de la colonie européenne n’est pas plus reluisant. Nery Castillo, brillant lors de la Copa America 2007, s’est fait oublier à Manchester City. Pavel Pardo et Ricardo Osorio, piliers défensifs du Vfb Stuttgart, se sont mués en occupants du banc. Guillermo Franco (buteur contre Trinidad et Tobago) n’a pas progressé d’un pouce à Villarreal, bien au contraire, comme Omar Bravo, perdu à La Corogne. Et l’étendard national, Rafael Marquez, pointe comme souvent à l’infirmerie. Seuls Andres Guardado (La Corogne) et Carlos Salcido (PSV Eindhoven) maintiennent le cap.
Ce groupe, ou plutôt cet agglomérat de joueurs, puisque les murs de la sélection semblent aussi poreux que l’intimité de Paris Hilton -cf le rappel de Blanco- est désormais guidé par un entraîneur lui-même en perte de vitesse, Javier Aguirre. Depuis son départ de l’Atletico Madrid, les Colchoneros ont subitement retrouvé assez d’allant pour accrocher une place en Ligue des Champions. Malgré tout, même avec deux, trois joueurs cul-de-jatte, et un entraîneur à la ramasse, le Mexique devrait se sortir de ces éliminatoires haut la main.
Pour leur défense, les hommes verts peuvent toujours opposer que leurs adversaires progressent, à l’image d’un Salvador qui, avant d’humilier le Mexique, avait bien failli accrocher le scalp des gringos dans leur stade. Avec David Suazo et Wilson Palacios, le Honduras possède désormais des joueurs redoutables. Et le Costa-Rica est devenu un sparring-partner aussi régulier que sérieux.
Mais l’orgueil du géant de l’Amérique centrale l’empêche de plaider ces circonstances atténuantes. Quel que soit le résultat, le Mexique se vit comme le meilleur, se pointe arrogant sur la pelouse, mais commence à déjouer dès que son adversaire blesse sa suffisance.
Limoger Eriksson n’était peut-être pas une mauvaise décision (bilan : une victoire pour deux défaites) mais pourquoi l’avoir pris ? La Fédé, trop fanfaronne, a acheté un symbole de richesse et va peut-être le payer très cher. Aguirre ? On l’accuse déjà de faire jouer les copains. Alors pour retrouver quelques fondations saines avant d’accueillir les États-Unis (le 12 août prochain), pour un match déjà décisif dans la quête sud-africaine, reste la Gold Cup, avec des sommets à disputer face au Panama, au Nicaragua, ou à la Guadeloupe. Une belle occasion de retrouver de la sérénité, ou de se ridiculiser.
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