CdC / Q.Westberg : « Les USA ont retenu la leçon »
Un Américain, une Française, une histoire d'amour. Un cliché. Quentin Westberg est né il y a 23 ans dans l'Hexagone mais a la double nationalité. Formé à Troyes, il squatte le banc de l'ESTAC depuis quelques années en tant que deuxième gardien. Il devrait aller voir ailleurs avant le début de la prochaine saison, avec en ligne de mire la sélection américaine et, pourquoi pas, la Coupe du Monde 2010. Après l'exploit des Ricains contre l'Espagne et avant celui contre le Brésil, il nous parle de soccer.
Où as-tu regardé Espagne-États-Unis ?
En fait, c’est assez marrant parce que j’étais en Espagne, à Sitges (près de Barcelone), dans une sorte de restaurant qui fait dans le sport. Les Espagnols ont réagi super mal ! Je suis pas super exubérant, j’étais pas en train de crier dans tout le bar, mais quand les États-Unis marquaient, j’étais content, c’est naturel. Du coup, ils me regardaient un peu en coin. C’est très bien pour les États-Unis et je pense que la victoire n’est pas volée. Dans le jeu, ils n’ont pas été ridicules, loin de là. Ils se sont créé pas mal d’occasions, même si c’étaient pas des occasions franches. Et l’Espagne, dans le jeu, n’a pas été très présente. Ils ont eu la possession, certes, comme toute grande nation de football, mais les Américains ont plus que fait face.
Tu penses que les États-Unis ont une chance contre le Brésil ?
En poule, le Brésil les a exterminés. Il y avait 3-0 à la mi-temps, après ils ont essayé de limiter la casse. Mais ils ont retenu la leçon, ils savent ce qu’il ne faut pas faire. Je pense que le fait de s’être qualifiés de nulle part avec un peu de chance, c’est une bonne chose. Souvent, il y a des équipes qui se qualifient de manière un peu folklorique qui arrivent à gagner des grandes compétitions.
Les États-Unis peuvent faire quelque chose pour la prochaine Coupe du Monde ?
Depuis longtemps c’est un objectif pour les Américains de faire quelque chose de bien en 2010. C’était le projet de longue date. Il y a une dizaine d’années, l’objectif était de gagner la Coupe du Monde 2010. Après, tout le monde a revu les ambitions à la baisse après celle de 2006, qui s’est plutôt mal passée. En 2002, c’était plutôt bien pourtant, avec le quart de finale. En tout cas, la finale de Coupe des Confédérations va faire du bien au moral. Ils ont quand même battu une équipe invaincue depuis 35 matchs. Ils ont joué le contre et ils se sont baladés.
C’est quoi les points forts de l’équipe américaine pour toi ?
L’organisation. Le fait qu’ils soient tous très athlétiques. Pas forcément grands, ni forts, mais très athlétiques. Et très disciplinés aussi. Et puis le sport aux États-Unis, c’est quelque chose de différent, il faut l’avoir vécu pour le réaliser. C’est le sens du sacrifice collectif, c’est la détermination, c’est la peur de personne. J’ai fait toutes les sélections de jeunes aux États-Unis. J’ai plein d’amis qui ont joué hier soir, ça fait d’autant plus plaisir.
Tu penses que tu peux les rejoindre à terme ?
J’aimerais. Après, ma situation personnelle est différente, mais avec plus de temps de jeu, je pourrais au moins avoir ma chance. Ma chance d’être vu par les sélectionneurs.
La Coupe du Monde, tu l’as dans un coin de la tête ?
C’est une échéance qui se rapproche très rapidement. En étant réaliste, aujourd’hui j’en suis très loin. Je voudrais cartonner la saison prochaine, trouver un club qui puisse me mettre en valeur. Je vais me concentrer pour faire une bonne saison en club et, comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, pourquoi pas ? Mais que ce soit à court terme, pour la Coupe du Monde 2010, ou à moyen et long terme, jouer en sélection nationale, c’est toujours un pied pas possible.
Pourquoi avoir choisi les États-Unis plutôt que la France ?
J’étais à Clairefontaine quand les Américains ont pris contact avec moi. J’étais présélectionné en équipe de France des jeunes, à l’époque. Les Américains m’ont invité pour un stage de deux semaines avec une double confrontation contre le Canada. Et ça s’est tellement bien passé, j’ai tellement aimé l’ambiance par rapport à ce que j’avais connu en France, et aussi par rapport au fait que le sport aux USA soit quand même autre chose qu’en Europe ou dans le reste du monde. On s’est bien trouvés. Quand les choses se passent bien, on le sent tout de suite. J’étais à l’aise, dans un super environnement et avec des mecs super. Je ne regrette pas une seule seconde.
Mais le soccer n’est pas très développé là-bas…
Non, mais justement, je pense qu’il vaut mieux faire partie d’un projet que d’essayer de faire vivre une légende. L’Équipe de France a déjà tout gagné, elle n’a plus rien à prouver. Les gens qui ont marqué en premier le football français sont déjà quasiment tous retraités. L’idée, c’est davantage de faire partie d’un projet. Même si les chances sont infimes, la perspective de pouvoir faire partie d’une génération qui va marquer le sport est quelque chose que j’ai en tête depuis assez longtemps.
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