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Cavendish jette le vélo sur la ligne

Par Raoul Cnudde
4 minutes
Cavendish jette le vélo sur la ligne

Deux minutes de bonheur pour plusieurs heures d'ennui, le ratio temps/plaisir était assez faible cette après-midi entre Arpajon-sur-Cère et Montauban. Au bout du bout, c'est le Manx Express qui a remporté le sprint massif. Bryan Coquard, lui, n'a pas su se placer.

« On ne devrait jamais quitter Montauban ! » Voilà ce que les sprinteurs des différentes équipes du Tour de France ont dû se dire après le sprint massif dans les rues du chef-lieu du Tarn-et-Garonne. Pour cette dernière étape avant Aspin et le Tourmalet, les sprinteurs ont eu la belle vie pendant un bon moment avant d’en découdre à Montauban. Un sprint massif remporté par le Manx Express, caché dans le peloton tout au long de l’étape. À partir de demain, les sprinteurs vont tirer la langue. Et vu le parcours, c’est aux quatre coins de Paris qu’on va les retrouver, éparpillés par petits bouts, façon puzzle. Froome, il s’en fait pas trop, il ne correctionne plus : il dynamite, il disperse, il ventile !

Arashiro, l’appel de Montauban

Le gugusse de Montauban cette après-midi, c’était Yukiya Arashiro, le Japonais de la Lampre-Merida. Un peu loin de sa terre natale d’Ishigaki, le premier Japonais à avoir terminé le Tour de France, en 2009, roulait en terrain connu entre Arpajon-sur-Cère et Montauban. Il y a onze ans, alors qu’il passait sa première saison de courses en Europe, il était licencié du club de Blagnac et vivait à Toulouse, pas si loin de l’arrivée. C’est sans doute ce retour à la maison qui l’a motivé à s’échapper dans les premiers kilomètres, accompagné du rouleur tchèque de la Bora-Argon 18, Jan Bárta. Tranquilles pendant un moment, les deux hommes passent les premières difficultés sans soucis, s’envolant à plus de cinq minutes du peloton pour grimper le col des Estaques et la côte d’Aubin.

Derrière, Coquard et Kittel s’envoient des vannes bras dessus bras dessous en attendant le sprint intermédiaire de Montbazens. Très actifs en tête de peloton, la BMC, Etixx, la Lotto et Dimension Data enchaînent les relais sans se quitter d’un pouce avec pour objectif une arrivée de bonhommes à Montauban. À Montbazens, Bryan Coquard règle le peloton et sonne la chasse aux deux échappés du jour. L’écart se stabilise aux alentours de deux minutes, laissant au peloton la possibilité de revenir tranquillement en fin d’étape. Pour le reste, on a envie de crier à Thierry Adam : « Thierry, mon petit… Je ne voudrais pas te paraître vieux jeu ni encore moins grossier… L’homme de la pampa, parfois rude, reste toujours courtois, mais la vérité m’oblige à te le dire : ton étape commence à me les briser menu ! »

Messieurs les sprinteurs, à la revoyure

Toujours en tête à cinquante kilomètres de l’arrivée, la paire Arashiro/Barta voit son avance fondre comme neige au soleil après Caylus. Un peu moins tendu que la veille, le peloton s’étire avant le dernier col de catégorie trois. À vingt-cinq kilomètres du final, les deux échappés sont cramés et repris au bout d’une longue ligne droite. Pour la première fois de la journée, la Sky se porte à l’avant pour protéger son leader, l’agent Smith. La tension monte d’un cran, les principaux sprinteurs se regardent. André Greipel se concentre : en cas de victoire à Montauban, il sait qu’il deviendrait le premier Teuton à remporter une étape lors de six Tours de France consécutifs. Un Teuton qui pointe beaucoup, en soi.

Dans les dix derniers kilomètres, la Sky prend les choses en main et met un gros coup de pédale. Résultat, Thomas Voeckler et deux autres coureurs de la Direct Energie payent les pots cassés. Les routes sont étroites et les virages nombreux, ce qui rend la tête du peloton particulièrement nerveuse. Peter Sagan arrive en haut et se place tôt, très tôt. Bryan Coquard garde un coéquipier à ses côtés jusqu’à la fin, mais, dans un groupe énorme à cent mètres de la ligne, ne parvient pas à se placer. Au final, c’est celui qu’on avait presque oublié dans cette longue étape qui s’impose sur le fil, Mark Cavendish. « Mais dis donc, on n’est quand même pas venus pour beurrer les sandwichs! » , se serait-il écrié après l’arrivée.

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Par Raoul Cnudde

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