C3 – Paris, deuxième ville portugaise ?
En France, les confrontations contre des équipes lusitaniennes sont souvent envisagées avec sérénité et la réception du Sporting Braga par le PSG ne fait pas exception. Pourtant, à la fin, ce sont presque toujours les descendants de Magellan qui l'emportent, même face à la plus portugaise des équipes françaises.
C’est quoi le PSG aujourd’hui ? Une longue ouverture, une remise de la tête et une reprise de volée dans le petit filet : « Pim, pam, poum, but ! » comme disait Christian Jean-Pierre, lors de ses jeunes années. Simple, efficace et heureux. Tellement évident que pas même une piteuse élimination à Rodez n’est venue rompre la tranquillité dans laquelle baigne le club parisien.
Dans ce climat océanique, le SC Braga débarque jeudi soir (20h15) au Parc, en apéritif d’un PSG-OM vers lequel toutes les attentes se concentrent. A priori, tomber sur le quatrième du championnat portugais constitue une bonne affaire. Face à une équipe massivement constituée de joueurs bien de là-bas et de son ex colonie sud-américaine, avec du Eduardo, du Bruno Tiago, du Moises, du Joao Pereira, du Jorginho, et en bonus l’ex attaquant du RC Strasbourg Renteria, un pronostic spontané : en étant sérieux, ça devrait passer. Sauf que …
Sauf que Paris digère mal les menus qui tiennent aux corps des Portugais. Se rappeler que ses deux dernières aventures en UEFA ont pris fin en territoire lusitanien. La dernière fois, à l’Estadio de la Luz : une défaite 1-3 en huitième de finale qui rendait inutile le succès de l’aller (2-1). C’était il y a exactement deux ans, en mars 2007. La fois d’avant, Jérôme Leroy, Talal El Karkouri et Martin Cardetti se situaient encore dans l’effectif parisien. En 2003, un petit 1-0 au retour avait suffi au Boavista Porto. Et un Ronaldinho encore svelte n’avait rien pu y changer.
Historiquement et sociologiquement, le PSG a pourtant toujours été “portuguese friendly”. Par l’imposante communauté rouge et verte qui peuple la capitale, sa banlieue et in fine, les tribunes du Parc. Par son meilleur buteur : Pauleta, qui est aussi le goleador maximo de la Selecçao. Et par sa filière de recrutement : deux des piliers des années héroïques, Ricardo et Valdo, régalaient la Luz avant de venir au PSG. Des réussites et un tropisme portugais qui ont aussi accouché de beaux fiascos : cf Marino Helder et Hugo Leal. Pauleta refera passer le balance des échanges dans le vert.
Au vrai, le PSG n’est pas le seul concerné par cette malédiction portugaise en Coupe d’Europe. Depuis bien longtemps, les Français se cassent les dents sur des clubs lusitaniens bien souvent mésestimés. Quand Porto remporta sa Ligue des Champions, il tapa les trois clubs français engagés dans la compétition : Marseille en poules, Lyon en quarts et Monaco en finale. En 2004, face au même Porto et dans la même compétition, le PSG sortit avec un solde positif de sa double-confrontation, mais au final ce sont bien les Portugais qui s’étaient qualifiés. Paris échoua à la dernière place de sa poule.
Malgré leurs échecs répétés, et on n’évoque même pas le Benfica-Om et la main de Vata, les clubs français, s’ils se savent inférieurs aux écuries espagnoles, italiennes ou anglaises, semblent toujours rechigner à considérer le Portugais comme un égal, ou pire, comme un supérieur. Arrogance d’un pays riche sur un pays longtemps très pauvre ? Les bilans des confrontations directes et les palmarès respectifs en coupes européennes ne laissent pourtant que peu de doutes sur le nom de la puissance dominante en matière de ballon. Contre Braga, ça ne devrait donc pas être aussi simple qu’un « pim, pam, poum, but ! »
Thomas Goubin
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