C3 : L’OM à un but d’une vraie révolution orange…
Tout un symbole : l'OM en maillot orange contre le Zénith St-Petersbourg, le club du pouvoir russe, chouchou de Poutine et gavé des pétrodollars de la sinistre Gazprom. Comme la Révolution orange ukrainienne, on aurait souhaité que l'OM aille au bout du truc en s'imposant plus nettement que ce 3-1 au goût d'inachevé. Parce que le récital marseillais a parfois frôlé le grandiose...
82ème minute. Côté gauche, Arshavin dépose l’abruti de Zubar qui le couvrait en dernier défenseur, à 40 mètres des buts marseillais. Si l’Olympien s’était aligné sur ses potes en défense, Arshavin était légèrement off-side…Le Ruskoff met le turbo et échappe à Zubar-le-lourdeau, pénètre aux 16 mètres, fixe, ajuste Mandanda sorti aux 6 mètres, et ouvre pleine lucarne vers le petit filet opposé. 3-1 !
Coup de froid au Vélodrome. Normalisation dans les tribunes, plongées dans le silence jusqu’à la fin du match et glacis soviétique sur la pelouse où l’OM range d’un coup sa pérestroïka et sa glasnost, célébrées dans la joie jusqu’à cette 88ème minute fatale (3-0). Au coup de sifflet final, les joueurs marseillais ont le masque.
Car l’OM aurait dû gagner ce match au moins 6-0. Trois jolis buts ! Echappée dans l’axe de Cissé qui flingue aux 16 mètres Malafeev à ras de terre, sur beau service en profondeur de Taïwo (37ème), puis nouveau flingage, mais de Niang, à 10 mètres et poteau rentrant (48ème) et enfin contre-attaque en une-deux de Cissé et Nasri partis du milieu de terrain avec service en profondeur du minot vers Djib qui flingue à ras de terre en tir croisé aux 16 mètres (55ème).
Sinon, deux têtes sur la barre de Niang en première mi-temps sur centres côté droit de Cheyrou, après fautes sur Valbuena. Le même Cheyrou a raté d’un rien un centre à ras de terre sur débordement côté gauche de Zenden. Un sauvetage hyper spectaculaire de Malafeev qui, d’une manchette en pleine extension, a sauvé un coup de boule puissant de Cissé sur corner. Sinon, quoi d’autre ? Une bonne dizaine de situations de tir ultra favorables à l’entrée ou dans la surface mais mal négociées et puis des remises trop faciles de Cissé, ratées après des une-deux pourtant bien amorcés.
Du grand OM. Peut-être la meilleure équipe française du moment. Le bloc marseillais se pose sur la ligne médiane, ne descend pas plus bas qu’à 30 mètres de ses buts et s’installe dans le camp adverse, impose un pressing démentiel très haut avec la paire Cheyrou-M’Bami aidée par Valbuena et Nasri, écarte sur les côtés en étirant un max la défense adverse (Bonnard-Valbuena à droite et Niang-Taïwo à gauche), joue la profondeur surtout avec Cissé, un peu moins avec Niang. Le tout avec une circulation de balle rapide, courte, faite de redoublements et d’automatismes de plus en plus poussés. Résultat : un Zénith complètement écrabouillé, incapable de sortir de sa moitié de terrain, et contraint à des attaques timides et toujours stéréotypées, faites de passes foireuses dans l’intervalle pour pas grand monde…
Nasri est encore monté en puissance, Cheyrou imite Steven Gerrard en bien, M’Bami joue juste, Valbuena est super dispo et provoque un paquet de coups de pieds arrêtés intéressants, et Cissé n’est plus très loin de ses 100 %. Le groupe vit bien. Il n’y a qu’à voir la joie autour de Gerets après chaque but olympien…
Symbole du renouveau marseillais : Gaël Givet. C’est simple, on ne le voit plus. Et c’est bon signe. Signe qu’il s’est fondu dans sa défense, elle-même parfaitement en place. Rien à voir avec les matches d’avant la trêve où le Gaël sortait de sa zone axiale pour tacler dans le vide sur les côtés ou trop loin de sa ligne à cause du mauvais replacement de ses milieux ou de ses latéraux. A l’image de Givet, l’OM ne court plus dans le vide, se replace comme il faut très rapidement et économise des efforts défensifs en jouant parfaitement le hors-jeu.
Au vu du jeu déployé, même une très bonne équipe de l’OL aurait sans doute perdu hier soir au Vélodrome. “Sans doute”, mais pas “certainement”, à cause du manque de punch, d’endurance et de concentration passée l’heure de jeu. On a d’ailleurs vu à peu près le même scénario contre Auxerre, en L1, samedi dernier, quand Marseille qui menait nettement 2-0 faiblissait en reculant au point de finir sur le score étriqué de 2-1. Dommage.
L’ours russe…L’OM a-t-il vendu la peau de l’ours trop tôt, bien avant de le tuer vraiment ? Non, puisque la qualification semble bien engagée. Reste qu’avec un 3-0, les Olympiens pouvaient voir venir, comme contre le Spartak Moscou.
Le match retour se jouera mercredi prochain, après l’accueil de St-Etienne dimanche au Vélodrome (gros match, bonjour la fatigue !). A St-Petersbourg, programme chargé aussi : météo pourrie, terrain pourri …et mentalité pourrie !
Le Zénith est une équipe agressive (voir les crampons tatoués sur le front de Valbuena), qui prend même des cartons rouges en matches amicaux ! L’OM devra gérer au niveau du mental : à l’image de son coach, le Néerlandais Dick Advocaat, le Zénith est une équipe de “coups”, capable de jouer la pression, la brutalité et la provoc, même et surtout malgré son infériorité technique et tactique.
Villarreal a payé cher pour l’apprendre au tour précédent. Une Bérézina n’est donc pas tout à fait à exclure au retour. Mais en principe, ça devrait passer : après le Spartak en février, l’OM devrait pouvoir se payer une autre vodka-orange…
Chérif Ghemmour
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