C.Ronaldo : Poupée de cire réanimée ?
Superstar de l'inter-saison, Cristiano Ronaldo a dû affronter la défiance suscitée par son transfert plaqué or. Au point de le déstabiliser ? Son début de saison raté a fait émerger la thèse. A moins qu'il ne se soit simplement endormi sur ses lauriers...
Rentré à la 65e minute, Ronaldo s’est échappé sur l’aille droite avant de tromper tranquille pépère l’excellent Carlos Kameni. 0-3 pour le Real, coup de sifflet final, et fin des polémiques sur le prétendu mal-être de la star portugaise. Cristiano a marqué dans le jeu (son premier but l’avait été sur penalty), et par la même, tué la raison d’être de cet article. Sauf que… Sauf que le malaise autour du produit phare de la boutique madrilène ne s’est pas vraiment dissipé par la grâce d’un simple coup de patte primé.
« Peut-être que Cristiano Ronaldo est anxieux, c’est possible. Mais on a disputé deux matches, et il a inscrit deux buts, a déclaré Jorge Valdano, le directeur général du Real, au terme de la rencontre. C’est un joueur à la présence imposante sur la ligne d’attaque, et surtout, il devient irrésistible quand de larges espaces s’offrent à lui, c’est une valeur sûre » . Un peu comme Thierry Henry n’a pas nié sa discussion avec Domenech, tout en réfutant la violence de son contenu, Jorge Valdano n’a pas balayé d’un revers de manche la thèse du malaise, tout en soulignant les signaux positifs envoyés par son joueur. Ronaldo a inscrit deux buts en deux matches et il faudrait s’interroger à son sujet ? C’est en réalité toute sa pré-saison, et un premier match désastreux, qui a alimenté la machine à polémique. Pas concerné, suffisant, voire totalement à l’Ouest, l’éphèbe lusitanien n’a séduit que les adolescentes espagnoles, au moment où les fans attendaient les premières retombées du retour sur investissement. Un investissement pharaonique -94 millions d’euros, faut-il le rappeler- sujet à polémiques dans une Espagne, un monde, en pleine crise. Ronaldo vivrait-il mal les retombées de son nouveau statut de joueur le plus cher du marché ? Se sentirait-il persécuté ? Victime d’un contexte qui le dépasse ? On peine à l’imaginer. Car Ronaldo s’est construit depuis ses plus jeunes années sur la défiance qu’il inspirait. Il n’a jamais craint d’affronter le monde, la tête toujours fièrement relevée sur son cou de taureau. Comment Narcisse ne pourrait se délecter de voir son corps célébré par le Dieu Euro ?
On l’imagine plutôt passer son été à s’admirer dans les miroirs géants qui peuplent son intérieur. Son reflet ? Des lingots d’or en lieu et place de ses pectoraux, un trésor de pirate enfoui sous ses abdominaux, et des pierres précieuses incrustées dans ses globes oculaires. Ronaldo a atteint son Graal, être jalousé et détesté par la Terre entière. Il doit pourtant encore troquer sa toge d’empereur pour enfiler short et crampons. Cela l’ennuierait-il ? La question commençait à faire sens devant ses performances débordantes de suffisance. A force de se oindre d’huile, de gel, et de ne plus considérer ce qui l’entoure, CR9 semblait s’être figé dans le costume inanimé d’une poupée de cire. Éternellement ?
Samedi soir, la poupée portugaise a donné un premier signe de vie. Au moment où Kaka rayonne tant avec sa Seleçao que sous les couleurs madrilènes. Au point de menacer de lui voler la vedette. Au moment où les regards inquisiteurs se tournaient avec encore plus de force vers sa personne. Cristiano se nourrit de l’adversité. Endormi par un transfert qui -le croyait-il- gravait dans le marbre son statut de n°1, la cash machine portugaise se trouverait en phase de réveil. Le véritable point de départ de sa saison ?
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