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Migouel Alfarela : « Quand j'étais avec mon père sur les chantiers, il était triste pour moi »

Propos recueillis par Julien Faure et Quentin Fredon

Il n’y a pas si longtemps, Migouel Alfarela travaillait sur les chantiers avec son père au Havre. À 26 ans, l’attaquant est désormais installé en Ligue 2 avec Bastia, après être passé par Annecy et le Paris FC. Il sait sa chance, rêve plus grand et envisage une reconversion comme... coiffeur.

Migouel Alfarela : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Quand j'étais avec mon père sur les chantiers, il était triste pour moi<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Première question : pourquoi Migouel et pas Miguel ?

Mon père regardait beaucoup le Tour de France et à cause de Miguel Indurain, il a toujours aimé ce prénom. Mais ma mère ne voulait pas m’appeler comme ça et donc elle a ajouté un « o » devant le « u ». C’est comme ça que mon prénom est né.

Comment te décrirais-tu à quelqu’un qui ne te connaît pas ?

Je suis quelqu’un qui ne se cache pas et qui ne lâche rien. Chacun a son chemin, et le mien est différent de beaucoup de personnes, c’est ce qui fait aujourd’hui ma force. Moi, j’ai commencé le foot au HAC, où j’ai joué pendant quinze ans. J’ai vécu de très bonnes années, et à la fin, ils ne m’ont pas proposé de contrat pro. J’ai dû prendre le chemin du travail, pendant six mois. Ensuite, du jour au lendemain, j’ai eu un appel d’un club, Annecy. J’ai mis du temps à me lancer, mais finalement, ça s’est fait naturellement. Après deux ans et demi en National 2 et National 1, j’ai signé à l’été 2021 mon premier contrat pro au Paris FC, puis je suis passé l’année suivante à Bastia où ça se passe plutôt très bien. Autrement dit : si je tombe dix fois, je vais me relever onze fois.

Personnellement, j’aimerais bien jouer en Ligue 1, mais ce n’est pas pressé. C’est dans un coin de ma tête, c’est le rêve de tout gamin.

Est-ce que ton parcours te fait relativiser ton statut de footeux ?

Ça m’a fait prendre conscience de beaucoup de choses. J’ai énormément de chance de faire ce métier et j’espère que je pourrai en profiter le maximum de temps possible. Se comporter comme un vrai professionnel implique beaucoup de sacrifices, mais franchement, j’aime trop ça.

Depuis ton triplé début décembre contre Dunkerque, tu as cumulé 8 buts en 11 matchs. Où comptes-tu t’arrêter ?

Franchement, je ne me fixe pas de limite. Pourquoi pas 10 ? Pourquoi pas plus ? J’espère surtout qu’on va se maintenir, c’est mon premier objectif. Après, personnellement, j’aimerais bien jouer en Ligue 1, mais ce n’est pas pressé. C’est dans un coin de ma tête, c’est le rêve de tout gamin. Ça passera par mes perfs avec Bastia et par le maintien, pour le club et les supporters qui le méritent vraiment.

 

Tu as leur as déjà offert une victoire dans le derby corse cette saison. Quelles sensations ça procure ?

J’adore cet engouement, j’adore qu’il y ait beaucoup de monde dans un stade et, en tant qu’attaquant, j’ai toujours rêvé de faire lever le public. Quand je repense à ce but, j’en ai encore des frissons. Le président et le directeur général m’ont toujours donné leur soutien et leur confiance, même quand c’était difficile. Alors quand tu marques un but comme ça, tu te dis que tu leur as rendu leur confiance.

Avant ton fameux triplé, tu n’avais mis qu’un but sur l’année civile 2023, comment as-tu vécu cette période de disette ?

Depuis que je suis pro, j’ai connu des bonnes et des mauvaises périodes à tous les niveaux. J’ai beaucoup travaillé là-dessus, et ça m’a fait gagner de l’expérience. Mes agents ont mis en place un accompagnement avec un préparateur mental, Martin Duclos. On fait de la visualisation mentale pour mieux situer le but. Sur le terrain, je cherche à ne pas trop penser au but, ni à me dire qu’il faut absolument que je marque, parce que ce n’est pas en y pensant trop qu’on va réussir. Je me suis livré à lui, et ça m’a beaucoup aidé. Maintenant, je sais gérer les moments difficiles.

J’ai participé à la construction d’un gymnase au Havre. Aujourd’hui, ça m’arrive parfois de passer devant, et quand je vois ça, je me dis que je sais d’où je viens.

Il paraît que tu as quitté Paris pour le bien de ta famille. À quel point l’environnement est important ?

On habitait à Orly. C’était proche du centre d’entraînement, mais pour ma famille, ce n’était pas facile de s’adapter. J’ai pris une décision de père de famille et je remercie le PFC d’avoir compris ma situation. Pour moi, la famille, c’est sacré. Il ne faut pas la toucher, c’est ce qui fait ma plus grande force aujourd’hui. J’ai la chance d’avoir une femme en or à mes côtés qui m’a toujours soutenu, depuis le début. J’ai été papa à 19 ans quand j’étais stagiaire au Havre, et ça m’a mis la tête sur les épaules. C’est là que j’ai pris conscience que je n’étais plus un gamin.

Ton père t’avait convaincu de signer à Annecy. Quelle relation as-tu avec lui ?

Il faut savoir que mon père a toujours voulu un fils et qu’il a eu deux filles avant moi. J’étais un peu le chouchou, et c’était un peu « mon fils va faire du foot ». Il m’a mis au ballon. Ça se passait plutôt bien en jeunes, et quand Le Havre ne m’a pas proposé de contrat pro et que j’étais avec lui sur les chantiers, ce n’est pas qu’il était dégoûté, mais il était triste pour moi. Quand j’ai reçu cet appel d’Annecy, il m’a dit : « Vas-y, il faut tenter sa chance jusqu’au bout et on verra bien. » Il a vraiment eu raison de me pousser. C’est aussi grâce à lui que j’en suis là aujourd’hui. Il a fait beaucoup de sacrifices pour moi.

Donc tu as travaillé sur des chantiers avec ton père. Comment ça se passait ?

Mon père bosse chez Bouygues, dans le gros œuvre, et il coule le béton. J’ai participé à la construction d’un gymnase au Havre. Aujourd’hui, ça m’arrive parfois de passer devant et de me dire : « Putain, il y a peut-être pas mon nom dessus, mais c’est quand même beau. » Quand je vois ça, je me dis que je sais d’où je viens.

Quand tu es arrivé à Annecy, ce n’était pas trop dur de raccrocher physiquement ?

Je travaillais avec un préparateur physique, Marc Mendy. J’ai fait de la boxe, du cardio, ça m’a beaucoup servi et ça m’a créé un gros mental de laisser le ballon de côté et de faire un autre sport. Dans la vie, il faut savoir encaisser les coups, relever la tête et en donner aussi. C’est ce qui a fait ma force.

Tu y as toujours cru, à ce retour dans le foot ?

Franchement, non. C’est plus grâce à Marc Mendy que j’y croyais parce qu’il ne voit la vie que du bon côté et il ne donne que des bonnes ondes. Parfois, il m’envoyait des messages et quand je ne répondais pas, il venait en bas de chez moi pour que j’aille à la salle. C’était un peu ma source de motivation. Je me levais à 5h pour commencer à 6h, j’y allais à pied, à 25 minutes de chez moi, je me disais : « Mais qu’est-ce que je fais, c’est pas ma place, c’est pas ça que je veux faire toute ma vie. » Je suis passé par des moments très très compliqués, mais je me dis, parce que je suis croyant, que Dieu a un plan pour tout le monde et que tout est déjà écrit.

 

À seulement 26 ans, tu as côtoyé pas mal de vieux briscards chez les attaquants : Nassim Akrour, Anthony Le Tallec, maintenant Lilian Laslandes comme coach. Tu te sers de leur expérience ?

Je suis limite obligé. Quand ils me parlent de ce qu’ils ont fait, je suis comme un gosse. Moi, je n’ai encore rien fait. J’écoute tous leurs conseils. Ce ne sont pas les mêmes générations. Laslandes est plus âgé, Akrour quand je l’ai connu, il venait d’arriver à Annecy, il m’a pris un peu sous son aile. Le Tallec, je le connaissais déjà bien avant, et on se parle encore régulièrement aujourd’hui. Ils m’ont tous donné beaucoup de conseils, et je les remercie.

Il y a une raison derrière ton numéro 10 ?

Ce n’est pas parce que j’aime particulièrement ce numéro. Je l’ai pris parce que c’est le jour de naissance de ma mère. Au PFC, j’avais le numéro 25 parce que c’est la date de naissance de mon fils. Il n’y avait plus le 25 ici et j’ai dû prendre le 27 qui ne correspond à rien. Quand Sébastien Salles-Lamonge, qui portait le 10, est parti, j’ai voulu le prendre parce que ma mère a contribué à ma réussite. Elle a fait beaucoup de sacrifices pour m’emmener petit en bus pour m’entraîner, donc j’ai voulu lui rendre un hommage.

Tu as ressenti quoi quand tu as vu Annecy monter en Ligue 2 et Le Havre en Ligue 1 ?

J’étais content pour eux. Si je suis là où j’en suis, c’est grâce à Annecy, c’est un club familial. Je me suis bien entendu avec tout le monde et je n’ai aucun regret d’être passé là-bas. Concernant Le Havre, il ne faut pas oublier que c’est ma ville natale, mon club de cœur parce que j’ai toujours habité là-bas. Je suis très content qu’ils soient montés, je pense que c’est la place du club et j’espère qu’ils vont se maintenir cette année.

Si je dois couper des cheveux à la fin de ma carrière, je le ferai. Je ne suis pas quelqu’un qui a peur d’aller travailler.

Migouel Alfarela

Est-ce que tu as déjà un plan pour ton après-carrière ? Tu pourrais retourner travailler comme tu le faisais à Gonfreville ?

Je continuais de travailler en N3 avec Gonfreville parce qu’il fallait que je continue de ramener à manger à la maison, pour ma femme et mon enfant. La reconversion, ce n’est pas une question que je me pose. Je ne pense pas que je veuille être coach, peut-être plus agent. Sinon ce que j’aime bien, c’est couper les cheveux. Si je dois couper des cheveux à la fin de ma carrière, je le ferai. Je ne suis pas quelqu’un qui a peur d’aller travailler.

Maintenant que tu habites sur les bords de la Méditerranée, tu es toujours convaincu que l’eau de la Manche est bonne ?

Non, elle n’est pas bonne du tout ! On ne croirait pas, mais à Bastia, il fait beau toute l’année, il ne pleut quasiment jamais, donc on s’habitue vite. Quand je rentre en Normandie, je me les caille.

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