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Baines, la gauche discrète

Par Romain Duchâteau
Baines, la gauche discrète

Reconnu comme l'une des plus belles pattes gauches du Royaume, Leighton Baines a embrassé une carrière de joueur honnête, qui l'a emmené à Wigan puis Everton depuis 2007. Mais le latéral anglais avait clairement de quoi prétendre à plus. À l'heure de retrouver Manchester United, un club qui lui a assidûment fait la cour ces dernières saisons, il est temps de savoir pourquoi. Entre rouflaquettes, discrétion et manque d'assurance.

À Liverpool plus qu’ailleurs, l’histoire ne laisse aucune place aux indécis. Se draper de bleu ou de rouge, tel est le devoir de chaque gamin féru de ballon rond. Leighton Baines le sait mieux que quiconque, lui l’enfant de Kirkby, quartier ouvrier et peu fréquentable dans le Merseyside : « Lorsque vous venez de Liverpool, c’est soit Liverpool ou Everton, l’un et pas l’autre. Vous en choisissez un, mais pas les deux, ce n’est pas possible » , jurait-il catégoriquement en 2011. Ironique, pourtant, quand on sait que l’Anglais a lui-même hésité, tout jeune, avant de choisir et d’épouser le club de cœur. Élevé au son du You’ll never walk alone par un père dingue des Reds, Baines se prend d’abord à imiter l’idole Robbie Fowler. Sans avoir, toutefois, cette flamme si particulière. Puis vient la finale de FA Cup, en 1995, entre Everton et Manchester United. À quatorze piges, il assiste enchanté avec son cousin au succès des Toffees à Wembley. Dès lors, les posters de Fowler laissent place à une autre icône de la Mersey, un certain Duncan Ferguson. Presque vingt ans plus tard, l’enfant de Liverpool a troqué sa tenue de supporter pour celle de joueur. Sous contrat jusqu’en 2019, il est devenu un pur Evertonian, en plus d’être reconnu comme une valeur sûre outre-Manche. Mais si les louanges ne cessent de pleuvoir à son sujet aujourd’hui, la trajectoire du bonhomme a longtemps été escortée de doutes.

Essais infructueux et manque de confiance en soi

Parce que depuis ses premiers émois avec le cuir, le bambin a dû toujours cohabiter avec un cruel manque de confiance en soi. Presque maladif. Et cela dès l’école primaire. « J’étais trop gêné pour jouer, se souvenait-il en 2006.Jouer à l’école n’était pas un problème car je connaissais tout le monde. Mais quand arrivait dimanche et qu’il y avait tous ces autres enfants que je ne connaissais pas, je me repliais sur moi-même. » Un sentiment qui ne va faire que s’accentuer lors des débuts de sa carrière professionnelle. Passé par les centres de formation de Liverpool et Everton, le jeune Leighton essuie deux échecs successifs et n’est pas retenu : « On m’a dit que je n’étais pas assez bon. Ça a été un véritable coup de massue » , dira-t-il plus tard, estourbi. Par chance, Sid Benson, l’un des scouts des Toffees qui a découvert Ross Barkley récemment, glisse son nom aux dirigeants de Wigan. Le commencement d’une jolie aventure, à dix-sept ans, en Football League Second Division (D3 anglaise à l’époque). D’abord effacé, « Bainesy » comme le surnommaient ses coéquipiers, prend du galon avec les Latics de Paul Jewell au fil des saisons. Au point de devenir une pierre angulaire ainsi qu’un acteur majeur des promotions successives du club. « Il fait partie des joueurs qui m’ont marqué durant ma carrière, se remémore Henri Camara, ex-international sénégalais qui l’a connu deux saisons à Wigan (2005-2007). À l’époque, il était jeune, à peine vingt ans. Mais on pouvait déjà voir qu’il possédait un pied gauche extraordinaire. Je me souviens qu’il m’a permis d’inscrire quelques buts. » Pourtant, le latéral peine toujours à se départir de son manque d’assurance. En témoigne cette déclaration saisissante il y a quelques années : « Nous étions promus en Premier League et, tout de suite, je pensais : « Où vais-je aller maintenant ? » J’aurais dû fêter cela, mais j’ai passé une grande partie de l’été à me soucier de la saison prochaine, si j’allais finir sur le banc et ou en réserve. » Sauf que l’accession dans l’élite marque un tournant dans sa carrière. Baines se révèle aux yeux de tous puis l’évidence apparaît : le bougre mérite mieux que Wigan. Et la destination était déjà toute trouvée, comme le confesse Camara : « C’était le type de joueur dont tu savais pertinemment qu’il allait rejoindre un club plus huppé par la suite. Je me rappelle, lorsqu’on discutait tous les deux, il me disait souvent : « J’ai envie de jouer pour Everton. »Parce que c’était son équipe de rêve et il s’est battu pour aller là-bas… »

Everton, Home, Sweet Home

Snobant Sunderland pour les Toffees en 2007, Baines débarque à Goodison Park sur la pointe des pieds. Tout reste à faire. À prouver, aussi. « Le club cherchait un arrière gauche, pas forcément pour un poste de titulaire, mais pour renforcer l’effectif. Ça ne s’était pas très bien passé pour lui durant sa première année, il n’a pas beaucoup joué. Il y avait Lescott qui jouait arrière gauche, Joseph Yobo aussi. Et on se posait déjà des questions quant à son avenir » , rappelle Ric George, journaliste britannique qui connaît bien Everton et consultant Premier League pour Canal +. Il faut attendre sa deuxième saison ainsi qu’une blessure de Yobo et le replacement de Lescott dans l’axe pour assister à son envol… qui sera définitif. Sous la férule de David Moyes, celui qui a débuté comme ailier gomme ses lacunes défensives. Pour devenir la pointure qu’il est désormais. « Il a explosé dans son couloir grâce notamment à son entente avec Pienaar. C’est un défenseur solide, très costaud dans sa tête, physiquement toujours affûté, explique Louis Saha, son ancien compère durant trois ans et demi (2008-2012), en pleine reconversion. Il a des qualités offensives évidentes : il monte généralement haut, est un formidable tireur de coup de pied arrêté, a une moyenne de cinq, six buts par saison. C’est vachement intéressant pour un manager d’avoir un latéral avec un tel profil. » Des qualités également saluées à l’unanimité en Angleterre. Deux fois dans l’équipe type de l’année en Premier League et élu à deux reprises comme Player of the season par son club, le gosse désarçonné à laisser place à un homme aux certitudes inébranlables. Et c’est, sans doute, ce qui a rapidement séduit Robert Martinez. Tellement que le manager espagnol voudrait en faire son Philipp Lahm à Everton, le joueur le plus « intelligent » rencontré par Pep Guardiola. Excusez du peu. « J’ai toujours pensé que Leighton pouvait se développer dans le même rôle que Lahm, il en a le profil, clamait-il en avril dernier. Dans les saisons à venir, il pourrait avoir ce même rôle au milieu de terrain. Je l’ai emmené au stade pour observer Lahm plutôt que de le regarder à la télévision parce qu’à la télé, vous ne voyez que le joueur avec le ballon et non sans. Je ne dis pas qu’il est prêt pour cela maintenant, mais je pense qu’il est important pour lui de savoir cela au fond de son esprit. Je suis convaincu qu’il peut relever ce nouveau défi. »

Discrétion et pop-music

Alors pourquoi, en dépit d’une réputation flatteuse, « Bainesy » n’a-t-il jamais franchi le pas vers un club aux desseins plus vertigineux ? Peut-être parce qu’il ne s’est jamais résolu à quitter Liverpool, lui qui a « toujours trouvé difficile d’être loin de chez (lui) » . Sans doute, aussi, par manque d’ambition, selon Saha. « Pour avoir discuté avec lui lors de la période où Manchester United le courtisait avec insistance, il m’a clairement confié qu’il aurait aimé partir là-bas. Mais c’est juste que cela ne s’est pas fait. Est-ce qu’il a manqué d’ambition ? Certainement, oui. Mais peut-être aussi qu’il n’était pas prêt à bouger dans sa tête. » Et l’ex-international tricolore de mettre en avant la personnalité de l’Anglais : « Si j’avais une critique à faire, c’est qu’il est plus effacé que certains. On ne voit pas souvent son nom dans les médias et c’est peut-être ce qu’il l’a desservi dans sa carrière, que ce soit en sélection nationale ou en club. Je pense qu’il a eu des répercussions par rapport à son image, du fait qu’il soit très calme, très discret. Dans une situation où tu reçois des offres, certains joueurs n’auraient sans doute pas été aussi fidèles, auraient créé la polémique et soumis une transfer request. Mais, lui, non. C’est un gars très professionnel, qui respecte son contrat et l’institution. »

Discret, le Toffee l’a toujours été. Sur et en dehors des rectangles verts. « C’est l’anti-footballeur. Il n’a jamais fait la Une des magazines people pour des conneries, argumente Ric George. Pour lui, le football, c’est un métier, une passion, mais ce n’est pas tout dans la vie. Il aime le théâtre, adore la musique, mais pas la musique que les autres joueurs ont l’habitude d’écouter. » Dans l’Ipod de Baines, vous ne trouverez pas de hip-hop ni de R’n’B. Mais plutôt des titres de Pink Floyd, The Last Shadow Puppets ou encore Bob Dylan. Amateur de guitare, il a plusieurs fois embarqué son instrument lors de déplacements de son équipe et a même tenu un blog de musique sur le site officiel d’Everton. Cette singularité, le latéral va même la cultiver jusqu’au look vestimentaire avec ses éternelles rouflaquettes façon sixties. « Je l’appelais François parce qu’il était justement toujours un peu habillé à la française. Limite, il lui manquait la baguette de pain et le béret (rires). Il avait toujours cette classe démarquée, façon John Lennon des Beatles. Il avait vraiment ce côté-là » , s’amuse encore aujourd’hui P’tit Louis. Et là où pléthore de joueurs restent dans le milieu du ballon rond à la fin de leur carrière (consultants, dirigeants ou entraîneurs), « Bainesy » , lui, s’imagine déjà une nouvelle vie. Loin du football. « Quand j’aurais fini ma carrière, je voudrais faire quelque chose d’autre, s’épanchait-il récemment au Daily Mail. Je voudrais juste essayer un nouveau monde, avec des gens différents, connaître différentes expériences. J’ai toujours pensé à la prochaine étape. » C’est certain, Leighton Baines ne doute désormais plus.

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