S’abonner au mag
  • Rétro
  • Marcelo Bielsa au Mexique
  • Partie 1

« Avec Marcelo Bielsa, c’était 72 centres par séance ! »

Par Thomas Goubin, à Guadalajara
«<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Avec Marcelo Bielsa, c&rsquo;était 72 centres par séance !<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Après avoir triomphé en Argentine avec son cher Newell's Old Boys, Marcelo Bielsa va tenter l'aventure mexicaine. De 1992 à 1996, il stationne en pays aztèque, dans un premier temps à l'Atlas Guadalajara, avant de rejoindre l'America. Retour sur les années mexicaines d'El Loco en compagnie de ceux qui l'ont fréquenté.

« Si le préparateur physique n’intervenait pas, Bielsa continuait ces séances jusqu’à plus soif. » Pavel Pardo, champion d’Allemagne en 2007 avec le VfB Stuttgart et alors jeune produit du centre de formation de l’Atlas, a goûté à la méthode Bielsa. Raul « El Potro » Gutierrez aussi, à l’America Mexico. « Jamais je n’avais connu des séances aussi intenses, on terminait complètement rincés » indique Gutierrez, qui a remporté la Coupe du monde moins de 17 à l’été 2011 en tant qu’entraîneur du Mexique.

A l’été 1992, Marcelo Bielsa vient tout juste d’être sacré champion d’Argentine avec les Newell’s Old Boys et d’atteindre la finale de la Libertadores quand il accepte l’offre de l’Atlas Guadalajara. Après visite des installations du club, il refuse d’entraîner l’équipe première, mais accepte de prendre en charge son centre de formation, l’un des meilleurs du pays piquante. « Le contrat proposé était équivalent à celui d’un entraîneur » précise Enrique Aceves, dirigeant du club mexicain. Dès son arrivée au sein de l’institution rojinegra, Bielsa va mettre en place un réseau de recruteurs, chargé de quadriller le pays, pour rabattre les meilleurs promesses vers l’Atlas. L’autre pilier de son oeuvre consiste à former les formateurs, en leur enseignant un imposant catalogue d’exercices. « Il s’inspirait de situations de matches du championnat anglais, italien, ou espagnol, pour créer de nouveaux exercices, assure Ernesto Urrea, dirigeant de l’Atlas et proche du coach argentin lors de ses années passées à Guadalajara. Le cerveau de Marcelo tient du laboratoire scientifique » .

Deux positions sinon rien

Quand Bielsa débarque à Guadalajara, Pavel Pardo a 16 ans, et évolue en troisième division. Le coach argentin décide de l’inclure dans un groupe formé des meilleurs de chaque catégorie non professionnelle, qu’il entraîne quatre à cinq jours par semaine. « Moi, j’étais milieu de terrain, indique Pardo, mais Bielsa m’a positionné comme latéral droit, car pour lui, un bon joueur doit être capable d’occuper au moins deux postes. » Pour faire progresser ses poulains, l’obsessionnel coach argentin ne se lasse pas de leur faire répéter leurs gammes. Jared Borgetti, qui deviendra le meilleur buteur de l’histoire de la sélection mexicaine, doit ainsi frapper quotidiennement 200 ballons de la tête. « Moi, comme j’étais latéral, mais aussi un tireur de coup de pied arrêté, je devais réaliser 72 centres par séance, détaille Pardo, les ballons étaient disposés par deux dans divers zones autour de la surface. » « C’est un entraîneur mécanique » synthétise Raul Guttierez.

A Guadalajara, Bielsa avait débarqué accompagné de son compatriote Mario Zanabria, chargé de diriger l’équipe première. Au terme de la première saison, Zanabria quitte cependant le navire pour rejoindre les Equatoriens d’Emelec. Les dirigeants de l’Atlas proposent alors à Bielsa de revenir se torturer au bord de la ligne de touche, ce qu’il accepte. A la tête de l’équipe première, El Loco ne tarde pas à récolter le fruit du travail entamé au sein du centre de formation. Avec une équipe composée pour moitié de joueurs de moins de 22 ans, les Rojinegros passent de la deuxième partie du tableau à la première. Pour leur première saison au sein de l’élite, Pardo, Borgetti, et consorts, déjà imprégnés des préceptes de Bielsa, gravissent l’échelon sans peine. Pour El Loco, le talent n’attend pas les années. Lors de sa première saison à la tête de Newell’s Old Boys, l’entraîneur argentin s’était appuyé sur une charnière centrale Gamboa-Pochettino de 19 ans de moyenne d’âge, et avait remporté le championnat.

Avec l’Atlas, Bielsa sent, en revanche, que la qualité manque encore pour que le club s’adjuge son premier titre depuis 1951. Il préférerait retourner s’occuper du centre de formation, mais la direction le contraint à rester à la tête de l’équipe première. « Lors de cette saison 93-94, il n’a cessé de présenter sa démission, explique Ernesto Urrea, dirigeant de l’Atlas de l’époque, le président a fini par l’accepter au printemps, et Marcelo s’est engagé dans la foulée avec l’America » . Les bénéfices de l’oeuvre de restructuration de Bielsa, les Rojinegros les ressentent encore aujourd’hui. « Pour lui, le joueur mexicain avait la capacité de s’imposer au niveau international, assure Urrea, et Marcelo mettait dans la tête des jeunes qu’ils pouvaient réussir en Europe. » Parmi eux, se trouve Rafa Marquez, qui partira pour Monaco à 19 ans, après avoir atteint la finale du championnat mexicain, en 1999. Andrès Guardado l’imitera quelques années plus tard. Plus modestement, jusqu’il y a peu, chaque club de l’élite mexicaine disposait dans son effectif d’un joueur formé à l’Atlas …

A lire : La deuxième partie

Par Thomas Goubin, à Guadalajara

Articles en tendances

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine