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ACTU MERCATO

Au-delà du mercato : qu’est-ce que Al-Ettifaq ?

Par Amaury Gonçalves

Les sommes délirantes investies par l’Arabie saoudite dans le football lui permettent de mettre en avant ses principales villes que sont Riyad et Djeddah. Destiné à servir le projet Vision 2030 et sa stratégie de sport-washing, cet argent est aussi injecté dans des clubs de régions périphériques telles que l’Ach-Charqiya, province orientale du pays. On y trouve Al-Ettifaq, auquel est consacré le troisième épisode de notre série sur l’histoire des clubs saoudiens.

Au-delà du mercato : qu’est-ce que Al-Ettifaq ?

L’ADN : l’ombre nostalgique des Chevaliers invincibles d’Ad-Dahna

Plus proche du Bahreïn et du Qatar que de la capitale de son propre pays, la ville de Dammam vit de son port et des puits de pétrole qui l’entourent. Les fans de football qui y vivent, eux, vibrent pour Al-Ettifaq. Signifiant « L’Accord », ce nom tire ses origines d’une décision commune de trois petites équipes locales. Au bord du Golfe persique, elles décident en 1945 de se regrouper sous une même bannière vert et rouge. Si le club de Dammam reste très longtemps dans l’ombre de ceux de Riyad et Djeddah, il entre puis se maintient sur le devant de la scène tout au long des années 1980, décennie pendant laquelle les Chevaliers d’Ad-Dahna remportent les deux seuls titres de champion de leur histoire. En 1983, ils sont même les premiers à être sacrés champions sans avoir concédé la moindre défaite. Mais après un nouveau titre en 1987 et malgré quelques coupes venues garnir leur palmarès, ils sombrent sportivement jusqu’à une éphémère période en deuxième division entre 2014 et 2016.

En somme, Al-Ettifaq devient après 1987 une équipe de milieu de tableau, luttant souvent pour le maintien, jouant parfois les trouble-fêtes en tête de classement. Ce qui fait d’Al-Ettifaq un club à part, c’est aujourd’hui son empreinte locale. Avec Al-Fateh, il s’agit du seul club à avoir été champion sans être basé ni à Riyad, ni à Djeddah, présentant là un motif de fierté immense pour les habitants de Dammam et plus globalement ceux de la province orientale. La baisse de compétitivité du club lui a certes fait perdre de nombreux adeptes, mais les Chevaliers d’Ad-Dahna sont restés proches des leurs en s’investissant dans la communauté locale par des dons réguliers auprès d’écoles ou d’hôpitaux de la province.


Côté ville : l’Ach-Charqiya, ses millions et ses religions

Bien que la plupart des clubs saoudiens restent majoritairement financés par le ministère des Sports, certains bénéficient d’une aide plus poussée. C’est le cas d’Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Ahli, tous transformés en sociétés rachetées par le PIF début juin. Pour répondre à cette inégalité, les clubs de l’Ach-Charqiya – comprenant Al-Ettifaq – misent aujourd’hui sur les centaines de puits pétroliers tapissant leurs déserts, et sur les sociétés qui les exploitent. Al-Qadisiya, rival régional d’Al-Ettifaq basé à Khobar, a été le premier club à bénéficier de ces ressources après avoir été racheté par Aramco, la plus grande compagnie pétrolière du monde. Du côté d’Al-Ettifaq, on compte sur un passage sous pavillon SABIC, une multinationale de la pétrochimie appartenant elle aussi à Aramco. Un tel investissement permettrait aux Chevaliers d’Ad-Dahna de lutter à armes égales avec les géants de Riyad et de Djeddah. Très riche en hydrocarbures, l’Ach-Charqiya l’est aussi religieusement puisqu’il s’agit de l’une des provinces de ce royaume sunnite où l’on trouve une minorité importante de musulmans chiites. Mais cette différence, qui peut être sujette à frictions à Dammam ou à Khobar, est vite oubliée une fois les portes du stade Mohammed ben Fahd passées.


Héros d’antan : les différentes casquettes de coach Khalil

Né à Dammam presque en même temps qu’Al-Ettifaq, Khalil Al-Zayani est dès son plus jeune âge supporter des Chevaliers d’Ad-Dahna. Plus tard, ses talents avec le ballon rond lui permettent d’être intégré à l’équipe où il joue pendant plus de dix ans. Avant de raccrocher les crampons en 1973, il aide le club à remporter une Coupe d’Arabie saoudite et une Coupe du Roi. Après s’être formé comme tacticien, il devient l’entraîneur du club de Dammam en 1976 et le mène jusqu’à son premier titre de champion en 1983 grâce à un jeu solide et plaisant. Cette prouesse historique lui ouvre les portes de la sélection saoudienne où le « faiseur de joie » devient le premier technicien local. Après un retour aux commandes d’Al-Ettifaq à qui il fait remporter un second championnat grâce à des joueurs mythiques comme Saleh Khalifa, coach Khalil s’écarte peu à peu du terrain, mais pas d’Al-Ettifaq, dont il devient vice-président.


L’avis de Faris, employé d’Aramco

« À vrai dire, je ne crois pas à un investissement d’Aramco à Al-Ettifaq, mais ce n’est pas impossible de voir d’autres multinationales de la province orientale s’y intéresser. Ce serait une bonne chose pour le club, qui a déjà une sérieuse expérience administrative et qui est très bien géré par sa direction depuis des années. Tout ce qui lui manque, c’est un investissement solide, qui puisse lui permettre de rivaliser avec les quatre clubs détenus par le PIF. »


Quelle équipe pour Al-Ettifaq en 2023-2024 ?

Au début du mois de juillet, l’arrivée de Steven Gerrard comme entraîneur d’Al-Ettifaq a été fêtée comme un réel évènement partout dans l’Ach-Charqiya. Bien que la légende des Reds ait mis en avant « l’atmosphère familiale » et « le projet » du club comme raisons l’ayant poussé à le rejoindre, le juteux contrat qu’il a signé ne doit pas être pour lui déplaire. Et d’autres joueurs ayant porté les couleurs de Liverpool pourraient en profiter, puisque Gerrard semble déterminé à emmener dans ses valises des joueurs tels que Jordan Henderson, Philippe Coutinho, Raheem Sterling, Sadio Mané ou Divock Origi. L’ancien entraîneur des Rangers souhaiterait surtout obtenir un joueur de percussion sur les côtés, puisqu’Al-Ettifaq a aussi engagé des négociations avec Saint-Maximin, Zaha et Aubameyang. À Dammam, ils côtoieraient l’international congolais Marcel Tisserand et l’avant-centre suédois Robin Qaison.

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