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À quoi ressemblerait PSG-Rennes en 2020 sans les Qataris ?

Par Clément Gavard, avec Julien Duez
À quoi ressemblerait PSG-Rennes en 2020 sans les Qataris ?

Il y a dix ans, le dernier PSG-Rennes joué au Parc des Princes avant l'arrivée des Qataris accouchait d'un triste 0-0. Oui, mais dans un monde parallèle, le club de la capitale n'a jamais été racheté par QSI, et la rencontre de ce samedi soir entre Paris et le Stade rennais est tout sauf une affiche entre deux équipes installées sur le podium. Fiction.

Dix bus, c’est le contingent annoncé par le Roazhon Celtic Kop pour ce déplacement du Stade rennais à Paris. Comme d’habitude, dirons-nous, sauf que les supporters du club quinquagénaire font déjà la moue à l’idée de voir des aficionados bretons – et autres footix opportunistes, selon eux – porter les couleurs rouge et noir en latérales, faute d’avoir pu se procurer un précieux sésame pour le parcage de l’enceinte ouverte aux quatre vents de la porte de Gentilly. Sportivement, le résultat est presque déjà connu d’avance. Depuis son rachat par Salma Hayek en 2011, jamais le Paris Saint-Grégoire n’a réussi à s’imposer contre l’ogre d’Ille-et-Vilaine. Pire encore : en dix-huit rencontres, les Parisiens n’ont trouvé le chemin des filets qu’à cinq reprises (avec notamment trois buts de Jimmy Briand).

Pour les hommes de Sylvain Armand, la tâche s’avère donc titanesque. « Ce ne sera pas facile, on le sait, a confirmé le capitaine parisien Benjamin Nivet, arrivé l’été dernier dans la capitale pour se rapprocher de sa famille qui réside en Eure-et-Loir. Mais on a à cœur de montrer ce que l’on vaut face à cette grande équipe. Pour nous, c’est comme jouer la Ligue des champions le temps d’une soirée, il faut en profiter et tout donner. » Pour les derniers fidèles du PSG, cette rencontre garde surtout le même goût particulier, année après année, depuis que les pontes du SRFC ont fait basculer le destin d’un club qui était pourtant voué à tutoyer les sommets. Récit d’une drôle d’histoire qui a changé la face du football français.

Imbroglio, Hayek Human Holding et Charléty

Mai 2011. Entre deux nouvelles informations autour de l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New York, le Paris Saint-Germain fait parler de lui. Le club de la capitale sort d’une belle saison avec une quatrième place en championnat, mais ce n’est pas ce qui intéresse les médias. Non, le gros feuilleton, c’est l’imbroglio autour du possible rachat du PSG par QSI, un fonds d’investissement qatari. Les rumeurs fusent, les négociations durent, et tout finit par capoter pendant l’été après un coup de colère du prince héritier Tamin ben Hamad Al Thani. Panique à Paris, qui repart pour une nouvelle saison avec Colony Capital, bien décidé à céder ses parts malgré ce couac monumental. Le mercato n’a rien de sexy, Apoula Edel est finalement reconduit dans les cages parisiennes, et l’équipe dirigée par Antoine Kombouaré flirte avec la zone rouge dès les premiers mois de compétition. En coulisses, un nouveau plan de rachat se prépare : surprise, c’est la famille Pinault, propriétaire du Stade rennais depuis plus d’une décennie, qui est à la manœuvre. « Nous voulons rendre à l’Île-de-France ce qu’elle nous a donné », glisse même François Pinault à son entourage, même si tout le monde sait que le milliardaire breton désire surtout enquiquiner Nicolas Sarkozy, en pleine campagne électorale pour prendre sa propre succession.

Il faut finalement attendre décembre 2011 pour que le rachat soit finalisé. Quelques jours avant Noël, Salma Hayek reprend le club de la capitale par le biais de sa toute nouvelle compagnie, la Hayek Human Holding (les fameux trois H). Résultat : Kombouaré est limogé dans la foulée, Guy Lacombe fait son retour sur le banc parisien en janvier et Dimitri Payet débarque au mercato hivernal dans son « club de cœur ». À Paris, c’est le début d’une nouvelle ère qui enclenchera de nombreux changements dans les années suivantes, poussant les amoureux du PSG historique à se désintéresser de cette nouvelle version du club de la capitale. En juin 2013, le club change de nom et devient le Paris Saint-Grégoire en hommage à cette commune de l’agglomération rennaise. Deux ans plus tard, le PSG quitte le Parc des Princes, son enceinte historique, pour aller s’installer au stade Charléty. Une « histoire de gros sous », selon la presse locale. Pire encore, les dirigeants valident le rouge et vert comme les nouvelles couleurs du PSG afin de lui donner « un côté mexicain ». La goutte de trop pour les supporters parisiens préférant se tourner vers l’Entente Sannois Saint-Gratien pour continuer à vivre leur passion loin d’un club qui ne ressemble plus à celui qu’ils ont connu.

Destins croisés

Oui, mais la vie continue dans le championnat de France. Et les dynamiques changent lors de cette décennie 2010 pendant laquelle le Paris Saint-Grégoire ressemble plus à une succursale du Stade rennais qu’autre chose. Pendant que Montpellier, sacré champion en 2012, a vu QSI devenir actionnaire principal après une opération séduction intense auprès de Loulou Nicollin, les Rouge et Noir ont également changé de dimension à coups d’investissements massifs pour faire en sorte de rivaliser avec le cador héraultais, septuple champion de France, toujours porté aujourd’hui par l’immense Olivier Giroud (344 buts au MHSC). Avec trois Coupes de France, une Coupe de la Ligue et plusieurs participations en Ligue des champions, le Stade rennais a déchiré cette étiquette de loser pour devenir un candidat sérieux au podium chaque année. De quoi faire déprimer les supporters du Paris Saint-Grégoire, habitués à voir leur club lutter pour sa survie dans l’élite chaque année depuis le début de l’ère Hayek.

Reste que ce soir, ce n’est pas une rencontre comme une autre qui attend la bande de Sylvain Armand, nommé entraîneur l’été dernier pour succéder au retraité Guy Lacombe. Si les barbecues hebdomadaires organisés au Camp des Loges (le dernier vestige de l’ancien PSG) ont permis à une équipe parisienne emmenée par son duo de buteurs Jordan Siebatcheu-Diafra Sakho de gagner en cohésion pour bien commencer cette saison 2020-2021, les dernières semaines ont rappelé au club de la capitale qu’il n’était pas vraiment armé pour envisager une qualification européenne au printemps. Présent en conférence de presse à la veille des retrouvailles avec Rennes, Ludovic Baal a assuré que les Parisiens n’avaient pas l’intention d’être « des sparring-partners permettant à Rennes de préparer ses grandes échéances européennes ». Un discours de façade pour les derniers fidèles de Charléty, lassés de voir les indésirables Rennais envoyés à Paris pendant que les pépites franciliennes finissent toutes par poser leurs valises au SRFC.

À Charléty, Rennes devra se passer de Kylian Mbappé – le frère adoptif de Jirès Kembo-Ekoko avait choisi le Stade rennais plutôt que Monaco en 2013 pour poursuivre sa formation –, mais pourra compter sur Presnel Kimpembe, Adrien Rabiot, Kingsley Coman et surtout Karim Benzema, encore appelé par Didier Deschamps pour le prochain rassemblement en équipe de France malgré ses 2250 minutes passées sans marquer sous le maillot tricolore. Pas de quoi baisser le niveau d’exigence du talentueux Julien Cloushomme, l’entraîneur français à la mode posé sur le banc de Rennes depuis 2018, qui a rappelé en conférence de presse qu’il s’attendait à un succès facile de son équipe. Vendredi soir, les traditionnelles banderoles contestataires, pour ne pas dire violentes, des supporters parisiens ont fleuri sur le boulevard Kellerman, comme pour rappeler que le séduisant PSG de Nenê, Jallet ou Hoarau n’était plus qu’un lointain souvenir.

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Ceci est évidemment une fiction.

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