A quoi joues-tu Djibril Cissé ?
Comme un vulgaire pré-retraité, Djibril Cissé s'est engagé avec le Panathinaikos hier. Devenu indésirable à la Commanderie, conspué au Vélodrome, le buteur peroxydé est venu s'offrir un peu de popularité en Grèce, quitte à se saborder sportivement.
« J’ai choisi le Panathinaikos, parce que là-bas, j’ai la garantie de jouer la Ligue des Champions » . On se rassure comme on peut. Djibril Cissé ne voulait plus entendre parler de Marseille, et c’était réciproque. « C’est une bonne opération pour le Pana, l’OM et pour le joueur » , analyse Rolland Courbis. De peur de devoir porter le maillot olympien la saison prochaine, l’ancien Auxerrois a donc sauté sur la première occasion pour partir, sans même se donner le temps de trouver un club plus huppé. Le Français voulait se caser au plus vite, de préférence en Premier League. Le voilà parachuté en Superleague Ellàda.
On ne va pas se mentir, signer en Grèce à 27 ans, ça ressemble fortement à du gâchis. Techniquement, Cissé est très limité, on le sait. Son intelligence de jeu frise également le néant. Mais la force du bonhomme est mentale. Il est tout simplement exceptionnel de voir un mec qui s’est cassé les deux jambes évoluer à un tel niveau. Sa saison avec les Black Cats de Sunderland fut loin d’être décevante, statistiquement parlant, notamment pour un joueur arrivé en cours de saison dans un club qui s’est longtemps battu pour éviter la relégation.
Alors, Cissé a-t-il fait une erreur en donnant son accord au Pana, lui qui a largement le potentiel pour évoluer dans n’importe quel club de Ligue 1 et dans une bonne moitié des escouades de Premier League ? Tout dépend, évidemment, de ce que le Français est venu chercher à Athènes. Le challenge sportif qui se résume à devoir devancer l’Olympiakos en fin de saison n’est pas très bandant, loin de là. Le Français n’a donc pas fait un choix de carrière, il a fait un choix de vie. Au Pana, le pote de Matt Pokora touchera 2,5 millions d’euros par saison pour un contrat d’une durée de quatre ans. Il est aussi venu chercher un statut qu’il n’incarnait plus depuis longtemps en Europe occidentale. Celui d’une icône, adulée par la foule qui voit en lui un équivalent de Poséidon. Le Djib a déjà pu jouer à la rock star à l’aéroport. Accueilli par 3000 fans en transe, il a pu mesurer l’attente que suscite son arrivée dans la capitale hellène. « Avec Cissé, on a décroché un cador » , s’enthousiasme Nikolas Pateras, le président du Pana, quand les médias parlent d’ « une force de la nature. Il n’y en a aucun autre comme lui » .
LE footballeur
Il faut dire que tous les supporters du Pana rongent leur frein depuis un peu trop longtemps, écœurés par l’outrageuse domination du rival l’Olympiakos sur le championnat. Le club du Pirée vient en effet de décrocher son douzième titre de champion en treize saisons. De quoi considérer un mec qui débarque avec une crête et des tatouages comme le messie. « Avec Cissé, nous allons écraser l’Olympiakos, Cissé, c’est LE footballeur » , s’est enflammé un fan interrogé dans les rues d’Athènes, qui n’a visiblement pas vu beaucoup de matchs de Sunderland la saison dernière. Quoi qu’il en soit, le Pana s’est offert la garantie de marquer au moins quinze buts la saison prochaine. Cissé, lui, s’est offert la possibilité de rebondir au soleil, un peu comme Nicolas Anelka l’avait fait avant lui, à Istanbul, là où on le voyait s’enterrer, à peu près au même âge. Il est devenu, depuis, incontournable en Équipe de France.
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