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À Lyon, cellule de recrutement ou cellule de crise ?
Si performante dans les années 2000, la cellule de recrutement de l'Olympique lyonnais semble avoir plus de mal à dénicher les perles rares ces dernières années. Le départ de Claudio Beauvue, six mois seulement après son arrivée, symbolise à lui seul les problématiques lyonnaises en matière de recrutement.
C’était il y a bientôt quinze ans, mais les supporters lyonnais s’en souviennent comme si c’était hier. À l’été 2001, Bernard Lacombe annonce la signature d’un joueur brésilien qui va révolutionner l’Olympique lyonnais sur et en dehors des terrains. Supervisé pendant de nombreuses années par Marcelo, l’œil de l’OL au Brésil, Juninho devient rapidement un « bon coup » pour Lyon. D’autant que, comme l’expliquera Bernard Lacombe quelques années plus tard, son transfert avait tout d’un heureux hasard. Parti superviser Caçapa en vue d’un éventuel transfert pour pallier la blessure de Laville, le conseiller du président repart finalement avec le petit prodige de Vasco. Le plus gros coup de chance de l’histoire ? Pas tellement. À cette époque, la cellule de recrutement de Lyon tourne à plein régime, et réussit bien souvent de très bons coups en recrutant de jeunes joueurs pour de petites sommes, avant de les transformer et de les revendre au prix fort aux grands clubs européens. Les exemples dans ce sens abondent : Michael Essien (Bastia, Lyon, Chelsea), Éric Abidal (Lille, Lyon, Barcelone), Florent Malouda (Guingamp, Lyon, Chelsea), Mahamadou Diarra (Vitesse Arnhem, Lyon, Real Madrid), etc. Un savoir-faire exemplaire qui a aidé l’OL à bâtir sa légende. Seulement, depuis cinq ans, la machine est grippée, et les transferts réussis se comptent sur le doigt d’une main.
Disette ou famine ?
Un simple état des lieux permet d’établir l’équation du mercato lyonnais sur ces cinq dernières années. Côté réussite, l’OL a tout de même réussi à s’attacher les services de Christophe Jallet et d’Henri Bedimo, qui est peut-être sur la pente descendante, mais qui aura tenu son rang plusieurs saisons durant. Côté échecs en revanche, la liste est un peu plus longue : Bakary Koné, Lindsay Rose, Arnold Mvuemba, Gaël Danic, Miguel Lopes, Fabián Monzón (oui, oui, vous l’aviez oublié et c’est normal) et Claudio Beauvue, donc. Le déséquilibre est saisissant. Et même si Sergi Darder pourrait rejoindre la première catégorie, Mapou Yanga-Mbiwa et Mathieu Valbuena risquent bien de rejoindre la deuxième. Mais qu’arrive-t-il à la cellule de Florian Maurice ? Les raisons de ces échecs chroniques sont nombreuses. La première d’entre elles est bien évidemment financière. Avec les lourds investissements dans son nouveau stade et dans son centre de formation, l’OL a un peu délaissé sa cellule de recrutement. Difficile d’aller chercher un nouveau Essien (qui avait tout de même été payé onze millions d’euros) ou Lisandro (24 millions d’euros) avec trois fois moins de moyens.
Un argument financier valable, mais qui s’effrite lorsqu’on aborde le dernier mercato de l’OL. Pour sa saison de la confirmation après une excellente saison inattendue, Lyon a déboursé 36 millions d’euros cet été et s’est planté sur presque toute la ligne. S’il était difficile de voir venir l’échec de Claudio Beauvue ou l’échec encore relatif de Mathieu Valbuena, personne ne peut expliquer aujourd’hui la signature de Mapou Yanga-Mbiwa pour 10 millions d’euros. Si les performances du défenseur prouvent bien un déficit footballistique pur, la cellule aurait dû le voir venir. Pour les autres joueurs, deux problèmes majeurs se présentent : une difficulté d’intégration dans un effectif soudé par les années du centre de formation et une difficulté d’intégration dans un système de jeu qui peine à évoluer depuis la saison passée. Parfois, ces deux difficultés n’en forment plus qu’une et poussent les joueurs à disjoncter et à quitter l’OL après six mois seulement. N’est-ce pas, Claudio Beauvue.
Repas de famille en 4-4-2 losange ou en 4-3-3
En plus d’un public exigeant – trop exigeant ? –, Mathieu Valbuena, pour ne citer que lui, est arrivé à Lyon avec l’étiquette de joueur clef. Pas simple alors de s’intégrer dans un vestiaire de jeunes joueurs qui viennent eux aussi tout juste d’être promus joueurs clefs. Pas simple, non plus, de jouer dans un système de jeu qui le dessert complètement. L’association Valbuena/Lacazette ne fonctionne pas, et c’était prévisible. Et l’erreur est aussi celle du coach, persuadé qu’en mettant Valbuena à la place de Fekir, tout irait pour le mieux. Le constat est à peu près le même avec Claudio Beauvue. Si l’intégration par le vestiaire coince, difficile ensuite d’exprimer son plein potentiel sur le terrain. Et la récente altercation entre Corentin Tolisso et Lindsay Rose prouve bien que quelque chose cloche. Pas si simple de s’ouvrir aux recrues quand on a passé des années et des années à évoluer ensemble, des équipes de jeunes jusqu’à l’équipe première…
Alors comment redonner des couleurs à la politique de recrutement de Lyon ? En lui conseillant, par exemple, d’activer à nouveau son réseau en Amérique du Sud. Seulement, les prix ne sont plus tout à fait les mêmes qu’il y a quinze ans, et la dérégulation exacerbée du marché des transferts – merci la Premier League – ne permet pas à l’OL de lutter avec d’autres clubs qui n’hésitent pas à balancer 30 millions pour un espoir. Au final, le meilleur conseil à donner à la cellule recrutement et aux fans, ce serait peut-être de se montrer patients. Les investissements consentis pour la construction du nouveau stade finiront par avoir des retombées importantes. Et puis, si le recrutement de l’équipe première laisse à désirer, Gérard Bonneau continue de réaliser un excellent travail de recrutement pour le centre de formation. Et généralement, ce bon travail finit toujours pas payer.
Par Gabriel Cnudde