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« 5-0 ! On leur a pas donné l’heure » : balade dans Paris après le sacre du PSG

Par Ulysse Llamas, à Paris
5 minutes

Les supporters parisiens l’attendaient toute la journée, et ils ont fêté la nuit du samedi 31 mai le sacre de leur équipe préférée en Ligue des champions. Au milieu des fumigènes, des ados qui avaient traversé la France pour venir et des cris de joie, la fête a malheureusement fini par dégénérer.

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« Je n’ai jamais autant kiffé devant un match. » Les mots sortent de la bouche de Julien, Marine, Djibril ou Jean-Thomas à la sortie du Parc des princes. Ils auraient pu être à Munich, comme les plus chanceux. Ou à Reims, Angers ou Montpellier. Qu’importe. Tous et toutes, ce samedi soir, ont touché du doigt l’horizon d’une vie. Un des moments les plus désirables. Comme le bac pour certains, le mariage pour de moins en moins ou la naissance d’un enfant. La menthe des mojitos a poussé tout l’après-midi, à Paris. Les bars préparent leurs tables, et se sont parés de drapeaux. La Pigallerie, le Lakanal, le Corcoman’s, le Chope-Moi de République : tous affichent complet depuis lundi, les bouts de trottoir du quartier de Châtelet aussi. Il fait 25 degrés à Paris, quelques nuages, et la pluie de 14 heures s’est vite estompée.

Ambiance de carnaval

Certains sont venus de Dordogne, de Lorraine, de Normandie ou de Vendée. Tous ne pensent qu’à une victoire. Allan, venu du 91, prophétise un 3-1. Comme Sacha, de la Roche-sur-Yon. « On n’a jamais parlé à autant de monde, » clame le premier, en terminale. Il s’apprête à voir le match « sur son téléphone », mais s’en moque. Paris doit gagner, la ville est optimiste. Dehors la guigne éternelle, l’horrible mot de remontada ne fait rire personne. Les maillots d’Ousmane Dembélé, Désiré Doué, mais aussi Kylian Mbappé, Bruno Ngotty ou Fuck Le numéroté 13 fleurissent. Tout le monde attendait 21 heures, l’heure de savoir si Paris était définitivement maudit. Pour espérer gagner la coupe aux grandes oreilles, les supporters ont explosé les tympans. Aux abords du Parc des princes, à partir de midi. Mais aussi sur sa route, dans les lignes 9 et 10 du métro. Les chants pleuvent, le rappeur Nono La Grinta fait trembler les oreilles avec son refrain de Paris.

« Tu connais pas ? », s’exclame une bande de jeunes, venue d’Ivry. Les pétards et fumigènes sont de sortie, ils repoussent plusieurs fois les services de Cameron Norrie à Roland-Garros. Le Britannique se qualifiera, puis admettra n’avoir jamais entendu une telle ambiance. Dès l’ouverture des portes, à 19 heures 30, les 48 000 personnes prévues au Parc des princes se pressent à l’intérieur. Luis Enrique et Marquinhos sont acclamés à chaque gros plan des quatre écrans géants, disposés autour du rond central. Des chanteurs et rappeurs, Gazo en tête, font monter la pression avant la rencontre. Oriane et son copain ont déboursé 170 euros à deux pour être au Parc, ils s’en foutent. « Je n’ai jamais vu autant d’ambiance », glisse la chauffeuse de bus.

Des larmes et des fumis

21 heures. Le Parc est à l’unisson, vraiment, comme s’il voulait rappeler à ses patrons que ce stade était bien sa maison. La tension du résultat se dissipe rapidement après les arabesques de Désiré Doué. Debout tout le match, les Parisiens ne s’arrêtent pas de chanter. Les fumigènes craquent de partout : à Auteuil, à Boulogne, en Borelli. Quand les larmes de Marquinhos coulent, à dix minutes de la fin du match, le Parc se lâche. Aperçue au lointain, la chanteuse Theodora pouvait exulter en même temps que les autres.

« J’ai 53 ans, et je n’ai jamais vu ça. Pour Paris-Auxerre, on n’avait pas autant de bruit, compare Sylvain, venu avec son fils voir le match. Le stade était rempli de vrais supporters et on pouvait voir des fumigènes en Borelli, c’est impensable ! » Les mêmes mots tournent en boucle, les chants aussi. Tous ensemble, on chantera. Julien fume son joint avec Émile. « 5-0 gros, on leur a pas donné l’heure. C’est un truc de ouf… Je n’en reviens pas. »

Nuit de folie

Quelques-uns mettent du temps à réaliser, d’autres sont portés par l’euphorie. Les épiceries de nuit sont envahies, les fumigènes et feux d’artifice filent vers le ciel du 16e arrondissement. Porte de Saint-Cloud, on regarde les voitures klaxonner. Dont cette Clio, sans coffre ni toit. Porte d’Auteuil, des groupes montent sur les abribus et empêchent sûrement les tennismen de dormir. D’autres cherchent à tout prix à emprunter des Vélib’ ou des vélos électriques, afin d’arriver sur les Champs-Élysées le plus vite possible. Certains s’arrêtent place du Trocadéro, sur la route, pour cramer quelques feux d’artifice. Les scooters pétaradent, les mortiers explosent. Bim, bam, boum. On suit des gros Neymar, des Pastore aux longs cheveux et des imberbes Kvaratskhelia filer vers les Champs.

Mais, comme si c’était prévu, la fête dégénère. Les Champs-Élysées sentent soudain les gaz lacrymogènes à plein nez, le match de football se transformant en partie de ball-trap. La boutique Foot Locker est envahie, certains se promènent avec des bras ou des jambes de mannequins. Les forces de l’ordre ne laissent passer sur l’avenue que les plus téméraires, qui reniflent les lacrymos et la fumée. Un couple de jeunes Polonais, en lune de miel depuis Varsovie, se demande ce qu’il fait là. Pas rassurés, les deux cherchent à quitter les lieux. La police laisse quelques passages vers les rues attenantes, celles de La Boétie, le Colisée, Marignan, Berri, Washington. Plus on monte vers l’Arc de Triomphe, plus la tension monte. Les vélos brûlent, le verre éclate et les CRS chargent. 5 400 forces de l’ordre ont été déployées dans la soirée, qui s’est éternisée jusqu’à deux heures sur l’avenue. Le lendemain matin, l’heure est au recueillement et à la peine infinie à Dax, Grenoble et Paris. Deux morts, 559 interpellations. Les questions vont pleuvoir. Les Parisiens, eux, remercient la victoire.

Par Ulysse Llamas, à Paris

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