- FIFA Ballon d'Or 2010
Pourquoi Xavi !
Ce soir, un peu avant 20 heures, on saura. On saura qui gagnera le FIFA Ballon d'Or 2010. Trois nominés blaugranas qu'on ne présente plus : Xavi, Xavi et Xavi. Sofoot.com mise sur Xavi.
Évacuons la polémique Sneijder, l’Intériste, injustement blackboulé en dépit de ses performances et de son palmarès 2010, deux critères pourtant cruciaux pour figurer au moins dans le trio final. Le jury s’est définitivement fixé sur trois joueurs de classe aussi évidente que le génial mais malheureux Néerlandais : Messi (23 ans), Iniesta (26 ans) et Xavi (30 ans). Évacuons une autre polémique, celle-ci plus délicate : la présence de Léo, l’Argentin. Dilemme : Messi est le meilleur joueur du monde actuel. Aucun doute à ce sujet. Avec déjà dix-huit buts en quinze matchs, il plante en Liga à une cadence métronomique qui ridiculise ce pauvre Stakhanov (héros du travail soviétique de l’ancienne ex-URSS, tapez Wikipedia). Reste que, au regard du critère du palmarès, Messi est trop dépourvu pour l’emporter : une Liga 2010 et c’est tout. Donc, Messi serait out… alors qu’il est actuellement le Numéro 1 Mondial ! Mais, question : et si les jurés avaient opté pour le talent pur et élu Messi ? Pourquoi pas… Deux idées stupides accompagnent l’éventuelle élection de Messi : il a déjà gagné le Ballon d’Or l’an passé et puis, à son âge, il a toute la vie pour en gagner d’autres… Débilité profonde : si Léo est le meilleur alors il doit l’emporter. Et s’il reste le meilleur encore six ans, eh bien il faudra lui donner six Ballons d’Or. Ce qui fera sept boules dorées, record absolu. Mais bon, on le répète, le critère du palmarès pèse très lourd dans l’attribution du trophée et en face, c’est du très costaud : Iniesta et Xavi sont champions du monde…
Iniesta, why not. Buteur historique du 1-0 victorieux contre les Pays-Bas en finale du Mondial sud-africain, ça jette un max. Après tout, Zidane gagne son unique Ballon d’Or 1998 surtout grâce à ses deux buts en finale contre le Brésil. Le reste de sa saison avait été correct à la Juve sans plus et sa Coupe du Monde sans grand éclat. Ses deux coups de boule ont fait basculer le sort en sa faveur. Alors, pourquoi pas Iniesta ? En talent pur, lui aussi a ses mérites, figurant incontestablement un élément-clef du Barça et de la Roja. Ceci dit, on ne peut pas dire qu’il ait réalisé une saison époustouflante, handicapé par moments par des blessures qui l’ont éloigné des terrains (absent lors des deux demi-finales de C1 contre l’Inter, notamment). Pour parler rapidement, malgré son immense talent, Iniesta n’a pas réalisé une saison pleine. Mais sur son talent pur, son titre de champion du monde et son but en finale, les jurés pourraient, comme pour Messi, faire un choix qui ne serait pas si scandaleux. A voir…
Troisième homme : Xavier Hernández Creus, dit “Xavi”. Encore une fois, évacuons une polémique ultra débile : l’âge… Parce qu’il a 30 ans, donc moins de chances de gagner le Ballon d’Or dans l’avenir, il faut s’empresser de lui donner le trophée cette année. En gros, un prix “à l’ancienneté”… Quel mépris pour lui. Faire passer l’âge et les états de service avant le talent. Pareille bouffonnerie a failli arriver à des types comme Raul, Maldini ou Henry. Une sorte de César d’honneur ou d’Oscar d’honneur pour l’ensemble de leur œuvre. Le truc un peu moisi qu’on leur aurait filé parce qu’ils étaient devenus “vieux” et que bon bah, il fallait être sympa et les distinguer avant la retraite. Un Ballon d’Or comme une Médaille du Travail. Au moins, dans le milieu du cinéma, il y a des distinctions spécialement prévues pour les glorieux “seniors”, qu’ils (ou elles) soient acteurs, réalisateurs, compositeurs de BO, voire de grands techniciens. Pas en foot. Il n’y a qu’un prix, que l’ont doit décerner au meilleur joueur pour une saison donnée. Point barre. Xavi lauréat “à l’ancienneté”, quel affront ce serait, nom de d’là… Précisons que si Xavi l’emportait, ce serait un indéniable symbole pour le seul “vrai Catalan” parmi les trois nominés, né à Barcelone, formé au club, leader de jeu du Barça et de la Roja, et parfois capitaine des Blaugranas, le seul club de toute sa carrière. Plus symbolique : s’il l’emporte, Xavi sera le premier joueur espagnol lauréat depuis Luis Suarez (1960). Pile cinquante ans après Suarez, lui aussi joueur du FC Barcelone.
Alors ? Comment diable départager les deux jumeaux, Xavi et Iniesta ? Pas facile a priori mais objectivement Xavi a réalisé une saison plus remplie que celle d’Iniesta. Même si le premier a fait un long arrêt au stand début octobre 2010 parce qu’il était cramé après une saison marathon démentielle (tendinite aux deux tendons d’Achille). Mais pour aller à l’essentiel et ne se focaliser que sur l’épreuve suprême, la Coupe du Monde en Afrique du Sud, disons que sans Iniesta, l’Espagne aurait quand même pu être championne du monde alors que sans Xavi, l’Espagne aurait eu moins de chances de triompher. OK, c’est un peu aléatoire comme argument “ultime” dans le sens où on ne sait pas ce qu’il serait advenu si l’un des deux avait été absent au Mondial sud-africain. Mais Xavi demeure le maître à jouer incontesté, le stratège indispensable du Barça et de la Roja, et forcément, ces deux formations ne sont plus aussi dominatrices en son absence. Iniesta ayant un rôle un peu moins déterminant. Petit bémol : le but inscrit en finale est l’œuvre d’une action Torrès-Fabregas-Iniesta. Sans Xavi, donc, mais là ça flirte un peu la mauvaise foi.
Xavi Ballon d’Or, c’est le vœu de Johann Cruyff, la Statue du Commandeur du Temple “barcelonesque”. C’est aussi le souhait de Michel Platini. Bel hommage des deux génies créateurs prêts à adouber leur digne héritier. Petit nuance de Platoche : il aurait mis Sneijder en deuxième. Mais bon, c’est vrai : on avait dit pas de polémiques…
Par