Il y a 15 jours, tu étais torse nu au Kinépolis de Liège pour jouer le rôle de Christian Grey lors de la sortie fracassante du film, c’était comment ?
Mon rôle était très simple : torse nu en cravate, je devais faire des photos avec les femmes présentes, rien de bien compliqué, mais il y en avait 1100 par jour.
C’est l’occasion de recevoir quelques propositions ?!
(rires) Ouais, j’ai eu quelques petits numéros de téléphone qui se sont glissés dans ma poche arrière pendant les photos. Elles me disent dans l’oreille qu’elles me laissent un petit cadeau, et là je comprends directement ce que c’est. Ça fait partie du folklore, j’en ai plus rigolé qu’autre chose…
Et t’en as profité ?
(rires) Non non non, je reste très pro et je ne mélange pas le boulot et la vie privée, entre guillemets.
À côté de ça, tu es gardien de but depuis longtemps, et tu t’es retrouvé en équipe nationale des jeunes, c’est bien ça ?
Étant jeune, j’ai eu l’occasion de signer à Anderlecht, au Standard, puis à Charleroi, mais mes parents ont chaque fois refusé pour les études. Je suis donc resté dans un club de ma région et j’ai été repris dans les sélections régionales avant d’atteindre le noyau élargi de la sélection nationale. J’ai joué notamment avec Ritchie De Laet, actuellement à Leicester City. À 17 ans, j’ai connu ma première titularisation en Promotion (D4), mais j’étais quand même deuxième gardien.
Quelques années après, une équipe te vire parce que tu es trop mauvais ?
Ouais, c’est un peu le message qu’ils m’ont fait passer. Je n’étais pas bien dans ma tête à ce moment et j’avais été opéré des yeux, ce qui m’a amené dans un engrenage négatif. Maintenant, je suis tombé dans un groupe un peu bizarre avec quelques meneurs qui ne m’avaient pas à la bonne, et j’ai eu vent d’une rumeur disant que le père du second gardien aurait proposé un sponsor si son fils jouait… Soit, un jour j’ai été contacté par les dirigeants, je suis venu avec mon sac, et là, ils m’ont dit : « Voilà pour le moment ça ne va pas, on a décidé de faire une rupture à ton contrat » .
Tu réagis comment ?
Je ne comprenais pas, il suffisait de me mettre sur le banc ou quoi, mais non, me virer leur permettait de ne plus me payer. Ils disaient que les mauvaises prestations de l’équipe étaient liées à mon niveau, mais le deuxième gardien a ensuite pris moins de points que quand je jouais. Toute la province était scandalisée par rapport à cette histoire.
Dans le même temps, tu commences tes études et tu participes à un tournoi interuniversitaire…
J’ai été champion de Belgique de foot en salle avec mon université, donc on s’est qualifiés pour la Coupe d’Europe 2006 en Slovénie. C’est un souvenir grandiose avec un tout grand niveau, des gars qui jouaient limite tous en D1 dans leur pays, c’est une histoire dont je suis fier. Je n’ai d’ailleurs plus retrouvé un tel niveau depuis lors.
L’expérience m’a vraiment bien plu, donc j’ai publié mes photos sur des réseaux sociaux. Depuis, je fais des défilés, des tournages ou des conneries comme des catalogues de grandes surfaces.
En 2010, tu commences le mannequinat un peu par hasard, en aidant une pote…
En fait, c’est une fille qui m’a donné son numéro pendant une soirée en disant qu’elle était photographe et qu’elle voudrait que je pose pour elle. L’expérience m’a vraiment bien plu, donc j’ai publié mes photos sur des réseaux sociaux, d’autres photographes m’ont contacté et je me suis inscrit en agence. Depuis, je fais des défilés, des tournages, je pose aussi pour des conneries comme des catalogues de grandes surfaces…
Tu me donnes 2-3 explications sur quelques photos que j’ai trouvées sur ton site ? Quand t’es torse nu, braguette ouverte devant des machines à laver ?
C’est dans le but d’avoir différents styles de photos à présenter. Ici, c’est l’idée de voir un peu plus mon corps, ce qu’on peut faire avec, les expressions de mon visage, etc. Les machines à laver ? Tu sais, les photographes ont parfois des idées… artistiques, je vais dire, donc faut pas chercher à comprendre.
… Marchant sur un lac tel Jésus ?
Là, je mets mon pied sur un gros rocher dans l’eau qu’on ne voit pas pour faire cet effet Jesus, c’était une chouette expérience professionnelle.
… À poil avec une sorte de tableau devant ton sexe ?
C’était à Lille, c’est juste pour cacher parce que je n’accepte pas de faire de photos nu. Je ne veux pas sombrer dans un style de photos mal appropriées, étant donné que je suis aussi enseignant.
C’est quoi la proposition la plus folle que tu aies reçue ?
C’était assez bizarre : un photographe voulait faire une sorte d’histoire d’un homme qui passe sa journée chez lui en étant tout le temps à poil. Il me proposait une grosse rémunération, mais j’ai refusé. Il m’a quand même répondu : « Ne t’inquiète pas, je garderais les photos juste pour moi ! » (rires)
Et la plus belle expérience ?
C’est la publicité que j’ai faite pour Nivea. J’avais un premier rôle, elle a tourné pas mal en Belgique, et c’est marrant quand on reçoit un message d’un pote qui t’a vu à la télévision.
Dans cette pub, tu jongles avec un savon. Il y a un truc quand même ?
Je te jure qu’il n’y a absolument aucun trucage. Je suis avec des chaussures de foot, imagine donc être avec des crampons dans un vestiaire sans aucun équilibre pour jongler. Mes coéquipiers de l’époque ne me croyaient pas, ils se foutaient de ma gueule en disant : « J’ai essayé 50 fois, j’ai jamais réussi, il y a un trucage ! » Mais non (rires).
Dernièrement, c’est une pub pour la chaîne télé RTL qui te met en scène, et tu sors du vestiaire en tapant les fesses d’un coéquipier…
Haa, écoute, je n’ai même pas fait attention, merde (rires). Je vérifierai et je préviendrai mon agent qu’il faut qu’il fasse gaffe.
Tu as déjà pissé en plein match, t’as voulu imiter Stéphane Culem ?
Absolument pas, c’est juste que je bois beaucoup. Sur le coup, on avait un corner et on faisait aussi un changement, donc comme j’avais le temps, j’en ai profité pour me soulager histoire de sauter un peu plus haut en cas de frappe. Je pensais avoir fait ça discrètement, mais ça a fait la Une des journaux le lendemain, donc je ne l’ai plus fait.
Si j’ai des supporters qui se mettent derrière mon but et qui me chambrent avec respect, j’apprécie et je vais leur serrer la main après le match en disant que je me suis bien amusé avec eux.
Les adversaires te vannent par moments avec ton statut ?
Parfois, j’ai des joueurs qui se moquent de moi, mais ça me motive encore plus, je suis quelqu’un qui aime bien la pression. En fait, j’aime être charrié, et dans ces cas-là, je réponds aussi tout en restant respectueux. Si j’ai des supporters qui se mettent derrière mon but et qui me chambrent avec respect, j’apprécie et je vais leur serrer la main après le match en disant que je me suis bien amusé avec eux. Puis ça arrive qu’on aille boire un verre après à la buvette.
Dans un reportage réalisé sur toi, tu expliques que ce statut d’homme-objet ne te dérange pas.
Non non, je prends tout ce que je fais là avec humour ou philosophie, je sais pas comment je dois dire ça. C’est un extra qui me permet de voir autre chose, de m’amuser. Mais oui, quand t’es dans la pub, t’es un objet qu’on utilise pour vendre un produit, j’en suis conscient, mais je ne me considère pas pour autant comme un objet. Ce n’est pas parce que je fais de la pub que je suis quelqu’un de superficiel. De toute façon, je ne me prends pas vraiment au sérieux, j’en rigole beaucoup avec mes amis.
Sur ton site, tu inscris que tu es comédien, t’as aussi envie de te lancer là-dedans ?
J’ai mis ça sur le site parce que c’étaient des choix imposés qu’on devait sélectionner. Qu’on soit clair, je n’ai absolument aucune formation de comédien et je n’ai pas la prétention de dire que j’en suis un, mais j’ai déjà joué dans des longs métrages en tant que figurant. Maintenant, j’ai beaucoup de personnes qui m’ont dit que j’avais un style pour faire du cinéma, ça m’a fait rire : je ne sais pas si j’en suis capable, mais c’est sûr que si j’ai les moyens de faire des apparitions dans un film ou l’autre, j’accepterai.
Un truc que tu as refusé en revanche, c’est de participer à Secret Story…
On m’a aussi proposé de faire Les Ch’tis à Hollywood, Le Bachelor… mais ce ne sont pas des émissions valorisantes. J’ai refusé parce que c’est totalement incompatible avec ma profession d’enseignant. Imagine : je perdrais toute crédibilité, puis ça me dérange qu’une journée de 16h soit résumée en 20-30 minutes d’images. Tu peux être le mec le plus cool du monde pendant 15h30, si tu fais trois conneries, on ne va montrer que ça. Ça me dérangeait de n’avoir aucun contrôle sur mon image, et puis je ne vais pas me leurrer, ils allaient me prendre pour ma belle gueule, ça n’allait pas être avantageux.
Ça aurait été quoi ton secret ?
Eh ben, écoute, je vais être franc : j’ai accepté de faire le casting pour aller à Paris tous frais payés. Là-bas, face caméra, je leur ai dit : « Je vais peut-être vous décevoir, mais j’ai une vie normale, banale, j’ai pas de secret croustillant à dévoiler… » Ils m’ont répondu : « Te tracasse pas pour ça, on va trouver » .
On termine en douceur : tu es fan des gardiennes de but ? Hope Solo par exemple ?
C’est l’Américaine ? J’en ai déjà entendu parler : elle est canon, c’est une machine. Là, je veux bien aller m’entraîner avec elle sans problème. Je sais bien qu’il y a aussi une joueuse brésilienne qui est magnifique, mais sinon je ne regarde pas trop le foot féminin international. Le seul club que je suis, c’est celui de mon village : je les ai déjà entraînées, c’est toutes des filles du coin, c’est vraiment agréable à regarder et je trouve que c’est un foot plus masculin que celui des hommes. Il n’y a pas de comédie, pas de triche, de pleurnicheries… Et à la limite, elles font plus la guindaille que les mecs.
Toi, en revanche, tu ne prends jamais d’alcool, c’est vrai ?
Je ne bois presque jamais d’alcool, peut-être en famille un peu de vin. Sinon, j’ai une hygiène de vie très stricte que j’ai adoptée avec le foot. Mais je n’ai aucune frustration à voir les autres avec leurs bières pendant que je suis à l’eau plate. J’ai bientôt 27 ans, je n’ai jamais été saoul de ma vie et je le vis très bien (sourire).
Lyon, au carrefour de ses ambitions