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Marseille, vive la critique
Depuis quelques semaines, l'OM carbure au super. Le secret ? La montée en puissance de ses quatre éléments les plus vilipendés du premier semestre, Brandao, Valbuena, Lucho et Ben Arfa.
Les supporters phocéens n’auraient jamais cru dire ça un jour et pourtant, il le faut bien : flûte, Brandao est forfait. Si, si, le gars dont toute la Canebière se foutait et insultait à longueur de matchs au gré des occasions immanquables pourtant manquées, va cruellement faire défaut aux siens lors du déplacement samedi soir en Principauté. Car il faut bien reconnaître que depuis son retour du Brésil durant la trêve hivernale, Brandao paraît métamorphosé, comme si au pays des quintuples champions du monde, la grande gigue paulista avait fait une cure de technique. Ici une frappe sèche, précise et croisée à souhait face à Toulouse en Coupe de la Ligue, là un contrôle impeccable dos au but pour une finition en pivot face à Valenciennes. On peut continuer à ricaner et gloser sur le fait que ce type ne sera jamais Romario mais en attendant, l’attaquant marseillais fait le taf.
D’autant qu’à côté, le gaillard n’a pas oublié les fondamentaux de la marque “Brandao : des duels aériens à vous décapiter un défenseur et un pressing digne d’un milieu défensif. Son problème jusque-là était de ne se résumer qu’à ça, le genre de joueur qui n’a guère qu’un état d’esprit irréprochable et du courage à offrir à sa paroisse. Et voilà qu’en l’espace de quelques semaines, on découvre que le Brésilien, si peu auriverde en apparence, recèle une petite dose de talent. Au point qu’après de longs mois à se faire tailler des croupières, il en serait presque redevenu indispensable. Tout comme Lucho, Ben Arfa et Valbuena, sujets eux aussi de très fort scepticisme, actuellement moteurs de la machine olympienne. Marseille, la versatile.
« Dans deux mois, Hatem sera un avion »
Évidemment, la résurrection la plus spectaculaire est celle de Ben Arfa. Non content d’être la source de débats controversés dans les travées du Vélodrome, l’international français n’avait même pas la confiance de Didier Deschamps. Ben Arfa, joueur d’inspiration, de fulgurances et d’absences, si peu Deschamps en vérité. Mais voilà, rare satisfaction du naufrage face à Auxerre en fin d’année, l’ancien Lyonnais s’était remis dans le coup juste avant la trêve. Une coupure toute en boulot et en préparation pour le génial gaucher pour qui désormais « le 100% ne compte plus mais seulement le 400% » . Inspiré face au Mans, décisif face à Toulouse, Ben Arfa a profité de la venue de Valenciennes pour délivrer sa meilleure partition.
Talonnade, ouverture, remises et dribbles à gogo ont éclairé le meilleur match de l’OM version Deschamps. Car au-delà des prouesses techniques dont chacun le sait capable, Ben Arfa a envoyé deux signaux forts quant à sa progression actuelle : il a joué une heure et demie sans lever le pied (plus grand nombre de sprints de la rencontre) et surtout il a joué juste. C’est simple, en seconde période, l’artiste n’a pas perdu un ballon tout en faisant des différences considérables. Soudainement touché par la grâce l’ami Hatem ? Que nenni ! Selon un membre de son entourage, Ben Arfa bosserait comme un bœuf sur le plan physique et ce, depuis de très nombreuses semaines : « Et encore, vous n’avez rien vu. Dans deux mois, ça va être un avion » . Bon, on se calme et on boit frais. Car souvent par le passé, HBA a laissé retomber le soufflé. So wait and see.
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Lucho fait enfin parler sa classe
Son ancien acolyte du ban(c), Mathieu Valbuena, est un cas forcément différent. Pour lui, les dés étaient jetés avant même le coup d’envoi de la saison : DD ne comptait pas sur lui. L’ancien capitaine des Bleus, adepte des joueurs musclés et disciplinés, ne voyait pas bien ce qu’il pouvait tirer de “Petit Vélo”, prier d’aller voir ailleurs si le coup de pédale est plus doux. Mais faute de propositions intéressantes, le “fils” de Gerets était resté dans les Bouches-du-Rhône, entre réelle envie de travailler et états d’âme au tout venant, le garçon n’étant pas spécialement pudique. Pendant ce temps-là, l’OM collectionnait les prestations sans saveur avec un jeu stéréotypé. Le temps de s’apercevoir que Valbuena, avec ses courses incessantes et ses crochets courts, pouvait aider l’attaque à varier les coups pour davantage surprendre les défenses. Personne n’est dupe, l’ancien joueur de Libourne ne fera pas de vieux os chez les vice-champions de France mais en attendant, si Marseille va mieux, il y est pour quelque chose. Bon, sans doute pas autant que Lucho, l’anti-Valbuena à bien des égards. Dans le jeu, dans la façon d’être mais surtout dans le statut. Car lui avait la confiance absolue de Deschamps, une confiance qui portait un chiffre : 18. Comme le nombre de millions mis sur l’Argentin pour le plus gros transfert de l’histoire de l’OM.
Faut être franc, plusieurs mois durant, on n’avait pas trop vu pourquoi, malgré quelques esquisses ici ou là. La faute à une préparation tronquée suivie de blessures. La faute aussi à une vitesse insuffisante qui faisait douter de l’acclimatation de l’ancien maître à jouer de Porto aux spécificités de la Ligue 1 décidément très physique. Au vrai, on doute que Lucho soit un jour tout à fait à son aise en France. Mais peu à peu, l’international albiceleste trouve ses marques, roi du déplacement entre les lignes, du deuxième ballon (ceux qui sont mal renvoyés par la défense) et du jeu à une touche de balle. C’est un peu le paradoxe Lucho : un gars qui fait mieux jouer ses partenaires… à condition que ceux-ci ne jouent déjà pas trop mal. Or, après des mois de bouillabaisse en guise de collectif, le jeu de Marseille ressemble enfin à quelque chose, à une idée. Et, sans surprise, Lucho, longtemps dans la nasse, se met au diapason et fluidifie encore davantage l’ensemble.
Ce soir, à Monaco qui, lui n’a pas eu de souci de mise en place, c’est le prolongement de cela, et bien plus encore, que l’on attend de Lucho, Ben Arfa et Valbuena, malgré l’absence, on l’a dit, de Brandao. Sans cette confirmation, Marseille n’a aucune chance de s’en tirer. Sans cette confirmation, Marseille n’a aucune chance d’aller chercher le titre qui lui manque tant depuis plus de seize ans.
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