- ASM
- Cédric Mongongu
Les diamants sont éternels
A Monaco, on a toujours fait les choses en douceur. La génération Henry-Trézéguet a été couvée comme on dorlote un nouveau-né. Les Squillaci, Givet ont eu le temps de se faire les dents lors des joutes européennes. Le Rocher, c'est un peu ça : la formation à la cool. Sous le soleil, sans les impôts et la pression populaire d'une bourgade qui ne vit que pour le Prince. Le petit dernier, Cédric Mongongu, 20 printemps sur le CV, pèse déjà 50 matches de Ligue 1 et intéresse le Milan AC.
Il est black, il mesure 1m89, il a effectué ses débuts à Monaco avant d’avoir légalement le droit de regarder Canal + le premier samedi du mois. A 20 berges, il squatte le onze de départ du club du Rocher. Bizarrement, Cédric Mongongu présente beaucoup de similitudes avec un ancien pensionnaire des lieux : Philippe Christanval. Considéré comme un futur crack à son poste, Philou s’est cramé. Trop précoce, trop bon, trop grand, trop beau, trop propre. Pas assez footballeur moderne au final. Aujourd’hui l’ancien international (6 sélections volées entre 2000 et 2003) tient une bijouterie à Londres. Pis, un stade porte son blase à Sarcelles. CQFD. Cédric Mongongu marche donc sur des œufs. Dans un club qui a formé quatre champions du monde 1998 (Thuram, Petit, Henry et Trézéguet) et une nichée d’internationaux (Amoros, Ettori, Bellone, Squillaci, Ricort), Cédric ne doit pas se rater.
Le bon début de saison de l’ASM correspond à l’éclosion (explosion ?) du stoppeur. Robuste, intelligent, propre, vif, le natif de Kinshasa tient la route. Associé à Sébastien Puygrenier, l’axe central monégasque est un mur. Imprenables dans les airs, les deux joueurs aiment jouer de leur corps. Dimanche dernier, contre Lyon en Coupe de France (2-1), Lisandro Lopez s’est heurté pendant 90 minutes au jeune international congolais. Pourtant, lorsqu’il débarque dans le groupe professionnel en 2007, le minot affiche à peine la majorité. Lors de la première journée contre Saint-Étienne, Mongongu se dépucelle en Ligue 1. Le hic, Ricardo, son entraîneur de l’époque, le fait jouer arrière droit voire milieu. Latéral quand on frise le mètre quatre-vingt-dix, c’est un tantinet handicapant. Sa place est dans l’axe. Un point c’est tout. Fin du débat. Ricardo le comprend très vite et se rend compte que son idée de départ est ubuesque.
Un mental à toute épreuve
Au-delà de ses qualités physiques au-dessus de la moyenne, Mongongu, c’est avant tout un mental. Mi-décembre, le numéro 2 de l’ASM apprend la mort de sa tante dont il était très proche. Alors qu’il est touché en pleine gueule par le drame, il enchaîne deux prestations de haut vol contre Rennes et Lyon. Entre les deux, il file aux funérailles, pleure un bon coup et revient gonflé à bloc. Cette semaine-là, le joueur a fait preuve d’une maturité rare pour un môme de son âge. Pendant que la France se paluche sur les Sakho, Capoue et autre M’Vila, le Monégasque fait tranquillement sont trou et s’en va défendre les couleurs de son pays, la RDC. Eh oui, à 20 ans, il est international et titulaire en sélection. Sur un CV, ça force le respect.
Le joueur est comme ça : solide et terriblement en avance sur son cahier des charges. Dernièrement, le Milan AC et quelques clubs anglais sont venus superviser le gosse à Louis II. Trop tôt ? Assurément pas. En moins de trois ans, Mongongu est passé d’aspirant à titulaire indiscutable à un rythme de sénateur. A son poste, il appartient au top 5 de la Ligue 1. Autant dire que les postulats, il s’assoit dessus. Après tout, Vieira est parti en Italie à 20 berges. Alors pourquoi pas ? Et puis, en cas d’échec(s), il restera toujours la joaillerie d’occasion. Ce qui serait vraiment dommage pour un si beau diamant…
AS Monaco/OGC Nice, 19h
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