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Les cinq hommes du titre de la Juventus
Réputée pour sa sobriété, la Vieille Dame n'est pas du genre à tolérer les frimeurs et cirer les pompes de ses stars. Mais peut tout de même distribuer les bons points, en distinguant les joueurs qui ont eu une influence décisive dans la conquête de son septième Scudetto de rang.
Paulo Dybala
Premier arrivé, premier servi. Alors que les joueurs de Serie A se remettaient doucement de la trêve estivale, le petit Paulo a déboulé comme un mort de faim sur les terrains pour se gaver de buts. Résultat : dix pions en six journées de championnat. La Vieille Dame se cherche encore collectivement en ce début d’exercice 2017-2018, et l’Argentin lui évite de perdre de précieux points dans la course au titre. Avant de subir une sérieuse baisse de régime et d’aller faire quelques tours récurrents sur le banc de touche. Qu’importe, Dybala restera l’homme des moments clés : début mars, face à la Lazio, il inscrit un but fabuleux dans le temps additionnel, qui permet à la Juve de l’emporter in extremis. L’ex-Palermitain terminera quoi qu’il arrive sa saison avec le statut de meilleur buteur du club, en chiffrant au moins 22 pions inscrits en Serie A. Le meilleur bilan de sa carrière, tout simplement.
Douglas Costa
Des passes dans le mauvais tempo, des courses de poulet sans tête et des dribbles plus cosmétiques qu’efficaces ont rythmé ses débuts en Serie A. Sauf qu’Allegri voit au quotidien le Brésilien à l’entraînement et l’intègre petit à petit au onze type. Bilan : au soir de la 37e journée, Costa a claqué 12 passes décisives (seul le Laziale Luis Alberto le devance dans cet exercice) et placé un nombre incalculable de coups de reins et d’accélérations qui ont laissé sur place ses adversaires directs. Une capacité d’élimination qui n’a peut-être pas d’équivalent en Italie aujourd’hui. Comme il l’explique lui-même, à 27 ans, le Brésilien a aussi gagné en efficacité : « Allegri m’a transformé en un joueur meilleur, car je commence à unir technique et tactique. » Voilà qui promet pour la suite.
Mehdi Benatia
Il avait la (très) lourde tâche de suppléer le départ de Leonardo Bonucci. Une mission quasi impossible, que le Marocain a remplie au-delà des espérances initiales. S’il n’a pas la qualité de relance du néo-Milanais, Benatia a été élu coup sur coup meilleur joueur du mois de novembre et de décembre par les tifosi de la Juve, montrant que sa lecture du jeu défensif, sa puissance et sa science du duel font de lui l’un des tout meilleurs défenseurs de Serie A. De quoi être adoubé par le professeur de la défense piémontaise, Andrea Barzagli : « Mehdi est notre nouveau Bonucci. Pour nous, Leonardo était un point de référence… Mais Mehdi montre cette saison qu’il ne lui manquait qu’un peu de sécurité afin de prouver sa valeur réelle. Il est enfin à son meilleur niveau et a compris l’importance qu’il a dans cette équipe. »
Miralem Pjanić
Fin mars, l’institut Opta dégainait une statistique éloquente pour mesurer l’influence du Bosnien sur le jeu de la Juve : avec lui sur le terrain, la Vieille dame récolte en moyenne 2,7 points par match. Quand il ne joue pas, ce chiffre descend à deux. Signe qu’il y a véritablement une Juve avec et sans Pjanić. D’une régularité exemplaire cette saison, l’ancien Messin est la touche technique indispensable au bon fonctionnement de l’entrejeu d’Allegri, alors que Matuidi et Khedira évoluent tous deux dans des registres plus physiques et tactiques, et que Claudio Marchisio a passé une bonne partie de la saison à l’infirmerie. Une influence dont atteste également le nombre de services décisifs de Pjanić, huit, qui le consacre comme le deuxième meilleur passeur des Bianconeri en Serie A derrière Douglas Costa.
Gonzalo Higuaín
À première vue, sa saison a des contours banals. À une journée de la fin du championnat, l’Argentin a inscrit 16 pions en Serie A, son plus faible total depuis qu’il évolue en Italie. Un bilan trompeur, qui s’inscrit à l’encontre du rôle fondamental qu’a endossé Higuaín, qui est, de loin, le joueur le plus utilisé par Allegri cette saison. Moins planté dans la surface que lors du dernier exercice, il a volontiers dézoné les avant-postes afin de combiner avec ses partenaires et contribuer à l’effort défensif. Un état d’esprit loué par Gigi Buffon, comme le raconte Pipita : « Cette saison, pour moi, il y a eu un moment crucial. C’était un match contre l’Udinese. Nous avons gagné 6-2, mais je n’ai pas marqué un but. Alors, Buffon est venu me voir pour m’expliquer à quel point j’étais important pour l’équipe, même sans marquer. » Higuaín a quand même eu le bon goût de faire parler la poudre dans certains matchs cruciaux. Par exemple, en inscrivant le pion de la victoire face à l’Inter, fin avril. Ou encore en marquant le seul but du match aller entre la Juve et le Napoli début décembre. Réincarnation de Judas pour les tifosi du San Paolo, Pipita se consolera ainsi en se disant que sa reconversion en héros du peuple bianconero est décidément en bonne voie.
Par Adrien Candau