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Kevin Fortuné : « Même si les larmes coulent, ce n’est pas aujourd’hui que je vais lâcher »

Propos recueillis par Eric Carpentier
Kevin Fortuné : « Même si les larmes coulent, ce n’est pas aujourd’hui que je vais lâcher »

Depuis un an, la roue de Fortuné a bien tourné. Son premier contrat pro, les buts qui s'enchaînent, un drame familial, une relation erratique avec les supporters : l'attaquant lensois ne feinte aucun sujet. Et sait d'où vient sa force.

Il y a un an, à la même époque, vous veniez de signer votre premier contrat pro et vous en étiez à quatre buts en quatre matchs. Vous pensiez à quoi, avant de vous endormir ?C’est ça, j’ai signé mon premier contrat professionnel à 26 ans. Mais j’y ai toujours cru. Même quand j’ai quitté le DFCO, c’était pour mieux me relancer afin de signer pro. J’ai galéré à des moments, mais c’est resté mon objectif. Je ne voulais pas faire footballeur et travailler à côté, je voulais vraiment être footballeur professionnel. Et je marque mon premier but en pro la veille de mes 27 ans, une égalisation contre Tours. Ensuite, deux buts en Coupe de la Ligue, le mardi qui a suivi, contre Ajaccio. Et ensuite contre Nîmes, où je marque un de mes plus beaux buts, sur une action individuelle où j’arrive à éliminer le défenseur et le gardien. Alors quand je vais me coucher, je suis comme un enfant qui vient d’avoir un cadeau ! Je suis trop content. J’ai galéré, et aujourd’hui je marque à un niveau supérieur… Je m’endors avec beaucoup de bonnes choses en tête, je veux renouveler ça au prochain match, travailler la semaine pour marquer des buts le week-end.

En revanche, cette saison, vous attendez toujours votre premier but après quatre matchs joués.Actuellement, nous sommes dans une spirale négative, les actions ne rentrent pas. Mais elles existent, et je sais qu’à force de travail et d’abnégation, quand le premier va rentrer, les autres vont venir. Et, surtout, je suis moins focalisé parce que j’ai appris aussi que faire marquer, c’est comme un but. J’ai appris que, parfois, il faut savoir donner. J’ai beaucoup travaillé sur ça à Lens, être lucide dans la zone des 25 derniers mètres, que ce soit par des passes décisives ou des buts (trois passes et un penalty provoqué en quatre matchs cette saison, ndlr).

Si vous avez le choix, vous prenez le but ou la passe ?Quand même, en tant qu’attaquant, marquer, c’est toujours aussi bénéfique. Alors je vais prendre le but. Mais ça ne me dérangerait pas non plus de faire la passe ! Si je peux marquer, je marquerai. Si je peux faire marquer mon coéquipier qui est dans une meilleure position, je le ferai aussi.

Christian Lopez et moi sommes partis voir les supporters afin de les remercier, parce qu’ils avaient fait le déplacement. Et… Bon, on arrive, d’abord ils jettent un bâton sur Christian qui l’esquive de peu. Moi j’avance, je me reçois une saucisse.

Vous retrouvez Bollaert après trois défaites en trois journées de Ligue 2. Vous appréhendez ?Non, au contraire, je suis plutôt excité. Contre Brest, il faudra vraiment mettre le bleu de chauffe et aller à la guerre, parce que ça va être un match de guerriers. Brest va vouloir se relancer, mais on ne va pas les laisser faire comme ça, chez nous. On sait qu’on doit en faire plus pour nos supporters, et surtout qu’on ne doit pas avoir peur de jouer dans notre stade. On en a marre que les équipes viennent et qu’elles nous marchent dessus, à la maison ! À nous, dans notre stade et devant nos supporters, d’écraser les équipes qui viennent. Parce que Bollaert, c’est un stade de fou malade, quoi ! Jamais je n’ai joué dans un stade comme ça, où les supporters vous apportent une force énorme de l’échauffement jusqu’à la fin du match. Actuellement, je les comprends, parce qu’on n’arrive pas à leur faire plaisir. Mais ce sera de courte durée. Jouer dans un stade comme Bollaert-Delelis, c’est vraiment grandiose, je prends mon pied là-bas.

Il y a d’autres stades qui vous font envie ?Il y en a un qui me fait vraiment rêver parce que je suis fan de ce club, et j’espère un jour aller y voir un match, c’est Anfield. Ça, c’est… L’ambiance, en plus ça se rapproche un peu des supporters lensois, c’est vraiment grandiose. J’ai toujours été fasciné par Liverpool. Je me souviens, j’étais chez ma mère à Garges-lès-Gonesse pour la finale de Ligue des champions contre le Milan. Au bout de 45 minutes, j’étais à deux doigts de pleurer parce qu’on se foutait de ma gueule, on me disait « bah alors, ton équipe elle prend l’eau ! » Après, avec la remontée et la victoire aux tirs au but, je me suis bien foutu de leurs gueules à eux ! (rires) Puis j’ai appris à connaître le club et son histoire, j’ai vu des joueurs de fou comme Voronin, Steven Gerrard, Xabi Alonso, Javier Mascherano, Ryan Babel, Fernando Torres… Et quand je voyais la qualité de jeu qu’ils proposaient avant qu’ils aient un gros creux… C’est un club qui m’a toujours fait rêver, ouais.

Pour en revenir à la Ligue 2 et à Auguste-Bonal, ça a chauffé entre vous et les supporters à la fin du match contre Sochaux. Que s’est-il passé ?En fait, Christian Lopez et moi sommes partis voir les supporters afin de les remercier, parce qu’ils avaient fait le déplacement. Et… Bon, on arrive, d’abord ils jettent un bâton sur Christian qui l’esquive de peu. Moi j’avance, je me reçois une saucisse. Je ne dis rien. Ensuite, il commence à y avoir des propos assez lourds, des trucs qui blessent. Et par-dessus tout, ce qui a fait que je me suis énervé, c’est qu’on m’a craché dessus. Et ça, ça reste impardonnable, parce que je ne suis pas un chien. Là où les personnes qui ont fait ça ne cracheraient même pas sur leur propre chien… Ça, ce n’est pas passé, c’est pour ça que la colère est sortie de moi. Christian et Dusan (Cvetinović) se sont expliqués avec eux, moi je n’avais plus rien à leur dire.

Ça doit être d’autant plus difficile à encaisser que ça vient une semaine après l’hommage de Bollaert, en mémoire de votre fille décédée au début de l’été.Oui, bien sûr, c’est difficile à comprendre. Malheureusement, certains supporters peuvent être joyeux dans la victoire et complètement désagréables dans la semaine qui suit. Je pense que c’est tout le ras-le-bol du début de saison qui s’est manifesté à Sochaux. Mais il y en a qui mélangent tout, la vie privée et la vie footballistique. Après, on ne peut pas leur en vouloir. Il y en a qui réfléchissent, d’autres non.

Avec la promesse que j’avais faite à ma fille, je devais reprendre. J’en avais besoin, même. Parce que rester chez moi comme ça, je n’aurais pas tenu le coup…

Ce match à Nîmes, on vous voit très ému au coup d’envoi. Vous vous sentez dans l’état de jouer un match de foot ?Oui, parce que depuis la perte de ma fille, je lui ai fait une promesse : c’est que je me battrai à chaque match pour elle, que je serai tous les jours irréprochable sur le terrain. Là, c’était un moment difficile, mais je me suis dit : « Même si les larmes coulent, ce n’est pas aujourd’hui que je vais lâcher. » Parce que je sais que de là-haut, elle me regarde. Et ça m’a servi, puisque cinq minutes après je mets une passe décisive.

Comment peut-on faire une préparation juste après un tel événement (Giulia-Rose Fortuné, 17 mois, est partie le 23 juin) ?On devait reprendre fin juin. Lundi matin, tout allait bien. Mais en l’espace de trois heures, son état s’est aggravé. Ma compagne m’appelle pour me dire qu’il faut que je descende à Toulouse, parce que c’est là qu’elle avait été hospitalisée. Pendant trois jours, nous sommes restés à l’hôpital auprès d’elle. Le mercredi, il y avait un bon regain de forme. Le jeudi, son état a rechuté, et elle est partie vendredi matin… J’ai été obligé de reprendre un peu plus tard, par rapport au choc, je n’avais pas la force nécessaire. Après, avec la promesse que j’avais faite à ma fille, je devais reprendre. J’en avais besoin, même. Parce que rester chez moi comme ça, je n’aurais pas tenu le coup… Le fait de revoir les coéquipiers, de reprendre le contact avec le ballon, ça m’a beaucoup aidé. La première semaine, c’était un peu difficile. Maintenant, c’est une grosse force mentale qui m’accompagne au quotidien.

Aujourd’hui, comment se portent son frère et sa sœur ?Ils vont bien, tout se passe bien. Giulia avait une maladie assez rare, il faut le temps d’avoir les résultats, même les médecins ne savent pas encore pourquoi elle est partie si brutalement. On a fait les examens nécessaires pour savoir si Kalvin et Giani-Lyanne n’avaient pas les mêmes symptômes que Giulia. Grâce à Dieu, ils n’ont rien du tout, nickel. Kalvin va sur ses quatre ans, la petite Giani sur ses trois mois. Ce sont des grands supporters de leur père ! Normalement, Kalvin vient au stade, mais samedi il ne sera pas là parce qu’il est en vacances. Il verra donc le premier but de son papa à la télé !

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Propos recueillis par Eric Carpentier

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