Enfin reconnu à sa juste valeur
Comme le lançait Marcelo Bielsa après une très amère défaite de l’OM face à l’OL : « Ne réclamez rien, avalez le venin ! » Suivons son conseil et voyons plutôt le bon côté des choses. Déjà, pour la quatrième fois depuis 2013, un Français figure dans le top 5 du Ballon d’or (ils sont même deux, avec N'Golo Kanté, cinquième ce soir). Ça, c’était pour le point cocorico. Ensuite, mesurons le chemin parcouru par l’enfant de Terraillon. Soi-disant lieutenant de CR7 pendant neuf ans à Madrid, c’est la première fois de sa carrière qu’il termine devant le Mancunien au classement (6e). En fait, c’est tout simplement la première fois qu’il figure dans le top 10. Assez dingue quand on voit que Kylian Mbappé y siège pour la quatrième fois ce lundi (9e). Le sens de l’histoire est sacrément beau pour ce gars à qui on a collé cette étiquette de sous-fifre bien compliquée à enlever. Certains ont douté qu’il puisse grimper dans la hiérarchie et remplir le costume, bien large, de général madrilène. « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » , pourrait-on rétorquer aujourd’hui.
Pour rester dans le cadre biblique, son absence de cinq ans et demi en équipe de France pour l’affaire de la sextape a été son véritable chemin de croix. C’est certainement ce qu’il lui a coûté quelques places les années précédentes. Étrangement, et surtout ironiquement, c’est en partie l’échec des Bleus à l’Euro qui l’a plombé pour cette édition. En ratant son penalty contre la Suisse, Mbappé n’est-il pas le principal bourreau des chances du Nueve ? Quoi qu’il en soit, sa quatrième place montre enfin qu’il est le meilleur joueur des équipes auxquelles il prête ses talents. Au Real, pas de doute c’est lui le boss. Avec les Tricolores, il partage la couronne avec Griezmann et Mbappé, mais a récemment montré qu’il avait l’étoffe pour être le roi des Français. Avoir su ôter presque intégralement cette pancarte de second est l’une de ses plus belles victoires. Cette quatrième place est là pour le confirmer.
Enfin, cette année ne ressemblait pas à un « c’est maintenant ou jamais » pour le natif de Lyon. À l’aube de ses 34 printemps (le 19 décembre), Benzema semble toujours dans la forme de sa vie. Toujours car, depuis 2019, il est constamment dans la forme de sa vie. Forcément meilleur que la veille, moins bon que le lendemain. Quel meilleur dénouement que de remporter le Ballon d’or 2022 après avoir claqué un doublé en finale de Coupe du monde ? C’était comme ça que ça s’était passé en 1998. À moins qu’encore une fois, on ne donne le prestigieux trophée à un perdant, un loser, dans une année de Mondial comme c'est le cas depuis 2010. N’oublions pas les sages paroles d’El Loco : « Acceptez l’injustice ! Tout s'équilibre à la fin. »
Par Léo Tourbe
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