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Hyères, le géant français de demain ?

Par Félix Barbé et Simon Butel
10 minutes
Hyères, le géant français de demain ?

On l’attendait à Toulon, il s’est rêvé à l’OM, mais c’est finalement - et contre toute attente - à Hyères, en National 2, que Mourad Boudjellal a posé ses valises remplies de billets. Actionnaire majoritaire de la SASP du Hyères Football Club dont la création a été actée ce mardi, l’ancien président du Rugby club toulonnais prendra dès le 1er juillet les commandes du club varois, avec l’ambition de le placer sur la carte du foot français. À ses côtés, Nicolas Anelka enfile le costume de directeur sportif. Voilà qui promet.

Stade Perruc, samedi 22 août 2020. Pour la reprise du National 2, le Hyères Football Club reçoit un adversaire de prestige, la réserve de l’Olympique de Marseille, et un invité surprise : Mourad Boudjellal, associé depuis quelques semaines à un projet de rachat de l’OM. Si l’ancien président du Rugby club toulonnais semble donc surtout venu pour les minots marseillais, l’occasion est trop belle pour Jean-Pierre Blasco, le président hyérois. À la buvette, le dirigeant s’approche de Boudjellal et lui indique son siège : « Si vous voulez ma place, je suis heureux de vous la laisser. » Une simple boutade, alors. Une prémonition, en fait : mardi, les deux hommes se sont retrouvés dans le bureau du maire de la cité varoise Jean-Pierre Giran, pour y signer une convention actant la création au 1er juillet de la SASP (Société anonyme sportive professionnelle) du Hyères FC. Son actionnaire majoritaire ? Boudjellal, futur boss, donc, du HFC. Son nouveau directeur sportif ? Nicolas Anelka. Rien que ça.

Le HFC, une 2 CV sacrément tunée

Qui l’eût cru ? Pas Jean-Pierre Blasco, gentiment éconduit en août par un Boudjellal concentré de son propre aveu sur un autre projet, et forcément surpris début décembre lorsque l’avocat de l’homme d’affaires a pris attache avec celui du club. Surpris, mais pas fermé. C’est que présider un club de N2 est une tâche ardue et chronophage. « Nous avons un budget de 800 000 euros, là où d’autres ont plus de deux voire trois millions, pose le président hyérois. Tous les ans, on galère pour finir entre la 6e et la 10e place. On rogne d’année en année sur la partie jeunes pour avoir une équipe première plus compétitive, et il faut sans cesse frapper aux portes. Là, on passe d’un coup d’une 2 CV à une Ferrari. » Et qu’importe si le bolide a d’abord cherché un stationnement au Vélodrome ou à une vingtaine de bornes à l’ouest, au Sporting Club de Toulon : « On n’attendait rien, on n’était pas demandeurs, balaie Blasco. Mais on commençait à être fatigués de chercher des sponsors, d’autant que ce n’étaient jamais des gros partenaires. »

Avec Boudjellal aux manettes, c’est peu dire que les Perruquiers auront moins de bile à se faire. Le Varois a en effet budgété 2,5 millions d’euros pour la seule équipe première du club. Pas de regrets pour Claude Joye, l’actionnaire majoritaire de Toulon, dont les discussions avec « Mourad Le Grand » au premier semestre 2020 ont fini en eau de boudin : « À l’époque, le Sporting n’était pour lui qu’un projet secondaire. Aujourd’hui, nous sommes focalisés sur notre projet et continuons à travailler et faire avancer le club de manière pérenne, car nous savons que c’est dans la durée que sera construit le succès. Nous sommes en train de poser des fondations solides avec de vraies avancées structurantes pour le Sporting. Nous nous réjouissons pour le club hyérois de cette évolution et espérons les retrouver très bientôt sur les terrains, synonyme alors de sortie de crise sanitaire pour tous. »

Du mirage toulonnais au miracle hyérois

Bon perdant – ou bon communiquant – jusqu’au bout, Joye voit carrément dans l’arrivée à Hyères de son ex-futur associé et d’Anelka une « bonne nouvelle » pour le National 2. « Après Cris à Chasselay, Squillaci à Monaco, Jean-Pierre Papin à Chartres et Marcel Dib à Aubagne, le championnat va pouvoir compter désormais avec un autre nom du football, s’emballe le dirigeant. Cela va continuer de rehausser son niveau sportif et médiatique ! » Après onze saisons au quatrième échelon du foot français, le HFC peut lui enfin envisager de briser son plafond de verre. « On ne pouvait pas aller plus haut, statue Jean-Pierre Blasco. C’est déjà un exploit de maintenir le club à ce niveau tous les ans. Souvent, on prend des joueurs qui reviennent de blessure et ont besoin de temps de jeu pour se relancer. Ça ne coûte pas trop cher, mais c’est un peu la roulette russe. »

Surtout, les Jaune et Bleu restent « à la merci des blessures et des suspensions. Dès qu’on a quelques absents, on fait jouer des jeunes. » Si ces derniers auront sans doute plus de mal à se frayer un chemin vers l’équipe fanion à l’avenir, la formation hyéroise devrait d’ailleurs être l’autre grande bénéficiaire de cette future reprise. Elle a, en tout cas, été au cœur des discussions entre le comité directeur actuel et Mourad Boudjellal. « Notre principale exigence, confie Jean-Pierre Blasco, c’était qu’on puisse travailler avec les jeunes dans de bonnes conditions, qu’on ait un budget suffisant pour avoir de bons éducateurs, un bon encadrement. Surtout, ce qu’on voulait à tout prix, c’est que si tôt ou tard il y a une fusion ou un club de la métropole, que le club Hyères soit mentionné en premier. »

Il est venu plusieurs fois et s’est rendu compte que c’était un club familial. Tout est clean, tout est carré, il cherche un club sain, il ne peut pas se tromper.

Retour aux sources

Un souhait émis également par l’édile, Jean-Pierre Giran, qui s’est, d’après la mairie, « engagé à maintenir le niveau de subvention municipale à l’association (de l’ordre de 200 000 euros, N.D.L.R). Il souhaite également que la ville soit mise en avant dans le nom du club et profite de la notoriété de ce projet. » Façon de rappeler, en cas de succès, que c’est à Hyères que tout aura commencé. Pour Boudjellal aussi, d’ailleurs. C’est en effet à Hyères, où il a co-fondé à 17 ans le festival de bandes dessinées, que le Varois a transformé son rêve de gosse et réellement lancé une carrière d’éditeur débutée dès l’âge de dix ans chez lui, à Ollioules, en reliant ses propres BD intitulées Mourad Éditions.

©Photo Hyères FC

C’est ce « retour aux sources » que l’ancien PDG de la maison d’éditions Soleil Productions (cédée en 2011 aux éditions Delcourt pour mieux se consacrer au RCT) a brandi dans l’intimité du bureau du maire, lorsque celui-ci lui a posé la question que beaucoup se posent, sur la côte comme ailleurs : « Pourquoi Hyères ? » Si l’argument géographique y est forcément pour quelque chose aussi, Boudjellal résidant à Carqueiranne, commune voisine de 9500 âmes, Jean-Pierre Blasco veut croire que sa bonne gestion du HFC a également pesé dans la réflexion de l’entrepreneur : « Il est venu plusieurs fois et s’est rendu compte que c’était un club familial, qu’on n’a jamais eu le moindre problème financier ou juridique. Tout est clean, tout est carré, il cherche un club sain, il ne peut pas se tromper. »

Anelka ? J’avais une image de lui, comme tous les Français, un peu clivante. Et puis ensuite, j’ai vu un très beau reportage sur Netflix, qui m’a donné une autre idée de lui.

Anelka sur les pas de Laporte ?

Pour lancer ce projet, Mourad Boudjellal a donc – comme cela a souvent été le cas au cours de son passage dans le rugby – eu une idée oscillant entre le génie et la folie : celle de nommer Nicolas Anelka en qualité de directeur sportif. « J’avais une image de lui, comme tous les Français, un peu clivante. Et puis ensuite, j’ai vu un très beau reportage sur Netflix, qui m’a donné une autre idée de lui, a souligné le dirigeant au micro de Mistral FM pour justifier son choix. Par rapport à ce que je veux faire, je trouve que le nom de Nicolas Anelka donne du sens. » En plus de vanter la « culture urbaine » de l’ancien buteur d’Arsenal, Boudjellal apprécierait le fait de se retrouver aux côtés d’un garçon capable, uniquement par son nom et sa crédibilité, d’être écouté par tout un groupe. Un peu à la manière de Bernard Laporte, qu’il avait fait venir au Rugby club toulonnais en 2011 et qui en était reparti en 2016 avec trois Coupes d’Europe et un bouclier de Brennus sous le bras, période la plus faste de l’histoire du club.

Tout est allé très vite entre les deux hommes, qui ne se connaissaient pas il y a encore un mois. Une entrevue dans un hôtel marseillais aura suffi à motiver le Toulonnais et le Parisien pour se lancer ensemble dans cette aventure. Après des passages éphémères à Roda puis à Lille, Anelka – qui a désormais ses diplômes d’entraîneur – n’a pas mis longtemps à être convaincu, aidé notamment par la perspective d’échafauder une pyramide de A à Z : « Partir de N2, c’est presque partir de rien. C’est plus intéressant que d’arriver sur un challenge où tout est déjà en place et où il n’y a pas grand-chose à améliorer, a confié l’ancien attaquant à Var-Matin. Alors on ne part pas de zéro, parce qu’il y a déjà une base. Une très bonne base. Mais là, on a l’opportunité de reprendre ce club-là et de tout développer. »

Les billes sont placées

Si elle reste évidemment essentielle, l’ambition des deux hommes semble malgré tout moins importante que celle annoncée au moment de la vraie-fausse reprise du Sporting il y a quelques mois. Du moins officiellement. À l’époque, Boudjellal avait en effet clamé son intention de voir le SCT retrouver « la Ligue 1 dans cinq ans ». À Hyères, lui comme Anelka se montrent étonnamment plus lucides. Ils s’accordent tous les deux sur une volonté de prendre le temps de structurer le club en profondeur, pour pouvoir grimper les échelons pas à pas. La preuve, notamment, avec la politique de recrutement que souhaite mener le HFC : alors que la possibilité de voir quelques grands noms rejoindre très rapidement le Var avait fuité, il ne devrait finalement rien en découler.

Aux rumeurs Yohan Cabaye et Adil Rami (rapidement balayées), la direction sportive privilégierait, pour le moment, des joueurs confirmés de N1 et N2. Lilian Compan, que Nicolas Anelka a côtoyé en équipe de France Espoirs, restera également sur le banc hyérois. Oui, Mourad Boudjellal veut prendre son temps. Ce qui ne signifie pas, pour autant, qu’il a définitivement perdu l’appétit, lui dont l’objectif est d’aider le Hyères FC à entrevoir, d’ici quelques années, la Ligue 2 voire la Ligue 1. Il souhaite pour cela, en plus de la section foot, créer un grand pôle culturel (salle de spectacle, musée…) autour d’un club qu’il imagine omnisports, alors qu’il est depuis longtemps intéressé par la reprise du Hyères Toulon Var Basket. Un projet XXL ambitieux, mais qui pourrait lui permettre de diriger, à terme… le seul club de foot professionnel de la métropole Toulon Provence Méditerranée.

Car c’est un secret de polichinelle dans le Var, mais de plus en plus de voix s’accordent sur le fait qu’une fusion entre le SCT et le HFC (voire même d’autres formations du département) est inévitable, puisque ni le stade de Bon Rencontre ni le stade Perruc ne sont homologués, ne serait-ce que pour la Ligue 2. Une jonction qui verrait alors l’un des deux clubs prendre, inévitablement, le dessus sur l’autre. Ce mardi, l’ancien boss du RCT a donc posé ses premiers pions pour prendre la tête d’un match qu’il pourrait, un jour, remporter. Avec ou sans Anelka ? L’avenir le dira. Pour l’heure, l’ancien attaquant du PSG, du Real Madrid, de Chelsea, de Mumbai City ou du Shanghai Shenhua constitue la tête de gondole du projet du club varois, tout heureux d’annoncer sa nomination sur les réseaux sociaux en français, en anglais, en espagnol, en indien et en chinois. Le signe que le HFC a déjà basculé dans une autre dimension ?

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Par Félix Barbé et Simon Butel

Tous propos recueillis par FB et SB, sauf mention.

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