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Hazard vs De Bruyne : l’alliance invisible

Par Martin Grimberghs
5 minutes
Hazard vs De Bruyne : l’alliance invisible

Des numéros 9 qui marquent et des milieux qui font des passes vers l'avant : la quatrième nation mondiale a retrouvé un peu de sa superbe samedi contre Chypre. Grâce à Hazard, grâce à De Bruyne aussi. Une perf' qui tombe juste à temps pour faire taire les mauvaises langues et aborder au mieux l'importantissime déplacement en terre sainte contre Israël.

Comme toujours après un match, il y a mille enseignements à tirer. En cela, le Belgique-Chypre de samedi soir aura répondu à l’attente. Principalement parce que Marc Wilmots a – enfin – osé repenser son animation dans le triangle du milieu. Revoir Axel Witsel vagabonder à sa guise sur la pelouse du stade Roi-Baudouin a réconcilié les amoureux d’un football plus direct avec le style Wilmots. Un style de plus en plus modulable, de moins en moins caractéristique, mais qui continue de prendre des points. À son arrivée à la tête de la sélection, Wilmots avait transformé Axel Witsel en milieu défensif. Presque trois ans après son intronisation, le sélectionneur national abdique et rend sa liberté au joueur du Zénith. À sa place, on retrouve désormais Radja Nainggolan. Moins sentinelle, plus explosif, il semble avoir profité du passage à l’heure d’été pour glaner les quelques points d’opinion favorable qui lui manquaient encore.

Pendant ce temps-là, Fellaini a dépassé Van Buyten

Cette nuit pluvieuse aura également été l’occasion de voir Marc Wilmots reconduire sa confiance en Nicolas Lombaerts, d’assister au premier but en deux ans et demi de Christian Benteke, aux débuts de Michy « supersub » Batshuayi, au passage en force de Toby Alderweireld sur son côté droit et à l’extinction d’un tabou : en inscrivant deux jolis buts, Marouane Fellaini (11 buts) dépasse enfin celui qui était encore jusqu’à peu le meilleur buteur en activité des Diables rouges, le retraité Daniel Van Buyten (10 buts). Une nouvelle ère qui ouvre un boulevard à toute une génération. À Lukaku (8 buts), Benteke (7), Mirallas (9) ou Mertens (7), mais surtout à Eden Hazard (7 buts/14 passes décisives et 55 sélections) et Kevin De Bruyne (8 buts /12 passes décisives et 31 sélections). Deux hommes qui cristallisent à eux seuls plus d’attention que n’en auront jamais l’ensemble de leurs concurrents. Deux hommes dont on attend qu’ils combinent, qu’ils s’amusent, qu’ils marquent et qu’ils gagnent. Ensemble, et tout le temps. Parce qu’ils sont les plus forts, que tout le monde le sait, mais qu’il faut aussi que cela se voie.

La déprime galloise

Dimanche 16 novembre dernier, il est 19h45, et la Belgique est sonnée. Pas seulement pour Dries Mertens, emmené à l’hôpital après un terrible choc crânien avec George Williams, mais aussi parce qu’elle vient de concéder le nul à domicile contre le pays de Galles (0-0). Pas forcément une catastrophe dans un groupe B qui se compose de la Bosnie-Herzégovine, de Chypre, d’Israël et d’Andorre, mais une petite sensation quand même qui obligera les supporters des Diables à ressortir leur calculette dans les mois à venir. Une habitude que les Belges pensaient devoir perdre pour un petit temps. Oui, mais non. Avec cinq points sur neuf, leur début de campagne qualificative pour l’Euro 2016 est un peu moribond. En 90 minutes contre les Gallois, les Diables ont certes eu des occasions, mais n’ont jamais su bouger le bloc adverse. Un mois plus tôt, la bande à Wilmots avait déjà eu bien du mal à faire le jeu pendant plus de 45 minutes en Bosnie-Herégovine (1-1).

20 phases de jeu suspectes

Dans les deux cas, la presse du Plat Pays n’avait pas manqué d’égratigner le manque d’automatismes du duo Hazard-De Bruyne. Dans La Tribune, le CFC local, le fort écouté Rodrigo Beenkens n’avait pas attendu les 90 minutes soporifiques contre les Gallois pour faire trembler les murs du Royaume via une analyse sans concession au lendemain du match nul contre la Bosnie. Selon lui, il y aurait une vingtaine de phases de jeu au cours de ce seul match prouvant qu’il y aurait une volonté, parfois consciente, de ne pas donner le cuir à Eden Hazard. Et de demander à ce dernier d’apprendre à « taper du poing sur la table » afin de devenir le « chef d’orchestre » de cette équipe. Sans jamais le nommer, c’est bien Kevin De Bruyne qui est ciblé par les invités présents ce soir-là sur le plateau de l’émission du service public. Positionné à la pointe du triangle de l’entrejeu en Bosnie, contre le pays de Galles et à l’occasion lors du Mondial, Wilmots lui avait confié les clefs du jeu et tout le monde s’attendait à ce qu’il les partage avec Eden. Sauf que la sauce ne prend pas. Pas tout de suite du moins. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Monté en épingle, ce qui aurait pu tenir de l’anecdote se transforme toutefois en constat implacable pour certains : les deux meilleurs joueurs belges seraient incapables de jouer ensemble.

La rédemption chypriote

D’analyses en analyses, de billets d’humeur en critiques, les éditorialistes du pays n’auront de cesse de se contredire, de pointer l’altruisme d’un Hazard, ou de s’émerveiller devant le réalisme d’un De Bruyne. Pour apaiser tout le monde, Marc Wilmots avait même choisi d’annoncer en exclusivité et plus d’un mois avant la réception de Chypre que les deux joueurs évolueraient sur un flanc. Hazard à gauche, De Bruyne à droite. Diviser pour mieux régner, les éloigner pour leur rendre leur liberté. Peut-être plus poussé par une pression médiatique que populaire, le sélectionneur belge peut être satisfait. À la maison, contre Chypre, les deux n’ont pas attendu dix minutes pour répondre aux critiques. Une passe millimétrée d’Eden pour Kevin aurait dû amener le premier but sans un arrêt du pied du portier insulaire. Pas grave, l’important était ailleurs. Pendant une heure, leur volonté de se trouver l’un l’autre saute aux yeux. Dans le stade ou devant les écrans, l’impression laissée est la même : les deux s’éclatent et se cherchent, quitte à dézoner. Souvent, presque tout le temps. Comme avant, en fait. Et cela Kevin De Bruyne en est certain depuis le début : « Je joue avec Eden depuis les équipes nationales de jeunes. Cela s’est toujours bien passé. Le duo Hazard-De Bruyne n’est pas le problème. On a un style différent. C’est bête de nous comparer. Et c’est normal que je touche plus de ballons que lui, en tant que joueur axial. Qui plus est, je cours un peu partout… » Mais quand on ne gagne pas, il faut bien trouver quelques coupables. Plus tard, cela tombera peut-être sur Kompany, Wilmots ou Lukaku. La vie, quoi.

Lyon, au carrefour de ses ambitions

Par Martin Grimberghs

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