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Halilhodzic : « En France, ça me fatigue »
En 2002, Vahid Halilhodzic devait prendre les rênes de Lyon. C'est finalement Paul Le Guen qui avait été choisi. Neuf ans après, le Bosniaque prend sa revanche : c'est lui qui entraînera la sélection algérienne. Interview juste après la signature.
Alors Vahid, on vient de prendre en main la sélection algérienne ?
Le contact a été pris depuis plusieurs mois. On a recommencé à parler il y a quelques jours, le nouveau président a beaucoup insisté. Au départ, j’étais sceptique, méfiant, encore marqué par ma mauvaise expérience avec la Côte d’Ivoire. Mais ils ont réussi à me convaincre. Ils me voulaient vraiment et sur la durée. Là, c’est quasiment mort pour la prochaine CAN, on va donc se concentrer à monter une équipe solide pour les suivantes.
Clin d’œil, vous prenez en main votre bourreau, la seule équipe avec laquelle vous vous étiez incliné avec la Côte d’Ivoire.
Oui, un petit peu. C’était un match bizarre avec une atmosphère particulière. Il y avait des problèmes avec le terrorisme à cette CAN en Angola. Quelques joueurs me l’ont dit après coup, ils n’avaient pas dormi la veille du match. Ce n’est pas quelque chose à dire, mais je crois qu’il y en avait qui étaient contents de perdre pour en finir au plus vite avec cette compétition. J’ai eu Drogba au téléphone il y a dix jours, on en a parlé. Et puis le match en lui-même, avec cette égalisation à la fin… C’est vraiment un mauvais souvenir pour moi, difficile d’en parler.
Vous dites que vous voulez monter une grosse équipe. Sur qui comptez-vous vous appuyer ?
Pour le moment, je ne connais pas assez l’équipe pour me prononcer. La seule chose que je sais, c’est qu’il n’y a pas traditionnellement de leaders techniques comme en Côte d’Ivoire, au Cameroun ou au Ghana, l’équipe a plus obtenu de bons résultats en équipe. Mais là c’est très inquiétant. Il faut arrêter l’hémorragie. La défaite contre le Maroc a marqué les supporters et les joueurs. Il va falloir repartir de l’avant.
On a beaucoup parlé de vous en Ligue 1, il y avait beaucoup de postes vacants…
Je n’ai pas de regrets. Moi, j’aurais bien aimé entraîner un club qui joue la coupe d’Europe. Mais j’ai pas le contact, pas le réflexe de faire de la promo, je suis pas consultant TV non plus. Alors pour certains, ce n’est pas évident de ne regarder que mes résultats. Ça me fatigue. Parce que si on regarde bien, j’ai obtenu des résultats partout où je suis passé : là, je sors d’un doublé impressionnant, on est champion avec 19 points d’avance, on gagne la coupe. La Côte d’Ivoire, je perds un match, on ne peut pas parler d’échec. Mais voilà, dès que j’arrive en France, les journalistes ressortent les mêmes trucs, « coach Vahid » etc etc. Ça me dégoûte.
C’est ce que vous avez ressenti quand vous étiez en pourparlers avec Valenciennes ?
J’ai discuté avec certains dirigeants. Mais j’ai remarqué qu’il y en avait qui ne voulaient pas voir débarquer Vahid. Ils allaient perdre de l’influence. Ils savent que mon caractère ne va pas supporter toutes ces discussions, je ne suis pas un entraîneur mouton. Regardez Deschamps à Marseille : on a l’impression qu’il a dû remuer ciel et terre pour avoir vraiment le pouvoir. Pourtant, les résultats, c’est lui. Parce que ses dirigeants, les jours où il n’y a pas de résultats, ce n’est jamais eux qui sautent. Ils n’assument jamais.
Revenons à la sélection. Quand allez-vous vous rendre sur place ?
Un rassemblement est prévu pour le 10 août. Mais je vais y aller dès le premier juillet pour discuter mettre en place un staff technique, médical, logistique. Il y a un match amical de prévu mais je veux l’effacer parce qu’il faut d’abord bien réfléchir pour mettre tout en ordre.
Propos recueillis par Romain Canuti
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