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Hadžibegić : « Les Serbes en sont capables »
La Serbie battue par la Suisse (1-2) après un succès inaugural face au Costa Rica (1-0) se qualifiera en cas de victoire contre le Brésil mercredi soir à Moscou. Un match nul pourrait aussi lui suffire si la Suisse perd de plus d’un but. Faruk Hadžibegić, ancien international yougoslave (61 sélections), croit les coéquipiers de Kolarov capables de renverser les Auriverde.
Avec une victoire, les Serbes seraient qualifiés pour les huitièmes de finale. Mais c’est le Brésil en face…Et pourtant, j’y crois ! Ils en sont capables. Je vois même la Serbie s’imposer 2-1. J’y crois parce que cette équipe a montré des choses intéressantes depuis le début de la Coupe du monde.
Et que le Brésil, au contraire, est assez décevant. Pas autant que l’Argentine, mais je le trouve un peu en dedans. Il y aura beaucoup plus de pression sur les Brésiliens, qui peuvent être éliminés mercredi soir, que sur les Serbes.
Les Serbes ont malgré tout pris un petit coup au moral contre la Suisse…C’est une défaite qu’ils auraient pu éviter. Leur première mi-temps fut de qualité, avec des bons enchaînements techniques, des passes bien ajustées, une vraie maîtrise tactique et une certaine puissance. C’est devenu plus compliqué ensuite. La Suisse est une équipe peut-être moins flashy, mais elle est d’un très bon niveau. Et les Serbes sont des professionnels. Ils ont perdu, mais ils ont depuis eu le temps d’évacuer leur déception. Ils sont préparés pour gérer ces situations et se projeter tout de suite sur le prochain match.
Les imaginez-vous mettre la pression sur les Brésiliens dès le coup d’envoi ?Je ne sais pas quelle stratégie leur sélectionneur (Mladen Krstajić, N.D.L.R.) adoptera, mais je pense qu’ils joueront l’attaque très vite. Quand on veut gagner, c’est ce qu’il faut faire. Mais pas n’importe comment. Et puis, quelle attitude va adopter le Brésil, qui aime avoir la possession ? Ce ne sont pas des équipes qui misent sur le contre. Cela peut donner un match ouvert, sans calcul. Je pense que la Serbie a un coup à jouer, car les Brésiliens me semblent parfois fébriles, nerveux. Et puis, tout ou presque est focalisé sur certains joueurs, dont Neymar. Cela donne l’impression qu’il règne une ambiance particulière dans ce groupe.
La Serbie de 2018 vous rappelle-t-elle la Yougoslavie que vous avez connue en tant que joueur ?Bien sûr. C’est comme la Croatie. Ça joue bien au ballon, il y a une grosse qualité technique individuelle. On a pu voir lors des deux premiers matchs des enchaînements de qualité, des phases collectives de haut niveau. C’est le talent yougo, en résumé. On nous appelait à l’époque les Brésiliens de l’Europe. Ce n’était pas pour rien.
On a tendance à dire que les joueurs de l’ex-Yougoslavie sont capables du meilleur comme du pire, que leur mental est friable…Cela peut effectivement arriver. On l’a vu avec la Serbie contre la Suisse. Tout allait bien en première période : elle menait 1-0, jouait très bien, proposait un bon spectacle.
Et quand les Suisses ont égalisé, il y a eu moins d’efforts. Mais le problème était peut-être aussi physique. On est fin juin, les joueurs ont eu une saison souvent très longue, et le manque de fraîcheur peut expliquer un certain relâchement…
Certains joueurs serbes sortent-ils du lot ?J’aime bien l’attaquant Mitrović. Il est puissant, adroit, plutôt bon techniquement. Il pèse sur la défense. Matić, Ivanović, Kolarov, Milinković-Savić, on les connaît : ils jouent dans de très bons clubs. Mais pour moi, la principale force de la Serbie, c’est son collectif.
Propos recueillis par Alexis Billebault