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Gerrard, c’est l’heure !
Liverpool, en quête d'une quatrième place qualificative pour la C1, joue gros samedi (13h45) face à Everton. L'occasion peut-être pour Steven Gerrard de sonner la révolte à l'heure où les Reds semblent sans solution pour inverser le cours d'une saison catastrophique.
Parmi les observateurs attentifs du derby de la Mersey, on pourrait bien trouver quelques paires d’yeux de l’Inter Milan. Allons bon ! Les Nerazzuri n’ont pourtant aucune chance de croiser cette saison la route de Liverpool et encore moins d’Everton. Alors quoi ? Il se trouve que les quadruples champions d’Italie sortants seraient extrêmement intéressés par la venue la saison prochaine de Steven Gerrard. Selon des bruits très persistants, le capitaine de Liverpool serait même la priorité absolue des Lombards et en particulier d’un certain José Mourinho dont il faut se rappeler que du temps où il cornaquait Chelsea (2004-2007), il avait remué ciel et terre pour l’attirer à Stamford Bridge et l’associer à Frank Lampard. En vain.
On ne s’avance donc guère en imaginant les Interistes volontiers supporters d’Everton samedi. Car tout échec désormais éloignerait Liverpool de son objectif principal, une qualification pour la prochaine Champions’, et par ricochet rapprocherait un peu plus Gerrard de la tunique noire et bleue. Inenvisageable il y a encore quelques mois, l’hypothèse prend un peu plus d’épaisseur au regard des graves difficultés financières de la Maison Rouge mais aussi des désillusions sportives répétées des Reds qui menacent de miner définitivement le moral du mythique leader de Liverpool. On le voit, c’est sans doute un peu plus de trois points qui seront en jeu sur la pelouse d’Anfield dans quelques heures.
Traumatisé par la saison dernière
Gerrard a le moral en berne cette saison. La faute aux piètres performances des siens, c’est évident. Mais on serait tentés de dire que les déboires des hommes de Rafael Benitez ne sont que des symptômes. Les causes sont sans doute plutôt à aller chiner dans les archives du mois de mai dernier quand Liverpool a fini par capituler une nouvelle fois face à l’ennemi absolu, Manchester United. Un crève-cœur pour Gerrard plus que pour tout autre. Habitué aux championnats sans futur dès le Boxing Day, ce pur Scouser n’avait jamais été aussi près du but suprême pour tout Anglais qui se respecte : le titre de champion. Celui qui échappe invariablement aux Reds depuis 1990, sans que jamais depuis (hormis en 1991, comme un dernier souffle du règne finissant), ils ne soient en mesure de rafler de nouveau la mise, abonnés désormais au rôle d’animateurs de luxe, tout juste bons à assister de loin aux sacres des autres.
Oui, avant la saison dernière, Gerrard avait toujours subi de plein fouet le décalage immense entre les performances de son équipe rentrée dans le rang et ses souvenirs d’enfance quand Liverpool dominait haut la main l’Angleterre et l’Europe. Mais la saison passée, les Reds avaient mené la Premier League tambour battant, jusqu’aux ultimes soubresauts de l’hiver avant de se faire doubler par l’increvable MU, sans jamais se faire larguer ensuite, comme pour mieux remuer le couteau dans la plaie. Oui, Gerrard a peut-être été durablement détruit par ce scénario cruel. Et depuis, soyons francs, il se traîne, entre pépins physiques et blessures de l’âme.
Du Churchill en lui
Mais gare à ne pas enterrer le possible prochain capitaine de l’équipe d’Angleterre ! L’homme du miracle d’Istanbul en 2005 est le spécialiste absolu des paris impossibles. C’est souvent lorsqu’il a été acculé que Gerrard a donné sa pleine mesure, dans une posture à la Churchill, finalement assez logique pour ce natif de Whiston (ok, ok…). Son équipe est décimée par les absences ? Une paille ! Les vrais spécialistes de Liverpool vous diront tous que Gerrard n’a jamais été plus fort que lorsque sa paroisse ne ressemblait plus à rien, notamment entre 2003 et 2005 quand des Salif Diao le disputaient aux Bruno Cheyrou et autres Djimi Traoré. C’est à ce moment-là, quand chaque match des Reds ressemblait à une embuscade, que Gerrard a été le meilleur, notamment dans un poste de piston haut de gamme, « engineering machine » comme aimait à le décrire Gérard Houllier Soit un type capable de partir de loin et à la fois de récupérer, créer, percuter et marquer. Le joueur idéal quand le reste de l’équipe prend des allures de joyeux n’importe quoi.
Certes, par la suite, au gré d’une qualité d’effectif croissante, Gerrard a évolué plus haut pour davantage faire la décision mais sans forcément avoir exactement la même influence malgré des stats en hausse. Mais avec l’absence prolongée de Torres, la méforme persistante des autres, il ne reste guère que lui pour sauver ce qui peut encore l’être. Le genre de mission à sa mesure. Et si la saison de Gerrard commençait maintenant ?
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