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Finale de C1 Liverpool-Real Madrid : une remise en question est impérative

Par Florent Caffery
Finale de C1 Liverpool-Real Madrid : une remise en question est impérative

Plus de 200 blessés légers, des gaz lacrymogènes dans la tronche de mecs avec des billets, des Yamakasi escaladant les grilles de l'enceinte, des milliers de supporters parqués comme du bétail. Cette finale de C1, au-delà de l'énième couronnement du Real Madrid, restera celle de la débandade de tous les maillons organisationnels, de l'UEFA à la FFF en passant par la préfecture de police. Certains parlent même d'un drame à la Hillsborough évité de peu. À un an de la Coupe du monde de rugby chez nous, à deux d'une cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques sur les quais de Seine, la faillite de la gestion des supporters à la française a éclaté aux yeux du monde.

La dernière fois que des « Open the gate » avaient autant retentis, c’était dans Game of Thrones. Devant les grilles du Stade de France, ils sont encore des centaines, entassés comme des sardines, attendant désespérément de voir les portes métalliques s’ouvrir pour enfin assister à la finale de Ligue des champions. Des dizaines, sans billets, sont passés sans retenue au-dessus des grilles, d’autres essuient encore les larmes de gaz lacrymogènes utilisés à foison. « J’ai vu des enfants, des personnes âgées, se faire gazer », jure Ronan Evain, directeur de Football Supporters Europe, association représentative des supporters sur le Vieux Continent. Les images du chaos épousent déjà la viralité des réseaux sociaux, le coup d’envoi a été retardé de trente-six minutes et certains n’arrivent à leur siège qu’à la mi-temps.

À qui la faute ? Niveau autorités françaises, on ressort le triptyque classique : supporters, tensions, foutoir complet. Dans sa petite tour d’ivoire du PC sécurité de l’enceinte dionysienne, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin apparaît aussi concentré qu’un lycéen devant sa copie de philo au bac : « Des milliers de « supporters » britanniques, sans billet ou avec des faux billets, ont forcé les entrées et, parfois, violenté les stadiers. » Sans surprise, la nouvelle ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra emboîte le pas du locataire de la place Beauvau, flinguant les « milliers de supporters anglais (qui) ont compliqué le travail des stadiers et des forces de police, mais ne terniront pas cette victoire ». Une belle réécriture de l’histoire.

C’est le pire match européen sur lequel j’ai pu travailler. Le comportement des supporters aux entrées a été exemplaire dans des circonstances choquantes.

L’UEFA, elle, ne retient que les faux billets achetés par les Scousers ayant mis hors d’usage les tourniquets d’accès et débouchant, dans le bordel complet, à fermer la grande majorité des entrées. Un officier de police liverpuldien présent à Saint-Denis s’est empressé de leur rentrer dans le lard : « C’est le pire match européen sur lequel j’ai pu travailler. Le comportement des supporters aux entrées a été exemplaire dans des circonstances choquantes. » Député du Labour, Ian Byrne lui a emboîté le pas sur les réseaux sociaux en dénonçant « la pire expérience de (s)a vie. Sécurité et organisation épouvantables mettant des vies en danger. Manque honteux d’organisation et d’expertise » .

Qui tape sur qui ?

L’arrivée tardive de la Red Army serait en cause, « mais la plupart étaient là dès 17h », appuie Ronan Evain, lequel a vu les sorties du RER D rapidement saturées. Il y a eu un souci d’aiguillage des supporters à la sortie de la station, tout le monde s’est retrouvé au même endroit, entassé. Clairement, un goulot d’étranglement entre deux fourgons de police. Le premier filtrage pour accéder au parvis a sauté et débouché sur des mouvements de foule. « C’est un effet domino, mais c’est inacceptable de taper sur les supporters de Liverpool. Certains ont attendu deux voire trois heures devant le stade alors qu’ils avaient un billet… »

Oui, des Britanniques se sont présentés sans billets (comme ça avait été le cas lors de la finale de l’Euro 2020 à Wembley). Mais ajoutez à cela de nombreux perturbateurs locaux sans le précieux sésame s’en prenant à des supporters, des journalistes forcés de supprimer les images des débordements sous peine de voir leur accréditation sucrée, le bus des Reds à l’arrêt dans les bouchons et mettez le tout en mondovision. Vous obtiendrez l’image d’un pays incapable de se hisser à la hauteur d’un tel événement. Contacté, le ministère de l’Intérieur indiquait vers 23 heures que « le dispositif était bien dimensionné (6800 policiers et gendarmes pour gérer Paris et le Stade de France, NDLR),les forces de l’ordre ont eu une réaction rapide sur place. Les perturbateurs ont été éloignés pour faciliter l’accès à ceux ayant un billet. Après, c’est vrai qu’à la sortie du RER, il n’y avait pas 36 possibilités, ça n’a pas facilité les choses. L’afflux par vague des supporters a compliqué l’arrivée au stade. Est-ce que tous les supporters avaient été bien briefés ? » Une question à laquelle on peut répondre par une autre question : et si on se remettait en cause ?

238 blessés, 68 interpellations, 1 but

Et si on se regardait dans la glace au lieu de taper à tout-va sur des hommes, femmes et enfants ayant claqué un demi-salaire pour s’offrir le rêve d’une vie de supporter ? Dix jours plus tôt, 150 000 gaillards de Glasgow et Francfort déferlaient sur Séville pour l’épilogue de la Ligue Europa. Bilan, quelques incidents mineurs (des bagarres avaient éclaté à quelques kilomètres du stade sans blessés graves) et une java XXL dans la chaleur andalouse. Au lieu de cela, la soirée de Saint-Denis est un tableau noir : 24 tirs pour Liverpool, 1 but de Vinicius Junior, 68 interpellations, 39 gardes à vue et 238 blessés légers, traités sur place. Le Liverpool Football Club a demandé des explications, l’UEFA un audit. Reviennent en boomerang les belles paroles de Noël Le Graët, sur son trône de la FFF, lorsque la finale avait été déplacée de Saint-Pétersbourg à Saint-Denis en raison du conflit ukrainien : « La FFF mettra tout en œuvre pour que cet événement se déroule dans les meilleures conditions. » Ça pique. Et rappelle qu’avec des dizaines d’arrêtés préfectoraux (plus de 130) tout au long de la saison de Ligue 1 pour réduire les parcages extérieurs au silence, la France n’est pas en mesure d’être un hôte cinq étoiles pour une finale européenne.

Les dirigeants de notre football et ceux dans les ministères lorgnent sans cesse sur ce modèle anglais, mais oublient que là-bas, on est en mesure de faire transiter à travers le Royaume des milliers de supporters d’un stade à l’autre même en pleine semaine. Pendant que chez nous, on laisse chez eux 500 Nantais souhaitant se rendre à Lens avec des arguments d’école maternelle : trop de policiers sont mobilisés à un vide-grenier à Liévin ou aux rencontres internationales de cerfs-volants de Berck-sur-Mer. Hop, parcage fermé. En rire ou pleurer, c’est au choix. « C’est un problème franco-français, achève Ronan Evain de la FSE. Il y a une incohérence entre le fait d’interdire 100 supporters en déplacement en Ligue 1 et se croire capable de gérer comme ça une finale de Ligue des champions avec 50 000 personnes venant de Liverpool. J’espère que l’on va apprendre d’une telle soirée, mais quand je vois que l’on tape déjà uniquement sur les supporters, je me dis qu’on n’est pas près d’y arriver. » Ni de revoir une finale de C1 dans l’Hexagone.

Le carnet tactique de Liverpool-Real
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Par Florent Caffery

Tous propos recueillis par FC, sauf mentions.

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