Le tchèque sans bière
L'histoire et l'angoisse remontent à son adolescence. Vladimir Darida se retrouve handicapé par un arrêt soudain de sa croissance. Alors qu'il commence à faire éclore son football et son toucher de balle, il se retrouve à la masse par rapport à ses coéquipiers des jeunes du Viktoria Plzeň. Physiquement, il ne tient plus la route et passe à deux doigts de mettre fin au rêve d'une carrière professionnelle. La raison et la maladie est détectée : Darida est en fait victime d'une maladie cœliaque, autrement dit une intolérance au gluten, dont la conséquence directe est un arrêt soudain de la croissance. Il explique désormais au Berliner Zeitung la chose ainsi : « Mon estomac ne peut pas digérer le gluten. Je ne mange pas de pain, de nouilles ou de pizza. Et je ne bois pas de bière. » Sur le coup, la nouvelle est rude. « Pendant trois mois, je n'ai presque pas pu faire de sport. C'était difficile psychologiquement » , se souvient-il dans les colonnes de Marca. Puis le football retrouve sa place. Le natif de Sokolov apprend à grandir avec cette contrainte. Il s'habitue à sa nouvelle alimentation et gagne presque en force physique. « Je suis obligé de faire ça, mais cela m'aide aussi en tant que sportif. » Aujourd'hui, à 25 ans, Darida est en pleine possession de ses moyens et l'un des meilleurs joueurs de son équipe. À l'image de Djokovic qui a popularisé le « régime » à la fin de l'année 2010, Darida incarne-t-il à sa manière les bienfaits du sans gluten chez les sportifs ?
Freed from gluten
Le régime sans gluten a été promu ces derniers temps par quelques sportifs de renom, lançant une mode qui dépasse les maladies cœliaques et la simple nutrition pour le haut niveau. Sur le plan du terrain, Vladimir Darida a en tout cas été suffisamment performant pour que cette intolérance au gluten puisse être vue comme une petite bénédiction. Le Hertha Berlin, son club, s'est longtemps trimbalé dans le trio de tête – avant d'accuser le coup sur la fin de la Bundesliga. Darida a lui été parmi les joueurs les plus hyperactifs sur le terrain, en courant en moyenne un bon 13 km par match. Un marathonien du foot, qui se verrait bien devenir marathonien tout court après sa carrière. Tout cela grâce au sans-gluten ? Sur le site Allodocteurs, le nutritionniste Patrick Serog considère surtout les effets psychologiques d'une telle alimentation : « Supprimer des aliments de son alimentation est un peu comme une nouvelle religion, c'est un peu se recentrer sur soi-même, c'est penser à soi… » Mais pour Darida, malade, la question n'est pas là. L'effet psychologique vient au contraire dans le sens inverse : retrouver la nourriture typique du régime 100 % gluten. Chose faite à Berlin, où le Tchèque a goûté de nouveau au plaisir de la pizza. Dans la ville de la hype, le gluten free se trouve mangé à toutes les sauces. Au restaurant Cielo di Berlino, un des deux seuls endroits où on trouve de la pizza sans gluten dans la capitale, on a même entendu parler du joueur du Hertha – impossible toutefois de savoir si c'est là ou à la concurrence qu'il a trouvé son bonheur. « On a vu un reportage télé sur lui qui racontait son histoire. On a pensé lui envoyer un e-mail pour l'inviter. On adorerait discuter avec lui de la manière dont on fait nos pizzas » , raconte avec plaisir la tenancière Barbara Bonfiglio. Leur méthode reste un secret, mais le principal aspect, avoué à demi-mots, c'est d'avoir le bon matos. Pour que la pizza soit savoureuse, il faut trouver le four à pizza adéquat et suffisamment puissant. « Le four que nous utilisons cuit la pâte à 450° celsius. Sans cela, elle risquerait d'être trop sèche. » Il est là le secret final du joueur. Sans gluten, Darida est devenu un dur à cuire.
Par Côme Tessier
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