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Belarustine
A Minsk, on a encore en tête la victoire "historique" du match aller au Stade de France (1-0). Pourtant, c'est une équipe de Biélorussie considérablement affaiblie qui accueille les Bleus ce soir. Sans parler de la crise économique qui désosse le pays. SOS.
Cette semaine, on a surtout parlé économie en Biélorussie. Pas le temps de se pencher sur le football quand toutes les bourses du pays crient famine. Et oui, en proie à l’un des déficits financiers les plus gargantuesques de la planète, le pays a fait la manche toute la semaine. Face au Fond Monétaire International d’abord. À son voisin russe ensuite. Par pitié, Moscou n’est pas contre l’idée de prêter 3 milliards de dollars à condition que les voisins de Minsk s’engagent dans une opération géante de privatisation afin de gaver les Russes en retour. Quand on connaît l’amour qui existe entre les deux pays, ça laisse rêveur. Une affinité qui s’étend jusqu’au blase même du pays. Quand les locaux préfèrent Bélarus, les Russes parlent de Biélorussie. D’aucuns affirment que Biéla-Rous’ signifie Russie Blanche. Pour d’autres, Rous’ est l’ancien patronyme de la Ruthénie, et Biéla évoquerait la notion de franche. La Ruthénie étant à l’époque la seule peuplade slave non soumise au joug des Tatars. Oui, c’est un peu la merde en fait.
Dans ces conditions, le match contre les Bleus est loin de passionner les foules alors que l’équipe nationale est toujours calée à la deuxième place du groupe D (le Bélarus a 8 points, comme l’Albanie, la France en a 12 après 5 matches, ndlr). Surtout que l’équipe alignée par le Teuton Bernd Stange est loin de faire saliver. Déjà pas très vaillante en temps normal, le onze bélarus devra faire sans ses quatre fantastiques. Enfin, façon de parler. Alexander Hleb (Ex-Arsenal), Vitali Koutouzov (Bari), Vitlay Rodionov (BATE) et Sergueï Kornilenko (Blackpool) sont sur la touche pour ce soir (blessés ou suspendus, ndlr). Soit, grosso modo, tous les mecs qui savent jongler et/ou tenir 90 minutes sur un terrain de football. Sans ses hommes forts – en tout, il manquera huit titulaires –, Strange filera les clés de la maison à Slavo Hleb, petit frère de. Une pâle copie de l’autre tant le joueur du Dynamo Minsk est lent et inadapté à jouer en pointe. Forcément, on est loin d’une équipe de cracks.
Le Président de la République fan d’Adolf Hitler
Bon, le match est joué alors ? On y va, on regarde quelques culs et on fait le boulot sur le terrain. Un sentiment visiblement partagé par tous. Même les joueurs locaux n’y croient pas. « La France est favorite, leur équipe est complètement différente maintenant » affirme le gardien du PFC Sevastopol, Sergei Veremko, sur le site de l’UEFA. « On a aussi dû se renforcer à cause des blessures et des suspensions. Tout le monde sait que ça va être dur. On va devoir tout donner, pas se donner à 100 %, mais carrément à 200 %, et espérer que d’autres facteurs jouent en notre faveur« . Il faut dire que les récents résultats des Bélarus font froid dans le dos. Deux défaites contre le Canada et l’Albanie (1-0 à chaque fois, ndlr), ça laisse des marques. Pour combler cette misère humaine, on a fait appel aux jeunes des U21 comme l’attaquant Andrei Voronkov qui évolue au FC Kryvbas Kryvyi Rih. Pis, Stange a fait appel aux novices Sergei Chernik et Vitali Trubilo. À une époque, Domenech parlait de racler les fonds de tiroir. Strange, lui, est parti dans le néant pour composer son groupe.
Même l’avantage de joueur à la maison compte pour du beurre. Officiellement présentée comme une démocratie, le Bélarus a un président, Alexandre Loukachenko, qui a été réélu en 2010 avec 80% des voix. Le lendemain, le pays a été en proie à de multiples affrontements pour dénoncer des élections qualifiées par certains de frauduleuses. On parle d’un mec admirateur d’Adolf Hitler et qui se vante d’être le seul député à voter contre la dissolution de l’URSS en 1991. Peut-être une source de motivation pour les onze « soldats » présents sur le pré. En tout cas, Bernd Stange ne la ramène plus. Lui qui avait prédit la victoire des siens au match aller se fait plus discret : « On va avoir besoin d’un nouveau miracle. » On le comprend.
Par Mathieu Faure
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