Un vent de fronde souffle sur le football italien
La Juventus de Turin a annoncé le 23 décembre dernier la vente pour 218 M€ de ses droits TV pour la période 2007-2009 à Mediaset, le groupe audiovisuel de la holding Fininvest, propriété du chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi.
Le contrat concerne les matchs à domicile, les entraînements et les matchs de préparation de l’écurie turinoise (il comporte en outre une option pour une année supplémentaire contre 30 M€, portant le pactole à 250M€). Derrière ce chiffre astronomique se profile une victoire de Mediaset face au bouquet satellitaire Sky du magnat australien Rupert Murdoch, qui devra racheter les matchs de la Juventus pour les diffuser.
Les réactions les plus pessimistes se multiplient: « Acte de décès du football italien » , « Que vont devenir les petits clubs? » … Ces petits clubs qui dénoncent leur marginalisation et la répartition « inégale » des recettes. Certains d’entre eux ne dépassent même pas le million d’euros annuel en termes de droits télé.
Une nouvelle fuite en avant où seules les grosses écuries, suivies par des millions de supporters dans toute la Péninsule, se remplissent les poches, laissant aux petites équipes les miettes du gâteau (estimé à environ 500 M€ au total).
« J’espère que la Juventus descendra sur la pelouse pour jouer seule ou contre son équipe espoir puisqu’elle fait tout dans son coin » , a fustigé le président de Palerme et vice-président de la Ligue professionnelle des clubs (Lega Calcio), Maurizio Zamparini. Avec sept autres équipes, dont la Fiorentina, Livourne, Parme et la Sampdoria, le club sicilien a publiquement demandé à la Fédération italienne de football (FIGC) de prendre des mesures pour mettre fin à « la disparité absolue dans le traitement entre les grandes sociétés et les équipes petites et moyennes » . Pourtant, au vu des règles en vigueur, la Juventus n’a rien fait de répréhensible en se vendant au plus offrant.
En Italie, les droits de retransmission sont individuels depuis une loi votée en 1999, sous le gouvernement de centre-gauche de Massimo D’Alema. Chacun peut les vendre comme il l’entend et à qui il veut. Les attitudes de la Juventus et de Mediaset n’augurent donc de rien de très nouveau. Selon des indiscrétions de la presse italienne, Mediaset a également engagé des négociations avec l’Inter et le Milan AC de Silvio Berlusconi ; les chiffres évoqués pour d’éventuels accords approchent le pactole raflé par la Juventus, renforçant ainsi les craintes des petits clubs. Ceux-ci exigent le retour à l’ancien système de gestion collective des droits télévisés, avec une redistribution plus équitable des recettes aux équipes par la Ligue professionnelle. Parmi eux, le président du Toro (Torino), Urbano Cairo : « Le modèle actuel n’est pas viable. Les grandes équipes n’existeraient pas s’il n’y en avait pas 30 petites. Je crois que nous devrions adopter le modèle français, avec une répartition collective des droits à hauteur de 50% (contre le 18% actuels). »
Une demande appuyée par des parlementaires italiens de tous bords politiques et par le président de la Fédération italienne de football, Franco Carraro. « La loi de 1999 doit être abrogée. Aucun texte de ce type n’existe dans les autres pays européens » , a-t-il estimé, proposant une réunion entre les dirigeants de clubs sur ce thème le 9 janvier prochain. Deux jours plus tôt, le Championnat d’Italie reprendra ses « droits » : Palerme, onzième du classement, recevra la Juventus, leader à la trêve avec 12 points d’avance sur son premier poursuivant.
RP
Sources : AFP/Gazzetta dello Sport (version papier/gazzettadellosport.it)
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