- C1
- 8es
- Tottenham-Juventus (1-2)
Trois minutes, douche comprise
Bousculée, touchée, quasiment éliminée, la Juventus a finalement arraché un succès qui s'est dessiné en l'espace de trois minutes. Les trois seules où la Vieille Dame a été clairement supérieure à son adversaire. La marque d'une équipe taillée pour l'Europe.
Quand Son Heung-min tope sa reprise et trompe Gianluigi Buffon, c’est peu dire que la Juventus est dans le dur. Tenue en échec à la maison au match aller 2-2, menée au score à Wembley, la vieille peau est dominée dans tous les secteurs par une équipe de Tottenham qui fait alors un vrai match de Coupe d’Europe. Pendant plus d’une heure, les Bianconeri ont subi, souffert, et pris très cher. Puis, à l’heure de jeu, Massimiliano Allegri fait un double changement : Mehdi Benatia et Blaise Matuidi sortent, Stefan Lichsteiner et Kwando Asamoah entrent. Fin du 3-5-2 habituel de la Juve, pour un 4-4-2 plus classique. Six minutes plus tard, Gonzalo Higuaín et Paulo Dybala ont replacé leur équipe en tête, avec deux pions à trois minutes d’intervalle. Simple et efficace. La marque, surtout, d’un club et d’un technicien qui connaissent les recettes pour exploiter les moindres absences de l’adversaire, gérer ses temps faibles et aller plus loin en C1.
Inférieure dans le jeu, mais plus efficace
Le savoir-faire de la Juve ? Avoir renversé des Spurs supérieurs dans le contenu comme dans les intentions, et sur les deux matchs qui plus est. Comment ? En faisant le dos rond avec solidarité et humilité quand Dele Alli, Harry Kane, Moussa Dembélé et Christian Eriksen menaient les débats, puis en plaçant une banderille dans le court laps de temps où les hommes de Mauricio Pochettino ont relâché la pression. Les chiffres du match de mercredi ne trompent pas : possession de 56% en faveur des Anglais, également dominateurs au nombre de tirs et occasions. Mais dans l’efficacité, la Juventus a marqué deux fois sur deux tirs cadrés. Certains parleront de chance, ou de réussite pour être plus respectueux de l’ADN piémontais. D’autres y verront de la pugnacité, notamment dans le sauvetage à l’arrache d’Andrea Barzagli pour empêcher l’égalisation devant un Son à la réception du ballon de Kane sur le poteau de Buffon. La première moitié de l’action est un coup du sort favorable à l’équipe italienne, sa conclusion est le fruit d’une détermination extrême du défenseur vétéran.
Un exemple à suivre pour briller à l’échelle européenne
À l’image d’une Juventus qui n’a rien lâché. La marque d’une équipe qui ne cherche pas à scander tout haut des ambitions qui vont de soi, à paraître plus belle qu’elle ne l’est ou à affronter un adversaire sur le terrain où il lui est supérieur. Cette Vieille Dame n’avait pas vocation à détruire Tottenham façon rouleau compresseur. Cette Vieille Dame a même longtemps donné l’impression d’être inférieure à son opposant du jour, voire d’être moribonde et un pied et demi dans la tombe. Mais cette Vieille Dame s’est accrochée au mince fil qui la maintenait en vie, avant de mettre le pied dans la porte sur les deux seules vraies ouvertures concédées par Mauricio Pochettino et ses hommes. La marque des plus grands. Un bel exemple à méditer pour tous les ambitieux qui aimeraient se forger une culture de la gagne.
Par Nicolas Jucha