Tournoi de soutien à Ingrid Bétancourt
Événement couvert par la quasi-totalité des organes de presse, de radio et de télévision française, le tournoi de football en salle en soutien à Ingrid Betancourt et aux otages des FARC en Colombie du vendredi 24 février a subi un traitement médiatique convenant et aseptisé consistant à souligner trop exclusivement la générosité de Renaud et de ses amis, répartis en quatre équipes : "Anciens PSG", "Olympiques", "Variété FC" et "Démocratie" (Conseil de Paris). So Foot tient à faire le point sur la débâcle sportive de cette louable et réussie sauterie footballistico-charitable et sur ses moments forts.
– Les parades imprévisibles de Pascal Cherki (adjoint au maire chargé des Sports), contrastant avec ses longues pauses au buffet, obligeant une fois n’est pas coutume le peu inspiré Raphaël Mezrahi (qui « rêve toujours de faire venir Pauleta à Troyes dans l’Aube » ) à s’époumoner avec les spectateurs afin de remobiliser le Peter Shilton de l’Hôtel de Ville.
– La tête plongeante dans le vide de Didier Bariani (président du groupe UDF au conseil de Paris) après un centre dont il connaît pourtant toutes les subtilités et son départ houleux et aigri après que Joël Quiniou ait validé un tir au but de l’équipe « Olympiques » de Richard Dacoury, condamnant le team « Démocratie » à terminer à la dernière place du tournoi.
– La chute au ralenti et vers l’avant de Jean Vuillermoz (président du groupe communiste au Conseil de Paris) qui termina sa course gaufré contre le parquet (après avoir subi un peu plus tôt une charge de Didier Deschamps), ce qui lui permit de s’attirer par la même les faveurs du public et contribua à la probable création de son fan-club.
– La grâce d’Anne Hidalgo (1ère adjointe au maire), joueuse peu inspirée mais oratrice hors pair, seule élue capable de sensibiliser avec force et conviction les spectateurs présents sur les enjeux de la mobilisation médiatique pour la libération des otages.
– L’aveugle stupidité du feu follet sportif, ambitieux et passablement énervant Stéphane Le Floch (conseiller du 19ème arrondissement de Paris), mobylette électorale, coupable d’un tacle dangereux sur Laura Flessel, d’un tampon sur Richard Gasquet (convalescent) et d’un écrasement contre rambarde de Lolo Fournier.
– Les commentaires usés et lancinants de Thierry Roland, singés par Estelle Denis (tellement mieux sans maquillage ni Dominique Grimaud), lançant des œillades à Raymond D. après chaque vanne dissimulée derrière les répliques trop convenues du président du Variété FC.
– Les tout aussi usés commentaires de Jaques Vendroux, parrain du tournoi et pourtant en plein multiplex pour France Inter dans les coulisses, alpaguant tour à tour Patrick Blondeau et Dider Deschamps à la sortie des sanitaires pour recueillir leurs commentaires non pas sur l’état de salubrité des pissotières quand tout portait à le croire mais plutôt sur leur « engagement » anti-FARC avec des questions aussi formatées et fumeuses les unes que les autres dont « L’engagement quotidien envers de nobles causes est-il le quotidien des sportifs de haut-niveau ? » qui fut à n’en pas douter le point d’orgue d’une soirée qui laissa sûrement plus d’un auditeur perplexe.
– La bonhomie du très débonnaire Angelo Parisi, flamboyant champion olympique de judo en 1980, aujourd’hui adepte malgré lui du style « obésisant » de Pierre Ménes qui semble, d’après les récentes statistiques de l’INSEE, s’étendre plus vite que la grippe aviaire à l’ensemble des français.
– La réelle dextérité balle au pied du lutteur Ghani Yalouz, meilleur passeur du tournoi, à mi-chemin entre Alain Giresse et… Karl Olive.
– La présence furtive et pour la photo (au centre et en grand format, bien sûr) de l’illusionniste David Douillet, présent en tout et pour tout 47 minutes, tout comme José Touré qui, lui, avait « un train à prendre ! »
– La talonnade ratée du chaleureux Claude Goasguen, manquant de se blesser deux jours avant les résultats (favorables pour lui) des primaires de l’UMP pour l’impossible reconquête de la Mairie de Paris.
– La faible performance de la trop loquace Clémentine Autain (adjointe au maire chargée de la jeunesse) auteur d’un but contre son camp 10 secondes après être entrée en jeu.
– La gueulante poussée par le capillairement iconoclaste Jean-Guy Wallemme après le tirage de maillot de son coéquipier Patrick M’Boma (unique talent de cette soirée) par Alain Roche, non sanctionné par le volontairement laxiste trio arbitral conduit par Joêl Quiniou.
Si les spectateurs et les médias ont répondu présent, les joueurs, eux, auraient quand même mieux fait de s’entraîner un minimum pour justifier le tarif de 10 € des places les moins chères. Mais si l’important était de participer pour faire passer le message, alors le pari fut réussi. Quant à savoir si les performances croquignolesques de Thierry Rey ont pu attendrir les forces révolutionnaires armées colombiennes, c’est, comme le chantait le visionnaire Gérard Blanc, « une autre histoire » …
Brieux Férot
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