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Henry, premières balises posées

Par Maxime Brigand

Large vainqueur du Danemark (4-1) et en Slovénie (0-4) lors des deux premières sorties de l’ère Thierry Henry, l’équipe de France Espoirs est ce vendredi à Sarajevo pour poursuivre son développement tactique après un premier rassemblement qui a vu apparaître un losange rare et inspiré. En voilà les ingrédients.

Henry, premières balises posées

Moins de dix minutes auront suffi pour le voir se dresser dans sa zone technique et crier à ses hommes : « Tout de suite ! Vers l’avant, vers l’avant ! » Le chapitre bleu de la carrière du Thierry Henry coach venait à peine de s’ouvrir, et le public du stade Marcel-Picot de Nancy apprenait seulement à redécouvrir l’ancien international français dans un rôle que la France du foot ne l’avait plus vu endosser au bord de ses pelouses depuis son éviction de l’AS Monaco, début 2019. Là, on a instinctivement repensé aux propos tenus par le même Henry, en janvier 2021, lors d’un long entretien donné à So Foot. Il disait alors : « La seule chose que je n’accepte pas en tant que coach, c’est quand quelqu’un ne prend pas de risques. On joue au foot, on ne part pas à la guerre, donc joue, ose, provoque, tente. Si tu ne tires pas, tu ne vas pas marquer. Le seul échec que tu as, c’est quand tu ne tires pas. Michael Jordan le disait bien : ses seuls échecs sont les moments où il n’a pas pris de shoot. C’est ce que je dis tout le temps aux joueurs : comment réussir si on ne tente pas ? Je tiendrai ce discours jusqu’à la fin. » Durant les deux premières rencontres que le patron des Bleuets a passées aux côtés de sa nouvelle meute, il a ainsi donné de la voix pour pousser les jeunes talents convoqués sous ses ordres à s’exprimer, recadrer un joueur sur l’orientation de son corps, motiver un autre à sortir griffer un adversaire, forcer ses défenseurs centraux à exploiter l’espace devant eux. En bref, Thierry Henry s’est vite attelé à sa première mission, qui se décomposait en deux axes liés : la création d’un « esprit » et la mise en place d’une structure de jeu claire. S’il serait complètement idiot de tirer de grandes conclusions avec un échantillon de jeu aussi faible entre les mains (180 minutes), il est possible d’affirmer que cette double mission est, au-delà des résultats – deux succès face au Danemark (4-1) et en Slovénie (0-4) –, déjà une réussite.

Un système audacieux

Il faut d’abord souligner l’audace d’Henry dans le choix de son système – un 4-3-1-2 – tant il est rare de le voir déployé en 2023. Il s’en est justifié en début de semaine dans L’Équipe : « En arrivant, j’ai regardé la génération et ce qu’on avait comme joueurs. On a énormément de numéros 9, donc on ne peut pas jouer avec des ailiers écartés. Je pars du principe qu’il faut mettre les joueurs aux postes où ils se sentent le mieux. Mon idée, c’est de presser et avoir le ballon. En possession, le ballon doit voyager, et non dribbler. Dribbler, c’est le dernier truc. Parce que si tu peux donner un ballon en profondeur, alors c’est la meilleure chose à faire. Après, il y a des mecs qui font des trucs illogiques, Messi, Ronaldo le Brésilien… Ils dribblent cinq mecs et ça fait but, mais ça, ce n’est plus de la tactique. Il faut toujours avoir un truc ciblé en possession et hors possession, c’est le plus important, car personne ne va à la vitesse d’un ballon. » Avec ballon, les Bleuets version Thierry Henry prennent la forme d’un 3-4-1-2, où Lesley Ugochukwu, la pointe basse du losange, vient généralement se glisser entre les deux centraux, ce qui permet d’assurer la plupart du temps une supériorité numérique à la relance, mais aussi de maintenir un équilibre à la perte du ballon. À l’étage supérieur, les latéraux jouent assez haut et sont chargés de l’animation de couloirs très sollicités pour attaquer la profondeur via des courses des relayeurs ou pour finir une séquence par un centre (il n’est d’ailleurs pas rare de voir un latéral centrer pour l’autre latéral). Entre eux, deux milieux (Zaïre-Emery et Lepenant au coup d’envoi des deux premières rencontres) sont les pions centraux, devant à la fois être des garants du rythme de la circulation et de la bonne coordination du pressing, les relayeurs d’un losange devant sortir sur les latéraux adverses. La suite de l’animation offensive appartient aux idées de Rayan Cherki, placé en fauteuil dans un rôle de meneur, mais aussi et surtout aux courses et à la complémentarité du duo offensif. Sur ce dernier point, Henry a la chance de posséder dans son panier des attaquants (Wahi, Kalimuendo, Barcola, Tel) dont les qualités se marient plus que très bien.

Centraux responsabilisés et coordination

Au-delà du papier, plusieurs éléments sont à retenir des deux premières sorties avec Thierry Henry, à commencer par le comportement de ses centraux, rarement aussi responsabilisés dans le jeu des Bleuets ces dernières années. Cette fois, Castello Lukeba, qui vient d’être appelé avec les A, et Chrislain Matsima n’ont pas hésité à exploiter l’espace pour attirer des adversaires sur eux afin de trouver des coéquipiers à l’intérieur un cran plus haut ou l’un des latéraux avec un temps d’avance sur le bloc défensif adverse.

Exemple sur cette situation avec Lukeba, encouragé par Henry en bas de l’écran, qui, par sa progression balle au pied, fait sortir un milieu du 4-5-1 déployé en phase défensive par le Danemark, et peut venir toucher Lepenant à l’intérieur.

Séquence similaire dix minutes plus tard avec Matsima, qui va attaquer l’espace sous son nez…

… et venir trouver Cherki dans le dos de la deuxième ligne de pression danoise.

Autre point notable : le pressing haut français, pourtant loin d’être simple à mettre en place avec un 4-3-1-2, mais qui a souvent été assez juste face au Danemark et en Slovénie. Là aussi, Henry profite de la richesse de ses profils : Kalimuendo et Barcola font partie des offensifs les plus généreux de Ligue 1 ; Zaïre-Emery, capitaine à 17 ans, a une capacité assez folle pour enchaîner les efforts et une maturité bluffante pour éteindre les feux (face au Danemark, il est venu récupérer le ballon qui a amené le 1-0, et en Slovénie, il a notamment effectué une course monstre pour venir couper un centre après une perte de balle bleue dans le camp adverse) ; Lepenant a su retrouver sa hargne ; Ugochukwu sait parfaitement lire et compenser les déplacements de ses potes… Avec de tels profils, le losange peut être précieux, car il peut permettre d’enfermer haut un adversaire sur un côté, mais aussi d’agresser une proie à la perte en l’enfermant rapidement dans des zones ciblées. En revanche, lorsque l’adversaire a un poil plus de temps et que le contre-pressing est mal coordonné, le losange peut être percé, notamment dans la largeur, et les Bleuets s’en sont aperçus, même si des réglages ont été effectués entre les deux matchs pour être mieux protégé à la perte de balle. Il faut aussi noter le rôle précieux de Guillaume Restes dans le but, décisif à plusieurs reprises, mais également vital pour défendre haut, le gardien de Toulouse n’hésitant pas à évoluer loin de son but pour maintenir le bloc français dans le camp adverse. Exemple avec ces deux situations :

Les losanges et le réservoir

Thierry Henry ne s’en cache pas depuis son arrivée sur le banc des Bleuets : il veut avoir autant que possible cinq joueurs devant le ballon et cinq joueurs derrière, ce qui lui permet d’être productif avec ballon et sécurisé à la perte. En phase de possession, son système lui permet notamment de voir apparaître deux losanges de chaque côté, Cherki étant à chaque fois la cheville connectant le trio latéral-relayeur-attaquant.

C’est ce qu’on a, par exemple, vu sur le troisième but en Slovénie, où beaucoup des principes offensifs d’Henry sont ressortis. On voit ici le losange initial et Zaïre-Emery va d’abord chercher Cherki entre les lignes…

… le Lyonnais va instinctivement lancer son ancien coéquipier à l’OL, Malo Gusto, pendant que Wahi va vite se projeter dans la surface adverse…

… au bout, Gusto va trouver Barcola.

Autre exemple, face au Danemark, avec toujours un losange formé sur le côté. Lukeba est au départ et va trouver Kalimuendo, qui va venir trouver Lepenant en retrait…

… sur un pas, le milieu va trouver Cherki alors que le latéral droit danois doit aussi surveiller la montée de Merlin…

… Cherki va avoir du temps et va lancer Barcola en profondeur, parti entre le central et le latéral…

… l’attaquant du PSG va alors prendre le temps et utiliser l’appel de Kalimuendo pour finir à l’opposé…

… mais Gusto va voir sa tentative stoppée.

Ce « fixer-renverser » est déjà un schéma classique des Bleuets de Thierry Henry, même si plusieurs autres ouvertures de bloc adverse ont été vues et sont travaillées. Au fond, quelle est l’idée de l’ancien consultant de Prime ? Que sa structure permette de mettre en lumière les qualités de ses joueurs, que ses idées soient au service des leurs. Ce deuxième rassemblement sera intéressant pour deux choses : suivre l’évolution de ce projet, Henry ayant déjà glissé qu’il n’était pas figé sur son losange ; et voir comment de nouvelles têtes vont venir s’y insérer, Gusto et Lukeba ayant été basculés chez les A, Henry a fait appel à neuf nouveaux joueurs. On devrait, par exemple, voir Sildillia à droite, les poumons de Gourna-Douath au milieu, Tel devant, et cela ne peut être qu’attirant. Il ne faut, encore une fois, tirer aucune conclusion de ce qui a été vu jusqu’ici et on sait que dans tous les cas, seule une phase finale de grand tournoi servira de juge de paix, mais on peut se féliciter de voir un projet de jeu clair, inspiré et ambitieux. Les Bleuets en avaient besoin.

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