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Tabárez : « Nous ne repartons pas avec les mains vides »

Propos recueillis par Antoine Donnarieix, au Stade de France
Tabárez : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Nous ne repartons pas avec les mains vides<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

En conférence de presse à la suite de la défaite contre la France, Óscar Tabárez fait honneur à son surnom. En quatre questions, El Profesor étaye ses réponses sur la rencontre en elle-même, puis évoque l’avenir de l’Uruguay avec une minutie propre à celle d’un enseignant agrégé. Voici ses déclarations in extenso.

Bonsoir Maestro. Cette rencontre se perd encore une fois sur un penalty, comme face au Brésil… Cependant, cette défaite apparaît différente, car vous auriez mérité autre chose étant donné la performance collective, il manquait juste un but… Quel est votre avis sur ce match ? Tout d’abord, il faut se rendre compte des équipes contre lesquelles nous venons de jouer. Le Brésil et la France ne sont pas des sélections anodines. Nous savions que ces deux matchs allaient être délicats, d’autant plus que de nombreux cadres n’étaient pas présents pour cette trêve internationale. En l’occurrence, j’ai vu comment répondaient certains footballeurs à la titularisation et je vois là un premier point positif. Aujourd’hui, notre rival nous a dominés sur les 15-20 premières minutes, puis j’ai vu une rencontre assez équilibrée. En début de deuxième période, la sanction apparaît. Je n’ai pas vu le ralenti sur la faute sifflée, donc je ne vais pas apporter d’opinion sur un sujet que je ne maîtrise pas. Mais au-delà de ce but encaissé, nous nous sommes bien battus contre une équipe au potentiel physique important. Nous avons défendu avec vaillance, mais nous avons également recherché des variantes afin de trouver l’ouverture sur le plan offensif. Hélas, notre seule réelle occasion de but n’a pas été concrétisée. Une des choses que nous recherchions dans ce match, c’était un résultat positif. Nous n’y sommes pas parvenus, mais je le répète : nous ne repartons pas de ce match avec les mains vides. Il y aura des choses à corriger dans la manière dont nous voulons aborder notre football. À partir d’un constat, il faut rechercher l’amélioration. Tout ce que nous faisons en amont des compétitions internationales détient un impact significatif. Nous attendrons le mois de mars pour poursuivre la quête d’un point d’équilibre que nous recherchons.

C’est la quatrième défaite consécutive de votre équipe. Cela engendre-t-il une dynamique problématique pour vous ou considérez-vous plutôt cette statistique comme sans importance ? Dans le football, l’objectif principal est de gagner. Si vous constatez une absence de victoire, il y a des raisons à cela. En revanche, je ne vais jamais basculer dans le drame ou le désespoir. Nous démarrons depuis septembre un cycle nouveau, avec deux tournées en Corée et au Japon, puis en Europe. Bien entendu, cette dynamique n’est pas agréable. Mais perdre quatre matchs de suite ne signifie pas pour autant que l’avenir s’assombrit. En général, nous apprenons beaucoup plus des défaites que de victoires parfois trompeuses. Nous sommes conscients de nos aptitudes et de nos carences. Par le passé, nous avons déjà vécu des spirales négatives de ce type et nous avons trouvé le moyen d’en sortir. Ce que je ne peux pas vous dire en revanche, c’est le moment où nous sortirons de cette spirale, car le football est par essence incertain. En cela, il nous faut maintenir nos efforts sur le plan sportif. Enfin, je vous apporte uniquement mon point de vue, pas ceux d’autres personnes qui pourraient être habilitées à s’exprimer sur le sujet.

Ce soir, l’Uruguay a obtenu 51% de possession de balle. Quelles conclusions pouvez-vous donner sur votre milieu de terrain ? La possession n’assure pas la victoire. L’équipe au pourcentage de balle le plus élevé du Mondial, c’était l’Espagne. La deuxième, c’était l’Allemagne. En cela, garder le ballon n’est pas une valeur absolue. En revanche, s’emparer de la balle pour engendrer des occasions de but et marquer devient une valeur absolue.

Nous allons désormais rechercher des profils similaires à ceux de la France après ce qu’elle a démontré au Mondial. Je souhaite des footballeurs polyvalents, pas des joueurs à fonction unique. Ces joueurs doivent se sentir à l’aise dans une partie du terrain et cumuler les aptitudes défensives et offensives.

À partir de là, tous les joueurs membres de cette équipe d’Uruguay n’ont rien volé à personne. S’ils sont là, c’est uniquement grâce à leur mérite. Et au sein de cette équipe, chacun d’entre eux possède une position préférentielle sur le terrain où il est important de le faire évoluer. Cela est particulièrement vrai pour les jeunes joueurs qui manquent d’expérience à haut niveau. Aujourd’hui, j’ai testé différentes choses et je sais déjà qu’il faudra beaucoup de volonté pour les amener à bon port. J’ai vu des choses intéressantes chez nos jeunes joueurs. Rien n’est acquis, il faut donner du temps pour de possibles changements. Enfin, nous allons désormais rechercher des profils similaires à ceux de la France après ce qu’elle a démontré au Mondial. Je souhaite des footballeurs polyvalents, pas des joueurs à fonction unique. Ces joueurs doivent se sentir à l’aise dans une partie du terrain et cumuler les aptitudes défensives et offensives. Le souci majeur, c’est que notre pays ne possède pas une abondance de footballeurs de ce type. Cette carence est même généralisée à tous les postes, car nous sommes une nation plus petite que la France. Mais ce projet doit se faire sur le long terme. Par exemple, Torreira est arrivé cette année en sélection. Aussi, Valverde et Bentancur sont arrivés en 2017 pour la fin des éliminatoires. Ces périodes restreintes expliquent que nous traversons une phase transitoire afin de trouver des solutions à nos exigences. En cela, la Copa América prévue l’année prochaine devient notre ligne d’arrivée, sans oublier l’objectif de qualification pour notre quatrième Mondial consécutif, en 2022 au Qatar. Les matchs que nous produisons aujourd’hui ne sont pas des expérimentations, mais des enseignements, positifs comme négatifs. À l’heure où certains joueurs s’incorporent à ce milieu de terrain, nous recherchons à nous adapter par des recours différents. À son pic de forme, le milieu de terrain de l’Uruguay était l’expression idoine du rendement physique pour couvrir les espaces. Grâce à cela, nous avons remporté une Copa América, terminé quatrièmes du Mondial sud-africain. Tout cela a évolué.

Je dis toujours que Griezmann influe beaucoup plus que ce que peuvent imaginer les gens sur un terrain de football. Sa technique, sa vitesse, sa création, sa volonté de vaincre… Son style de jeu est adéquat à ce que le terrain à onze est capable d’offrir.

Désormais, nous faisons appel à nos espoirs pour assurer la pérennité. Par exemple, Bruno Méndez a effectué ses grands débuts en sélection contre le Brésil, alors qu’il était international U20 avant cela. Ce soir, il honorait sa deuxième sélection. En 2019, il va y avoir le Mondial U20. Pourquoi ne pas imaginer de nouveaux joueurs intégrer la sélection s’ils détiennent des caractéristiques dans lesquelles nous manquons d’abondance ? Nous devons envisager ce processus sans rechigner à la tâche avec nos exigences traditionnelles, parmi lesquelles le sentiment de fierté d’intégrer l’équipe nationale. L’objectif, c’est d’avoir la meilleure expression possible de notre football. Avec ces quatre défaites consécutives, notre expression se doit d’être meilleure. Une fois ces conclusions établies, nous travaillerons pour notre futur.

Au-delà du milieu de terrain, trois nouveaux éléments défensifs ont intégré le onze de départ : Martin Campaña, Bruno Méndez et Matías Suárez. Quel est votre avis sur leurs performances ? Je les ai trouvés à la hauteur de la sélection nationale. Au-delà de l’aspect sportif, j’ai vu une très bonne attitude. Pour prendre l’exemple de ce match, nos arrières se sont confrontés à un expert du jeu aérien, très habile dans le rôle en pivot. Néanmoins, j’ai constaté que nous étions capables d’assurer un bon marquage sur ce joueur. Aussi, que ce soit au milieu de terrain ou dans la zone défensive, nous avons dû jouer contre Griezmann. Il est… (Tabárez marque un temps d’arrêt.) Je dis toujours qu’il influe beaucoup plus que ce que les gens peuvent imaginer sur un terrain de football. Sa technique, sa vitesse, sa création, sa volonté de vaincre… Son style de jeu est adéquat à ce que le terrain à onze est capable d’offrir. Face à un tel joueur, nous avons rendu une copie conforme à ce que nous étions capables de faire. Cela dit, je prends en compte que nos deux titulaires au poste et les deux remplaçants habituels n’étaient pas disponibles. En cela, même si j’espère que cette avalanche de blessures ne se reproduira plus à l’avenir, mon panel de possibilités s’est désormais agrandi.

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Copa América : Grâce à Luis Suárez, l’Uruguay termine sur le podium
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Propos recueillis par Antoine Donnarieix, au Stade de France

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