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Sunday Bloody Sunday

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Sunday Bloody Sunday

Putain, ça va se friter grave ! Le Big Four du championnat d'Angleterre va avoir la scène dominicale pour lui tout seul. Liverpool-Manchester United (14h30) puis Arsenal-Chelsea (17h). Donc dimanche, c'est bières, sofa et télécommande.

Y a pas à dire, ils savent y faire les Anglais. Ce n’est pas encore Noël mais la Premier League sort sa plus belle vitrine. À lécher, pour se palucher, comme bon vous semble. Surtout ne pas se gêner, c’est là pour ça. Et il y aura du monde (la planète entière, à la louche) ce dimanche pour admirer ce que l’Angleterre fait de mieux : son championnat. Plus précisément le meilleur dudit championnat. Liverpool (5e) reçoit Manchester United (2e) avant qu’Arsenal (1er) n’accueille Chelsea (3e).

Devenue la risée du continent avec sa sélection en foirant sa qualification pour le prochain Euro, Albion reporte l’exclusivité de sa fierté sur son football de clubs. Qui lui font plus que jamais honneur en ce moment. La Fabulous Four a encore réussi le grand chelem national en qualifiant les quatre pour les 1/8es de finale de la Ligue des champions. D’ici à ce que prochainement, ils ne trustent les demi-finales…Après tout, ils étaient bien trois la saison passée, donc allez savoir !

La Premiership est le championnat le plus puissant du monde et, peut-être, en passe de devenir le plus performant. Alors, évidemment, la question nous brûle les lèvres : chez les meilleurs, qui est le meilleur ? Connaissant la modestie insulaire, il n’y a désormais pas loin à ce que le champion d’Angleterre ne soit prochainement considéré comme le champion du monde tout court, façon NBA.

Le titre, Liverpool n’y a plus goûté depuis 1990. À l’époque, les Reds étiraient leur règne vieux de quinze ans, seulement interrompu sur la scène continentale par la folie meurtrière du Heysel. Le retour en Coupe d’Europe se profilait doucement (90/91 pour tous les clubs anglais sauf Liverpool, seulement réintégré en 91/92). Manchester n’existait plus ou si peu. Bref, tout allait bien sur les bords de la Mersey avec des locaux dominateurs et des voisins au sous-sol. À quel moment l’histoire a merdé pour Liverpool ?

Peut-être en demi-finale de FA Cup 1990 face à Crystal Palace. Face à un tocard de dernière catégorie, les Reds bazardent (3-4) le rendez-vous en finale avec Manchester, charrette partout ailleurs. Oui, Liverpool, sans le savoir, rate une occasion en or massif d’empêcher les Red Devils de sauver sur le fil leur saison et la tête de leur entraîneur, un certain Alex Ferguson. La saison suivante, MU rafle la Coupe des vainqueurs de Coupe et débute son règne sur le foot briton. Cruel passage de témoin entre Liverpool, maître de l’avant Heysel, et United, vainqueur dès le retour des Anglais. Et pour charnière de ce basculement, cette demi-finale presqu’anodine perdue face à Palace.

Aujourd’hui, Liverpool rejoue enfin dans la cour des grands. Capitalisant sur son succès miraculeux en Ligue des champions 2005, l’équipe de Rafael Benitez s’est enfin remise à niveau. Marseille, cette semaine, en a fait les frais (0-4). C’est une nouveauté, Gerrard et son band mitraillent dur cette saison. Un pas en avant énorme quand on songe à la difficulté de la Maison Rouge ces dernières années à n’avoir ne serait-ce que des embryons d’occasions.

En face, Manchester va bien, merci pour lui. Le champion en titre est impeccablement calé à la seconde place, largement qualifié avant l’heure en Ligue des champions. Tout va bien donc. Pourtant, en regardant à la loupe, on croit bien déceler une légère faille dans la mécanique mancunienne. En effet, Paul Scholes est indisponible pour un bon moment. Et, mine de rien, le jeu est un poil moins fluide, moins bien réglé. Oh, pour l’instant, rien de rédhibitoire mais il n’empêche : MU gagne davantage grâce au pouvoir d’accélération de ses individualités (encore plus nombreuses que la saison passée, c’est vrai) que par son jeu collectif. Et à l’heure d’attaquer des cols plus escarpés, il se pourrait bien que les Red Devils jouent les danseuses plus vite que prévu. Dès dimanche à Anfield ? Ça reste à voir. MU y réussit superbement bien depuis plusieurs saisons. Et Liverpool n’a apporté aucune garantie sur le visage qu’il affichera. Celui pitoyable de Reading ou celui très impressionnant de Marseille ?

Dans l’autre duel, Arsenal va passer un autre test qui dira beaucoup de son potentiel. Mais pas tout ! En effet, Chelsea validera son ticket de métro pour l’Emirates Stadium sans Didier Drogba, out jusqu’à la fin de l’année (opéré de la rotule du genou gauche). Et franchement, sans l’Ivoirien c’est beaucoup de son pouvoir offensif qui manque à l’appel. Parce que Chevtchenko version londonienne, soyons sérieux…Mais les Blues restent ultra-solides malgré le départ de Mourinho, Avram Grant est l’exact contraire du « Special One », aussi effacé que le Portugais était flamboyant. Mais chacun est obligé de reconnaître qu’il a redressé la Maison Bleue adossée à la colline. Annoncé comme intérimaire au départ, le bonhomme a si bien réussi qu’il a été prolongé de quatre ans à la tête des Blues. Bon, personne n’est dupe : il s’agit pour Abramovitch de bien signifier qu’il a repris durablement la main sur son équipe.

Son hôte de dimanche, Arsenal, fascine autant qu’il interroge. Jusqu’où diable iront ces gamins puisqu’il faut bien appeler un chat, un chat ? Les jeunes pousses d’Arsène Wenger ont développé durant le premier trimestre quelque chose du plus beau football d’Europe. De la technique, du mouvement, des passes avant contact : les Gunners se sont montrés insaisissables jusqu’à la fin du mois de novembre. Depuis, entre blessures et usure, Arsenal va un poil moins bien. Premier revers de la saison à Séville (1-3) avant la première déconvenue nationale à Middlesbrough (1-2) qui faisait suite à un nul archi-pénible à Newcastle. D’ailleurs, Wenger avait indiqué que la série de déplacements qui attendait ses talents home maid serait un révélateur de leur potentiel. Pas très concluant. Mais le jeu est là, donc Arsenal aussi.

Bref, il ne faut pas s’attendre à en savoir plus sur l’identité du futur champion au sortir de ce Big Sunday. Mais il pourrait que l’on sache qui ne le sera pas…

Dave APPADOO

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