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  • France – Ligue 2 – 37e journée – Brest/Troyes

Stade brestois : autopsie d’un échec

Par Régis Delanoë

Stade brestois : autopsie d’un échec

Ce match aurait dû être une fête entre deux des trois promus de la saison. Mais si les Troyens ont rempli leur mission, les Brestois sont restés en rade et laissent un gros sentiment de frustration et de gâchis. Il faut presque croire qu'ils ne voulaient pas tant que ça monter à l'étage supérieur…

« Si on ne monte pas avec ça… » Fin janvier dernier, le président du Stade brestois pérore face aux médias au moment d’annoncer la signature de sa quatrième recrue offensive de l’hiver. L’arrivée de Youssef Adnane, en provenance de Tours, s’ajoute à celles de Gaëtan Courtet (Reims), Bryan Pelé (Lorient) et Bilal Hamdi (Clermont), toutes officialisées courant janvier. Au bilan, ce recrutement permet effectivement d’aborder la deuxième moitié de saison avec confiance, l’effectif brestois se trouvant renforcé par deux ex de L1 (Courtet et Pelé), un des meilleurs attaquants de L2 (Adnane) et un bon espoir (Hamdi). A priori, c’est très bien vu : le Stade brestois ayant surtout brillé dans la première partie de saison au niveau de sa solidité défensive, ces renforts offensifs doivent permettre d’obtenir une équipe complète, taillée pour rester sur le podium et remonter en Ligue 1.

Esprit combattant, où es-tu ?

Mais trois mois et demi plus tard pourtant, l’échec est grand. Le Stade brestois ne redécouvrira pas l’élite. Et sans faire injure au Gazélec, en passe d’être promu, il y a quand même de quoi se dire qu’il y avait largement la place pour les Finistériens cette saison. Jouer le podium pour une formation de ce calibre dans une Ligue 2 d’un niveau qu’on a connu plus relevé dans un passé proche n’était pas un objectif dingue. Mais là où les Corses ont montré une formidable solidarité et une étonnante régularité dans les résultats, les rutilants Bretons se sont délités au fil des journées, trouvant le moyen de s’éloigner du top 3 d’un championnat qui n’a pourtant pas filé à un gros rythme… À mesure des semaines, le « normalement, on devrait monter » a été suivi d’un « bon, c’est plus compliqué que prévu, mais ça devrait le faire quand même » pour finir par un « bah, en fait, non, c’est mort » . C’est désormais officiel : le Stade brestois restera au moins une saison supplémentaire en L2. Et il a plus fait ces derniers mois pour y rester que pour repasser à l’étage au-dessus…

Troisième à l’issue de la phase aller, l’équipe finistérienne n’occupe que la treizième place depuis le début de la phase retour. Elle a perdu sa solidité défensive (15 buts encaissés en 2015 contre 10 lors des 19 premières journées) et n’a pas plus marqué malgré les efforts consentis au mercato hivernal (17 buts inscrits contre 22 en première partie de saison). En 2015, la bande à Alex Dupont n’est pas parvenue une seule fois à enchaîner deux victoires de suite et a inexorablement reculé au classement, quittant une première fois sa place sur le podium fin février pour finir par lâcher prise mi-mars et ne remporter qu’un seul succès depuis (1-0 contre Valenciennes le 24 avril, pour cinq nuls et trois défaites…). L’ajout de nouveaux joueurs en janvier n’a pas eu l’effet escompté et semble au contraire avoir déstabilisé un vestiaire qui n’a plus fait les efforts nécessaires depuis, par suffisance sans doute. Or, comme l’a souligné Bruno Grougi après la dernière défaite à Ajaccio vendredi dernier, « ce ne sont pas forcément les trois meilleurs qui montent chaque année, ce sont ceux qui ont un esprit combattant » . L’esprit combattant a disparu depuis un moment. Un manquement fatal pour une équipe sans liant, sans solidarité, sans vrais leaders, avec des joueurs qui jouent l’esprit ailleurs. Entre l’été et l’hiver, une douzaine de nouveaux éléments sont arrivés et, si la majorité sont de qualité pris individuellement, ils n’ont pas fait progresser l’équipe. Séduisant sur le papier, le recrutement s’avère raté au final.

Tout le monde se tire dans les pattes

Plus inquiétant encore à propos de cette montée manquée : tout le monde se rejette la faute. Les joueurs ? Ils en veulent pas mal à la direction et à la ville, à l’image du portier Alexis Thébaux qui avait fait part de son agacement il y a peu, lors d’une interview à Ouest-France. « Il faut qu’on nous donne les moyens de faire mieux, avait-il dit. Je pense notamment à Francis-Le Blé. Ça serait bien d’avoir un stade un peu mieux. Et puis surtout ce centre d’entraînement où l’on travaille… Ça n’est juste pas normal. Ça n’est pas digne d’un club professionnel. (…) Pour bien travailler, un bon ouvrier doit avoir des bons outils. Nous, on n’en a pas. » L’entraîneur ? Il en veut surtout à ses joueurs, accusés après la défaite vendredi dernier d’avoir évolué « avec des ballerines » . « Il y avait un trop faible esprit d’équipe sur la phase retour, a poursuivi Dupont. Chacun jouait dans son coin et pas la même partition. Et pour avoir de bons résultats, il faut aussi des liens forts entre les joueurs. (…) Le costume était trop grand pour cette équipe. »

Quant à la direction, c’est aussi surtout aux joueurs qu’elle en veut plutôt qu’à un entraîneur dont elle a voulu le retour. Elle promet de retenir la leçon de cet échec. Yvon Kermarec, le président, a d’ores et déjà décidé de changer de stratégie pour la saison prochaine : contrats courts et joueurs payés pour partie aux résultats, estimant qu’ils évoluent actuellement trop dans le confort. En ajoutant à tout ceci un microcosme économique et politique local pas franchement uni ni très motivé à faire progresser le Stade brestois et à le doter de structures dignes de l’élite, il y a matière à comprendre que les supporters se trouvent désabusés et un brin en colère. Même Sir Alex Dupont, autrefois si populaire en Finistère, est lâché, la faute à un jeu tristoune, à des choix de joueurs pas toujours compris et à son absence de remise en question. « Je reprends ma place, et vous ? » , disait Dupont à son retour au club en 2013 sur la campagne de pub pour inciter à l’abonnement au stade Francis-Le Blé. Pas sûr qu’elle rencontrerait un grand succès aujourd’hui…

Par Régis Delanoë


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