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Srivaddhanaprabha, quand l’impossible devient possible

Par Maxime Brigand
Srivaddhanaprabha, quand l’impossible devient possible

Arrivé à Leicester au début des années 2010, Vichai Srivaddhanaprabha aura retapé Leicester avant de porter le club jusqu'au premier titre de champion d'Angleterre de son histoire en 2016. Le propriétaire thaïlandais du club anglais est décédé ce week-end dans le crash de son hélicoptère.

Une image et une seule : celle d’un homme qui approche de la soixantaine, lunettes rondes et tête carrée, polo blanc sur le dos, les bras posés sur les hauteurs d’un bus à impériale. C’est un après-midi de printemps, en 2016, les rues de Leicester dégueulent de corps drapés de bleu et de blanc. Là-haut, Vichai Srivaddhanaprabha a la banane, mais ne parle pas, il savoure. Les projecteurs ? Le bonhomme ne court pas après, même au moment de célébrer le titre le plus fou de l’histoire du championnat d’Angleterre, celui décroché par une bande de types qui ne vivaient que pour retourner des montagnes. Au départ, ce n’était pourtant pas le projet. Enfin, pas maintenant, pas comme ça : au mois de juillet précédent, Srivaddhanaprabha, devenu propriétaire des Foxes deux ans plus tôt, avait demandé à Claudio Ranieri d’aider son club à « rester en vie » après plusieurs semaines turbulentes, durant lesquelles un scandale sexuel impliquant le fils de l’ancien coach, Nigel Pearson, avait éclaté en Thaïlande et où Jamie Vardy avait insulté des touristes japonais dans un casino. Et alors ? Alors, l’histoire : grâce à Ranieri, à Vardy, à Mahrez, à Kanté, à tous les autres, mais surtout à Vichai Srivaddhanaprabha, Leicester a un jour enfilé une couronne dans son stade, le King Power Stadium. La même enceinte d’où le patron thaïlandais avait pris l’habitude de décoller en hélicoptère du rond central, après chaque match à domicile. Samedi soir, quelques heures après un Leicester-West Ham sans histoire (1-1), le même hélicoptère s’est crashé sur un parking du stade, tuant sur le coup cinq de ses occupants, dont le grand Vichai, 60 ans, et vraisemblablement sa fille.

La prophétie et le cambouis

Ce soir-là, Vichai Srivaddhanaprabha est venu à Leicester pour faire ce qu’il préfère faire au monde, après jouer au polo : voir son club transpirer, galérer, s’en sortir un peu miraculeusement en fin de match malgré des Hammers réduits à dix depuis la trente-huitième minute. Huit ans plus tôt, les Foxes étaient loin de tout ça, embourbés en Championship et vendus par Milan Mandarić, qui avait tenu le jour de la vente des propos prophétiques aux supporters : « Faites-moi confiance. Cette cession est une formidable opportunité pour trois raisons : l’investissement, le réseau mondial de Srivaddhanaprabha et une stabilité assurée pour notre avenir. » La suite était difficilement prévisible, mais aura pris la tronche d’un conte de fées qui n’est plus à déplier. Ce titre de champion aura été le pic visible de l’apport de Srivaddhanaprabha dans l’histoire de Leicester. Derrière le rideau, le chef – largement aidé dans ses affaires par son fils, Aiyawatt, vice-propriétaire des Foxes – laisse surtout le souvenir d’un homme humble, qui n’aura pas hésité à déléguer à des personnes de confiance (Jon Rudkin, Susan Whelan), mais aussi à intervenir lorsqu’il aura fallu mettre les mains dans le cambouis.

L’héritage à préserver

Cela aura notamment été le cas dans les mois post-titre, Vichai Srivaddhanaprabha, qui a fait sa fortune dans le duty-free et qui n’avait pas hésité à faire venir des moines pour bénir les joueurs lors de l’été 2015, décidant même de gérer personnellement la prolongation de contrat de Jamie Vardy, invité pour l’occasion dans la loge personnelle du propriétaire. Convaincu de poursuivre l’aventure à Leicester, l’international anglais invitera quelques mois plus tard son patron à sa fête de mariage. Les choses étaient comme ça avec Vichai : de la confiance, de l’esprit de famille, des cartes posées sur la table. Une histoire d’ambitions aussi, évidemment, l’homme affirmant ceci lors de l’une de ses rares prises de parole publiques à la suite du retour du club dans l’élite en 2014 : « La Premier League ? C’est bien, c’était l’objectif, maintenant on veut y rester et s’installer durablement dans le top 5. On se fixe trois ans pour y arriver. S’il faut dépenser 180 millions d’euros, je suis prêt à le faire. » Pas besoin de tout cet argent, Leicester est encore présent dans le ventre mou et s’est maintenu chez les grands grâce à une politique économique raisonnable. Mieux : Vichai Srivaddhanaprabha, rare proprio populaire en Angleterre, a préféré arroser, en parallèle, la communauté locale, œuvrant énormément auprès des associations et filant même 60 abonnements à l’année à 60 supporters pour ses 60 ans. Après le titre de champion, il avait alors résumé son histoire de cœur avec Leicester : « L’esprit ici existe grâce à l’amour que nous partageons et à l’énergie que nous avons réussi à installer, sur et en dehors du terrain. Dans les années à venir, cela restera encore notre plus grand atout. » Aujourd’hui, c’est surtout un héritage qu’il faudra préserver.

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