- France
- Ligue 1
- 6e journée
- Bordeaux/Toulouse (1-1)
Sauveur Carrasso écœure Toulouse
Au terme d'une seconde mi-temps très agréable, Toulouse et Bordeaux se séparent sur un match nul qui ne convient à personne. dans la seconde partie de tableau. Les Girondins peuvent remercier Carrasso, sauveteur d'un après-midi, et Toulouse maudire Tongo Doumbia.
Bordeaux 1 – 1 Toulouse
Buts : Regattin (23e) pour le Téfécé // Crivelli (89e) pour les Girondins
Un physiothérapeute pourrait parler de « préparation physique défaillante » . Pour un professeur d’économie, le phénomène répondrait davantage d’un « effet d’entraînement » . Pour un entraîneur de club, c’est surtout une foutue épine dans le pied. Deux blessures dans la première demi-heure pour Toulouse, une pour Bordeaux, déjà décimé. Un joyeux bordel qui n’a pas aidé l’organisation défensive des deux équipes pour un derby de la Garonne pas forcément fou-fou au tableau d’affichage, mais agréablement ouvert en seconde mi-temps. Pile quand Toulouse a commencé à faire le jeu. « Nous sommes chauds comme la braise » , avait prévenu cap’tain Jean-Daniel Akpa-Akpro. Une confirmation après le match de cet après-midi : pas besoin de flamber pour être efficace. Pour gagner en revanche…
Regattin ne laisse pas filer sa chance
Prendre des points. La question n’est plus de « lancer sa saison » , ou de « régler les automatismes » : dans les couloirs de Chaban-Delmas, Bordeaux comme Toulouse utilisent déjà un vocabulaire de fin de saison. À vrai dire, les Girondins semblent également jongler avec les traditionnelles absences de fin de championnat : Sertic, Diabaté, Touré, Sané et Saivet sont laissés de côté après les matchs de Paris et Liverpool, tandis qu’Adrien Regattin prend la place de Wissam Ben Yedder, banni, sur le front de l’attaque toulousaine. Conséquence, le jeu est imprécis : tête, pied, tibia, cheville de Jean-Armel Kana-Biyik, cuisse de Somalia, coup franc lointain dans les rotules de Cédric Carrasso. Ce même Somalia qui, justement, était bien en jambes avant sa sortie sur claquage. Sur l’un de ses débordements côté gauche, il pique son ballon par-dessus la jambe de Cédric Yamberé et transmet pour le promu Regattin, qui parvient sur sa première demi-occasion à remplir une tâche trop souvent délaissée par Ben Yedder depuis le début de la saison : marquer. Une belle frappe sèche des 20m, et Carrasso est sur le cul (23e).
L’ouverture du score n’est, certes, pas forcément méritée, mais voilà qui présente l’avantage de réveiller l’appétit de Bordeaux, qui pousse sur les cages de Goicoechea (25e, 27e, 38e) en cadrant rarement. Le ballon tourne avec difficulté, mais les Girondins trouvent les espaces sur les ailes, où Contento tente bien que mal de faire parler son pied gauche. Sauf qu’à trop monter au front, l’Allemand est touchée par une balle perdue. Diego sort sur blessure, mais le ralenti ne montre rien de très net, comme pour corroborer la bien étrange ambiance qui entoure ce 53e derby de la Garonne : le dominé domine, les blessés se blessent seuls, et 0-1 à la mi-temps.
Carrasso, what else ?
Willy a haussé le ton. Cela se voit, cela se sent. Tandis que Bordeaux continue de se créer des occasions à la reprise, Toulouse ne répond qu’une fois sur deux. Pourtant, encore une fois, ce sont les pensionnaires de la Ville Rose qui servent pour le break. Doumbia récupère le ballon dans la profondeur, sprint vers le filet, mais loupe sa volée seul face à Cédric Carrasso, qui garde ses amis dans la partie sur un miracle. En réalité, au fil des minutes, malgré la possession et les occasions manquées girondines (Diego Rolán, encore, sur cette frappe envolée…), le Téfécé prend le dessus. Les occasions sont là, c’est indéniable, ne manque que la finition, la faute peut-être à un Doumbia plus Issa que Tongo devant les buts cet après-midi. Le match s’ouvre progressivement au rythme des milieux de terrain respectifs, tant et si bien que Sagnol fait entrer le grand Jussiê pour faire la différence.
La différence, Óscar Trejo va s’en charger tout seul. Sa semelle ignoble sur le tibia de Clément Chantôme aurait pu rappeler l’épisode Jérémy Clément, elle n’aura finalement accouché que d’un carton rouge (77e). Bien heureusement. Pas besoin de ça pour faire le Shaw. Bordeaux pousse stérilement, laissant Regattin faire transpirer Carrasso sur un coup franc, avant que ce dernier ne s’impose pour la troisième fois de la soirée face à Doumbia dans les dernières minutes. Du coup, à sans cesse revenir des enfers, Bordeaux se transforme en mort-vivant. Enzo Crivelli égalise de la poitrine, pied en avant, sur une passe en profondeur arrêtée dans la surface. Cruel pour les Toulousains, qui expérimentent un remake de The Walking Dead. Les deux formations restent finalement engluées en seconde partie de tableau, attention désormais au Breaking Bad.
Par Théo Denmat