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Ronaldinho, le duc d’Anjou

Par Thomas Goubin, à Angers
4 minutes

À 44 ans, Ronaldinho court le monde à monnayer sa gloire. Ce vendredi soir, c’était à Angers. Où il était accompagné d’Edmilson, Sonny Anderson et Claude Makélélé. Reportage.

Ronaldinho, le duc d’Anjou

Il y a deux semaines, Ronaldinho était en Australie. Il y a deux jours, à Bakou pour la COP29. Non pas que R10 soit devenu un militant de la cause environnementale, mais l’ex du PSG avait été invité par les autorités azéries à participer à un tournoi de foot organisé dans le cadre de la grande conférence sur le climat. Un court séjour qui ne l’a manifestement pas converti à la sobriété énergétique, puisque, son bilan carbone dans le rouge, le voilà désormais dans la capitale du Maine-et-Loire pour disputer l’un de ces matchs exhibition qui rythment sa retraite de star internationale. Et permet à celui qui a connu la prison, en 2020 au Paraguay pour avoir utilisé un passeport falsifié, de continuer à générer des revenus.

Pourquoi Angers ? Une histoire d’intermédiaires et de relations pour un match organisé par le promoteur brésilien Jogo dos famosos. Un match « entre célébrités », qui oppose une Seleção de retraités à des joueurs estampillés Ligue 1, dont quelques Brésiliens (Benoît Costil, Cris, Valdo, Karim Ziani, Mickaël Ciani, Mamadou Niang ou encore Steve Savidan). Un onze emmené par l’ex-ratisseur d’élite du Real Madrid, de Chelsea et de l’EDF Claude Makélélé, qui se remet tout juste d’une courte expérience de coach en Grèce où les dirigeants semblaient ne pas connaître le principe de non-ingérence dans les compositions de l’équipe.

La valse des louanges

Côté brésilien, Maicon est présent. Comme l’ex-Stéphanois Alex, où les anciens de l’OL Sonny Anderson, Cris et Edmilson. « Ronaldinho est le meilleur joueur avec qui j’ai joué, il inventait toujours des choses, confie ce dernier, avec qui il a été sacré champion du monde en 2002 avant de le retrouver au Barça (2004-2006). J’ai aussi côtoyé Ronaldo, mais Ronaldinho me faisait souffrir tous les jours à l’entraînement. » « Pour moi, c’est un des cinq meilleurs Brésiliens que j’ai vu jouer, abonde Anderson. C’est un génie, il a tout gagné : le Mondial, La Ligue des champions et le Ballon d’or. Neymar aurait pu être là aussi, il était de ce standing. »

Ronaldinho fait partie de ces ex-joueurs dont la silhouette n’a pas changé depuis la fin de carrière : l’embonpoint est toujours là, l’idolâtrie qui l’entoure aussi. Malgré une promo minimale et une organisation « floue » selon Le Courrier de l’Ouest, le stade Raymond-Kopa rassemble près de 15 000 spectateurs. Quand Ronaldinho entre sur la pelouse, désormais escorté par les inévitables perches à selfie des influenceurs, dont certains ont chaussé les crampons, Angers ne retient pas sa joie d’accueillir pour la première fois l’icône brésilienne. Le champion du monde 2002 n’a jamais joué contre le SCO, qui naviguait entre deuxième et troisième divisions quand Ronnie égayait les soirées parisiennes.

He will survive

« J’ai 46 ans, et c’est la seule fois que je verrai Ronaldinho de ma vie », témoigne Stéphane, 46 ans, casque de Viking France 98 sur la tête. Ce chaudronnier-soudeur a déboursé 25 euros pour son billet, bien plus qu’à l’époque où il lançait des sandwichs de rillettes sur les joueurs du Mans quand le SCO bataillait en troisième division. En cette soirée d’automne à ne pas mettre un Brésilien dehors, le match ne s’écarte pas des standards du genre. Des joueurs au pas lourd et aux articulations fatiguées, à l’exception de quelques quadragénaires encore fringants (Savidan, Niang, Piquionne), jouent sur un rythme bossa-nova en laissant de belles marges de manœuvre aux artistes.

Sur penalty, Ronnie prend à contre-pied Grégory Malicki. Avant d’y aller de son petit pont sur un influenceur (Tom Gergaud), dont le « Reel » devrait faire quelques vues. En tout cas, le public apprécie le spectacle donné par un casting qui fleure bon le début des années 2000. La sono rebrousse même chemin jusqu’en 1998 en lançant I will survive sur chaque but de l’équipe dite de France, et le public se met à lancer des « Et un, et deux, et trois zéros ». Une soirée de divertissement qui s’achève en grande partie à la 65e minute, quand Ronnie tire sa révérence. Score final : 5-4. Le Ballon d’or 2005 n’a pas fait de vieux os en Anjou, il a un autre jet à prendre.

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