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« Riquelme, j’aurais mis son nom en premier sur la feuille à tous les matchs »

Propos recueillis par Kevin Charnay
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Mercredi soir, Le Dauphiné Libéré annonçait que le club amateur de Montélimar était en « contacts avancés » pour faire venir Juan Roman Riquelme en DH française. Rapidement, le club a expliqué que les contacts avaient bel et bien existé, mais que le rêve ne se réaliserait pas. Nicolas Philibert, directeur sportif et entraîneur de l'UMS Montélimar, raconte comment il a eu cette opportunité, et comment il aurait coaché El Diez.

Comment est née l’idée « Riquelme à Montélimar » ?

J’ai travaillé au Costa Rica de 2007 à 2009 en tant que manager sportif et entraîneur du club de Liberia Mia. Je connais un président de club là-bas, qui travaille aussi en Argentine. Et cet ami connaît Riquelme. Il m’a expliqué que s’il venait en France, il serait intéressé pour jouer en amateur pour le plaisir. Donc il m’a contacté. Il semblerait, et je mets bien au conditionnel, que mon ami, qui est actionnaire dans des chaînes radiophoniques et télévisuelles en Argentine, avait un lien avec Riquelme grâce à son poste à la télévision. Donc, je n’ai jamais parlé à Riquelme, je suis toujours passé par ce contact-là.

Comment les joueurs ont réagi quand vous leur avez dit qu’ils joueraient peut-être avec Riquelme ?

Ils n’étaient pas au courant. Je leur ai dit hier qu’ils risquaient de voir des choses dans la presse à propos d’un joueur qui aurait pu nous rejoindre. Je ne leur ai pas dit lequel, mais je leur ai bien signifié que ça ne se ferait pas, pour pas qu’ils ne se fassent de fausses joies. C’est donc ce vendredi à l’entraînement que je vais voir leurs réactions quand ils apprendront qu’il s’agissait de Riquelme. Mais je ne sais pas s’ils se rendront bien compte. Je pense que certains joueurs ne le connaissent pas bien. Ils n’ont que Zidane à la bouche, ils ne connaissent que lui. Parfois, je leur parle de Platini, mais ils s’en foutent (rires).

Imaginons une seconde que Riquelme soit venu à Montélimar. Vous auriez agi comment ? Vous lui auriez dit : « Redescends, Roman, t’es un peu trop haut » .

(Rires) Non, non, non. Pas du tout. Quand on a un joueur d’une telle envergure, on lui dit juste une chose : « Prends du plaisir, et apporte à mes joueurs ce que tu sais faire. » Moi, je pars du principe que les gens qui ont du talent, ce sont les gens à qui on ne donne pas de consignes. Les joueurs qui ont du talent ont justement cette spécificité. Ce sont des joueurs qui improvisent, qui inventent des choses. Et improviser, c’est ne pas respecter les consignes. Donc à partir du moment où on accepte de prendre ce type de joueurs, ça veut dire : « Prends le numéro que tu veux, mets-toi où tu veux sur le terrain et fais ce que t’as envie de faire. » Je le dis très clairement. J’ai déjà eu affaire à ce genre de joueurs, toutes proportions gardées. J’ai par exemple entraîné Laurent Paganelli en DH de 1990 à 1995 à Nyons sur la fin de sa carrière. Je ne lui ai jamais donné une consigne. Quand il avait le ballon, il savait très bien ce qu’il avait à faire. Ça sert à rien de donner des consignes à ces joueurs, sinon vous ne les prenez pas.

Entre un joueur et son entraîneur, il y a quand même une notion de hiérarchie, non ?

Je pense que ça dépend du caractère de l’entraîneur, aussi. Quand je coache mes joueurs, je ne suis pas derrière eux, je suis avec eux. Je vais vous donner un exemple, j’ai la chance de connaître un peu Michel Hidalgo. Quand il entraînait Platini et Giresse, il n’était pas autoritaire. Il n’avait pas besoin d’une hiérarchie parce qu’elle était naturellement acceptée par la complicité et par le management participatif qu’il avait instauré avec ses joueurs. Là où la presse interprétait que c’était Platini qui faisait l’équipe, lui, il savait qu’il consultait ses trois-quatre joueurs les plus influents de l’équipe, pour être en harmonie avec eux. La hiérarchie est donc naturelle, mais n’a pas besoin d’être affichée. Ça dépend vraiment du caractère des entraîneurs. Il y en a d’autres, comme Luis Fernandez, qui aiment le conflit, qui aiment être le chef, être plus autoritaires. Mais je pense que quand on accueille un grand joueur, on a tout intérêt à être conciliant et à être avec lui.

Comment vous auriez fait pour intégrer une légende du foot comme lui dans un groupe de joueurs de DH ?

C’est là qu’est la principale problématique. Ce n’est même pas tant d’intégrer un joueur comme lui dans un groupe déjà existant, mais d’intégrer un Riquelme dans un niveau de division d’honneur. C’est d’intégrer le joueur face à une adversité qui sera en même temps admirative, mais qui le regardera aussi comme étant la bête à abattre. Il faut être réaliste. Tous les joueurs de bon niveau que j’ai connus m’ont dit qu’il était plus facile de jouer en Ligue 2 ou en National qu’en Division d’honneur.

Il est quand même complètement hors de forme en ce moment ? Vous l’auriez forcé à se mettre à la diète ?

Rien du tout. Je ne lui impose rien du tout, sinon le mec il rentre chez lui. Il faut dire la vérité, il y a des entraîneurs, même de DH qui l’auraient forcé. Moi, je l’aurais pris comme il était. Quand on a l’opportunité de prendre un joueur comme lui, on le prend comme il est ou on ne le prend pas. Et quoi qu’il arrive, ce serait le premier nom que j’aurais mis sur la feuille à tous les matchs. Numéro 10 : Riquelme. Point. Et j’aurais assumé jusqu’à la fin de la saison.

C’est une de vos idoles, Riquelme ?

Ce joueur, bizarrement, je l’ai découvert un peu sur le tard, grâce à Laurent Paganelli, justement. Laurent sait très bien le genre de joueurs que j’aime. Il m’a dit un jour : « Viens, on va en Espagne, je vais te montrer un joueur que tu vas adorer. » Il m’a emmené voir Riquelme qui venait d’arriver d’Argentine à Villarreal. Un joueur incroyable : le meneur de jeu à l’ancienne comme on aime, le technicien, le créatif, le joueur à qui on laisse faire ce qu’il veut. Parce que c’est un inventeur de choses. Je vais peut-être dire une bêtise, mais c’est le type de joueur, même quand il est mauvais, il est bon. Parce qu’il est beau à voir jouer. En tout cas, c’est ma philosophie du football. Il a le droit d’être gros, d’être hors de forme. Il me fait penser à Beto Márcico, un attaquant argentin qui est passé à Toulouse à la fin des années 80. Les entraîneurs lui reprochaient de manger des pizzas et d’être un peu trop enveloppé. Sauf que quand il jouait, le public était heureux parce qu’il était beau à voir jouer. Et Riquelme est de cette élégance-là. Même hors de forme, il m’aurait plu (rires). Parce que c’est un personnage. Parce que c’est comme ça. Il y a des grands peintres qui ont accouché de peintures moins belles. Sauf que vu que c’est un grand peintre qui les a faites, donc en fin de compte c’est beau.

Propos recueillis par Kevin Charnay

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