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Pourquoi les Bleus de l’Euro 2000 sont plus forts que ceux de 1998

Par Adrien Candau
Pourquoi les Bleus de l’Euro 2000 sont plus forts que ceux de 1998

I Will Survive qui redevient tendance vingt ans après sa sortie dans les bacs en 1978, Thuram qui met un doublé quasi surnaturel face à la Croatie et Zidane qui place ses fameux coups de boule en finale : l'épopée de la France en 1998 a souvent fricoté avec l'irrationnel. La cuvée 2000 des Bleus s'affirmera à la fois comme le prolongement naturel et une version plus aboutie, virtuose et clinique de l'équipe sacrée deux ans plus tôt.

On a rarement vu cet homme-là aussi catégorique. À l’heure de rembobiner la joyeuse cassette de l’Euro 2000, Zinédine Zidane est sûr d’une chose : « On avait une bien meilleure équipe qu’en 1998 et, d’ailleurs, on a fait un meilleur tournoi qu’à la Coupe du monde. » ZZ ferait-il la fine bouche ? Quand elle commence l’Euro belgo-néerlandais, l’équipe de France post Jacquet n’a pourtant pas modifié radicalement son style et ses intentions de jeu. Le changement est ailleurs. Et d’abord dans les esprits des hommes qui la composent.

On prend les mêmes, et on recommence

« Je me souviens qu’avant d’entrer dans la compétition et d’affronter le Danemark, on était vraiment pressés d’en découdre décrit Youri Djorkaeff. On se sentait tellement forts, tellement confiants. Le fait d’avoir été champions du monde deux ans avant nous avait donné des armes, notamment mentales, pour aborder un tel évènement… » En surface, si peu de choses ont changé, pourtant. Lemerre, qui a pris la succession de Jacquet sur le banc tricolore, conserve le schéma signature de son prédécesseur, le 4-2-3-1, lors de trois des six matchs de la compétition. Cette organisation est utilisée contre le Danemark en phase de groupes, puis l’Espagne et l’Italie, en quarts et en finale de l’épreuve. Zidane en 10, un double pivot qui veille devant la défense (la plupart du temps, Deschamps-Vieira), Henry à gauche, Djorkaeff à droite, tout le monde connaît déjà la chanson.

Lemerre s’autorisera tout de même à aligner parfois une formation qui comprend deux attaquants axiaux, comme contre la République tchèque, puis les Pays-Bas en phase de poules et face au Portugal en demi-finales. Mais sans jamais oublier de rééquilibrer son milieu : derrière Zidane, c’est une triplette prudente qui régit l’entrejeu, en la présence de Deschamps, Vieira et Petit. Voilà qui fait directement écho au trio Karembeu – Deschamps – Petit, systématiquement aligné par Jacquet à partir du quart de finale face à l’Italie, lors du mondial 1998.

Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place

Si Lemerre peut opter pour une approche aussi cartésienne et calculatrice, c’est aussi parce qu’il n’a pas besoin de pousser plus que de raison le cursif offensif de son bloc, pour créer des déséquilibres. Outre un Zidane au sommet de sa créativité balle au pied et un Thierry Henry au top du hip-hop sur son côté gauche, la France est surarmée devant. Ses atouts offensifs sont même significativement supérieurs à ceux de 1998 : le néo Bleu Anelka débutera titulaire en pointe à trois reprises dans le tournoi, l’espoir Trezeguet s’est mué en canonnier confirmé, Wiltord et Pirès peuvent sortir du banc pour faire des misères aux latéraux adverses et le Snake Djorkaeff distille toujours aussi bien son poison sur son côté droit. Le fameux « dépassement de fonction », si cher à Aimé Jacquet en 1998, n’est pas autant marqué lors de l’Euro 2000, pour la simple et bonne raison que la plupart des individualités défensives des Bleus ne sont plus aussi fraîches que deux ans plus tôt : si Blanc, Desailly et Lizarazu restent des références mondiales à leurs postes, ils ont tous dépassé la trentaine et ne peuvent plus se permettre de partir épisodiquement à l’abordage du but adverse, quand le bateau France commence à tanguer.

De fait, le mondial 1998 fut d’abord celui des défenseurs, à l’image des pions salvateurs de Blanc et Thuram contre le Paraguay et la Croatie, quand l’Euro 2000 sera celui d’une division des tâches beaucoup plus méthodique et scientifiquement exécutée : à l’exception d’un but de Blanc lors du premier match de la compétition, la France ne trouvera le chemin des filets que grâce à ses éléments offensifs, en l’occurrence Henry (trois buts), mais aussi Djorkaeff, Trezeguet, Wiltord et Zidane (deux réalisations chacun) et enfin Dugarry (un but). Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place en somme, alors que les Bleus de 2000, pourtant vainqueurs sur le gong de l’Italie en finale, semblent plus en contrôle de leur destinée qu’en 1998. Djorkaeff encore : « Pendant tout ce Championnat d’Europe, nous n’avons jamais eu peur parce qu’on était les meilleurs. Sincèrement. Même quand l’Italie menait en finale et qu’il ne restait que quelques secondes. »

L’apothéose

C’est peut-être cette certitude, cette conviction inébranlable d’être un cran au-dessus de l’adversaire, qui a fait de cette équipe de France 2000 une formation plus en maîtrise et agréable à regarder que son équivalent de 1998. Jamais hégémonique, mais toujours dominatrice, aussi bien contre l’Espagne en quarts de finale (où Raúl manque le penalty de l’égalisation dans les arrêts de jeu), que contre le Portugal en demies (victoire en prolongation), la France n’écrase personne, mais remporte toutes ses victoires aux points : « Ce qui caractérise nos matchs dans cette compétition, c’est qu’on a maîtrisé notre sujet, savoure Zidane. L’Espagne était une belle et grosse équipe, et j’ai un très bon souvenir de cette rencontre. Pareil pour le Portugal : encore une fois, quand je revois le contenu du match, il était excellent de notre part. C’est toujours pareil. Quand tu maîtrises ton match, quand le contenu est bon, tu gardes la confiance. Le match était bon du début à la fin… Même si on marque avec le but en or. »

Ce ne sera pas le cas de la finale, où l’apothéose du but de Trezeguet viendra maquiller un match assez laborieux, dont le déroulé ressemble plus à un scénario que les Bleus auraient pu écrire une nuit d’été 1998. L’apport décisif des trois remplaçants que fera entrer Lemerre, Trezeguet, Pirès et Wiltord, a quelque chose de magique ou de prédestiné, alors que Zidane, comme ce fut souvent le cas lors du Mondial français, ne parviendra pas à totalement poser sa patte sur l’entrejeu. Blanc se sent même obligé de retrouver ses vieux réflexes, en multipliant les montées offensives pour tenter d’arracher l’égalisation, comme face au Paraguay deux ans plus tôt. La lumière ne viendra pas des petons du Président, mais qu’importe : cette équipe de France était trop forte pour ne pas voir le bout de l’histoire et prouve que 1998 n’était finalement qu’une esquisse, grandiose certes, mais inachevée, de ce qu’elle était capable de faire. Son naufrage lors du Mondial 2002 démontrera d’ailleurs qu’après l’apogée de l’Euro 2000, elle ne pouvait ensuite plus qu’entamer son inévitable déclin.

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Par Adrien Candau

Propos de Zidane issus de rtbf.be, ceux de Djorkaeff issus de France Football.

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