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Pom-pom de la discorde

Par Adrien Candau
5 minutes
Pom-pom de la discorde

Alors que Boca Juniors a décidé de se séparer de ses pom-pom girls en novembre pour soutenir le mouvement Ni Una Menos qui lutte contre l'objectification de la femme, ce sont désormais les Crystals, les célèbres pom-pom girls de Crystal Palace, qui sont sous le feu des critiques outre-Manche. Mais alors, les cheerleaders ont-elles encore vraiment leur place dans les stades de foot ?

L’affaire a été vite réglée. Depuis 2015, la campagne #NiUnaMenos, qui mobilise en Argentine les réseaux sociaux et la rue contre les violences faites aux femmes, ne faiblit pas. De quoi inciter Boca Juniors à suivre le mouvement. Quitte à se séparer soudainement des Boquitas, les très populaires pom-pom girls du club. Et à diviser l’opinion entre ceux qui considèrent que la direction du club se trompe de combat et les autres, pour qui le cheerleading n’est plus une pratique en phase avec son temps. Une question qui se pose aussi en Angleterre, du côté de Crystal Palace, où les pom-pom du club font office de célébrités locales.

Pom-pom vs wild

Si les cheerleaders se font rares dans le foot professionnel anglais, le club du sud de Londres a depuis belle lurette su surfer sur la popularité des Crystals, qui avaient affolé les internets en 2013, grâce à un lipdub sensuel sur fond de Call Me Maybe. Problème : le succès de ces performeuses commence à titiller outre-Manche, alors que l’affaire Weinstein met depuis plusieurs mois la place et la représentation de la femme au cœur d’un débat de société. « Il est temps pour Crystal Palace d’embrasser le XXIe siècle et de laisser tomber les Crystals » , dénonce ainsi dans un édito le journaliste britannique Sam Cunningham, alors que Palace voit gonfler depuis plusieurs jours le mécontentement sur les réseaux sociaux à l’encontre de ses cheerleaders. Ce qui n’a pas empêché le club de rester droit dans ses bottes et d’annoncer que les Crystals allaient continuer à faire le show à Selhurst Park : « Les Crystals sont une troupe semi-professionnelle qui contribue à l’ambiance du stade depuis plus de sept ans et participe à l’atmosphère unique de Selhurst Park, qui est reconnue comme l’une des meilleures de Premier League… Elles lèvent aussi des fonds substantiels pour des causes humanitaires tout au long de l’année. Nous sommes fiers de notre association avec elles. » À des milliers de kilomètres de là, en Argentine, les Boquitas de Boca, à défaut de pouvoir compter sur le soutien de leur direction, avaient pu s’appuyer sur celui de nombreux fans, qui avaient relayé le hashtag #QueVuelvanLasBoquitas ( « Faites revenir les Boquitas » ). « Nous acceptons que ce soit une décision du club, mais nous ne pensons pas réduire les femmes à des objets comme le considère le club » , posait ainsi Rocio Martin, la manager du groupe. « Nous sommes très tristes. Cela nous fait mal qu’on nous empêche de faire ce qui nous passionne le plus, à savoir la danse et le sport, à cause d’une conception erronée de la violence de genre. »

Pom-pom de France

De fait, les principales intéressées soulignent que soulever uniquement la question de la sexualisation et de la représentation de la femme est un chouia réducteur si l’on veut se frotter à l’épineux débat que pose aujourd’hui le cheerleading dans le sport et le football professionnel. En France, la pom-pom girl pointe occasionnellement le bout de son nez dans certains stades comme le Roazhon Park. Certains clubs, comme Lens et Troyes, ont même leur équipe de pom-pom girls attitrée depuis plus d’une dizaine d’années. À Rennes, les Cheers up, un collectif de pom-pom professionnelles, se produit lors des matchs de prestige, comme à l’occasion de Rennes-PSG, le 16 décembre dernier.

Face aux critiques dont sont victimes les pom-pom, la fondatrice et chorégraphe du groupe, Flora Cougé, dénonce la perception tronquée des détracteurs de la discipline : « Beaucoup de personnes qui nous critiquent ne nous ont même pas vues en représentation. Les tenues ne sont juste qu’une composante du spectacle. Ceux qui ont des a priori et nous voient ensuite au stade se rendent habituellement compte qu’on délivre un vrai show, sportif et artistique. Et faire le spectacle devant des milliers de personnes, c’est aussi montrer qu’on sait s’assumer. » Florence Doré, qui gère le collectif des pom-pom girls de Troyes depuis 2007, met quant à elle en avant le facteur passion qui anime les performeuses du stade de l’Aube : « Disons que certaines critiques étiquettent un peu trop facilement la discipline. Nous, on s’occupe de filles qui aiment à la fois la danse et le foot, certaines sont de vrais fans de l’ESTAC, qui en profitent pour pouvoir lier les deux et voir les matchs dans la foulée. »

Et si le cheerleading n’est officiellement pas un sport, il en emprunte néanmoins certains codes : « On fonctionne comme une team sportive. Quand on se produit ensemble sur un événement, on peut assimiler ça à une bande de potes qui se retrouve rituellement pour jouer au foot le week-end » , pose Flora Cougé. On existe depuis quatre ans et certaines filles sont là depuis le début, certaines vivent même en collocation… Ça crée des liens forts et un vrai esprit collectif. » De quoi aussi pousser les pom-pom à bien distinguer leur cas de celui des grid girls, ces jeunes femmes qui indiquent l’emplacement des monoplaces avant les courses automobiles et dont la présence a récemment été bannie des circuits de Formule 1. « Dans le cas desgrid girls, je peux comprendre que certains pensent que leur rôle est insultant pour la condition féminine, car elles ont un rôle passif. A contrario des pom-pom girls, qui délivrent, elles, une performance artistique et sportive et participent à la scénographie du match. » Signe que les pom-pom ne sont pas à court de munitions pour défendre leur cause. Et s’accommodent décidément mal de rentrer dans des cases. Pas étonnant avec un déhanché pareil.

Vidéo

Par Adrien Candau

Propos de Flora Cougé et Florence Doré recueillis par AC

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