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Plan Leproux : un bilan vraiment positif ?

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Plan Leproux : un bilan vraiment positif ?

Robin Leproux à peine révoqué, la mairie de Paris s'est empressée de saluer son action de lutte contre la violence. Car ce qui aurait pu maintenir Leproux comme président et ce qui restera à n'en pas douter de son action de président, c'est bien son plan « Tous PSG », salué de toutes parts pour avoir ramené le calme au Parc. A y regarder de plus près, le bilan est-il si positif ? Si la réaction volontaire de Leproux à une situation de crise intolérable mérite d'être saluée, les résultats apparaissent en trompe l'œil.

Robin Leproux a pris la présidence du PSG pour diriger la destinée d’un club prestigieux qu’il espérait sortir de la zone de relégation et amener parmi l’élite européenne. Seulement le PSG n’est pas n’importe quel club et son public non plus. En débarquant au Parc, Leproux est confronté à une situation explosive. D’une part, des associations de supporters puissantes, essentiellement basées à Auteuil, qui nourrissent une franche hostilité envers l’actionnaire majoritaire, Colony Capital. De l’autre, du coté du Kop of Boulogne, un fort noyau d’indépendants et de hooligans, vaguement laissé en autogestion après la dissolution des Boulogne Boys. Surtout, Leproux prend les commandes au début d’une saison où les tensions entre les deux tribunes, mises de côté depuis quelques temps suite au conflit Boulogne-Tigris et à la mort de Julien Quemener, se remettent à monter en puissance sur fond de rivalités et de radicalisation politique, jusqu’au tragique PSG-OM du 28 février 2010 et la mort de Yann Lorence. Pendant cette première saison, Leproux donne l’impression de naviguer à vue. Déboussolé et sincèrement atterré, il multiplie les déclarations maladroites et ne contribue en rien à clarifier l’action du département supporters qui est loin d’être sans responsabilités dans la recrudescence du conflit entre les deux tribunes. Il laisse de bonnes raisons de penser que ce qui le dérange, c’est beaucoup plus la posture contestataire d’Auteuil que le racisme de Boulogne.

Pourtant, sous la pression des actionnaires et des autorités (la France est alors en pleine candidature pour obtenir l’Euro 2016), y compris au plus haut sommet de l’Etat (qui suit de très près, comme on l’a vu récemment avec les Qataris, l’actualité du club de la capitale), Leproux annonce, en vue de sa seconde saison à la présidence, une série de mesures radicales et inédites pour lutter contre la violence. Rendu public le 18 mai 2010, le plan « Tous PSG » s’attaque frontalement à l’antagonisme Boulogne-Auteuil en supprimant les abonnements en tribunes Auteuil, Boulogne, G et K et en instaurant un placement aléatoire lors des achats de places dans ces tribunes. En revanche, contre toute attente, il n’adopte pas vraiment la stratégie dite « anglaise » de la hausse des tarifs, peut-être par conviction, peut-être aussi par réalisme économique.

Un volontarisme louable

Cette réponse énergique est indiscutablement à porter au crédit de Robin Leproux, après trois décennies d’accommodements et de négociations plus ou moins douteuses avec les franges les plus dures des gradins. Cependant, son action est rendue possible par la vigoureuse réaction des pouvoirs publics qui prononcent dès le printemps la dissolution des principales associations de supporters du PSG et qui, dès la reprise, se lancent dans une politique aussi répressive que liberticide envers tous ceux qui contestent le plan Leproux. Ainsi, à l’occasion du premier match de la saison 2010-2011, une véritable rafle est organisée parmi les supporters manifestant devant le stade contre le plan Leproux. 250 interdictions de stade (IDS) sont alors prononcées. Il y a quelques jours, le tribunal administratif de Versailles a annulé une de ces IDS. D’autres risquent de l’être bientôt. Mais entre temps, la préfecture de police de Paris a réussi son coup, d’autant que les interdictions de déplacement se sont multipliées toute l’année et que la loi LOPPSI 2 a encore renforcé les possibilités d’action à l’encontre des supporters.

Désorganisés par la dissolution des principales associations de supporters et par la rude réaction des pouvoirs publics, de nombreux anciens abonnés des virages, qui s’estiment injustement victimes d’un plan annoncé sans concertation avec les supporters, s’opposent à Robin Leproux mais de manière désorganisée, malgré les efforts de l’association Liberté pour les Abonnés. Dénonçant l’impossibilité de se rassembler en tribune et un projet de Disneylandisation du Parc des Princes, LPA et les anciens responsables des virages appellent au boycott du Parc des Princes pour l’ensemble de la saison. Une décision qui a sans doute sauvé le plan Leproux. Car si l’absence d’une grande partie des supporters historiques engendre une baisse significative de l’ambiance et une hausse symétrique des insultes envers les visiteurs et les Marseillais, elle assure également une certaine paix au Parc et à ses alentours. Il ne faut pas oublier que c’est aussi parce que de nombreux supporters ont déserté le Parc que les problèmes s’en sont éloignés. Qu’aurait donné, sans cela, le placement aléatoire ? Est-il viable d’affirmer que les anciens abonnés des deux virages doivent être capables de se côtoyer sur les gradins, sans jamais dire que pour un jeune Maghrébin ou Noir, ce sera délicat d’accepter d’être aux côtés de certains durs de Boulogne qui lui auront été hostiles pendant des années ?

Un bilan mitigé

De plus, le désir de Leproux de faire table rase du passé n’est pas allé suffisamment loin. Comment justifier le maintien au sein du club des responsables de la sécurité et des relations avec les supporters dont le bilan était pour le moins négatif ? Pourquoi ne pas avoir tendu la main aux supporters historiques non violents ? Finalement, entre une bonne partie de la mouvance LPA et Leproux, c’est un peu l’histoire d’un rendez-vous manqué. Ils voulaient peu ou prou la même chose, de l’ambiance sans violence, mais ils n’ont jamais su s’entendre. C’est de la responsabilité des supporters, qui ne sont pas parvenus à proposer une formule alternative crédible et à prendre leurs distances avec les franges les plus dures. Mais c’est aussi de la responsabilité de Robin Leproux de n’avoir pas su créer les conditions d’un dialogue fructueux et de ne pas avoir compris qu’une bonne partie des supporters historiques méritait un autre traitement. La tentative de renouer les discussions à l’automne, via la nomination de médiateurs appréciés des supporters comme Alain Cayzac, n’a d’ailleurs été qu’un leurre.

La deuxième version du plan, appliquée pour les matches retour, assouplit la formule initiale en permettant de nouveau aux supporters de s’abonner en virage, de manière toujours aléatoire. En revanche, elle s’avère résolument hostile aux associations de supporters dont l’action est très (trop) rigoureusement encadrée. La « charte 12 » marque clairement la volonté de concevoir les abonnés comme des clients individuels. Le Parc s’est certes de nouveau rempli au fur et à mesure que le classement laissait augurer d’une qualification en Champions League. Les aspects les plus caricaturaux d’animation à l’ « américaine » ont été abandonnés. Les appels au retour des anciens abonnés se sont multipliés. Malgré tout, cette année, ce ne fut plus le Parc des Princes d’avant, pour le meilleur, avec la disparition des tensions, et pour le pire, avec la disparition de l’ambiance.

La fin de la culture ultra au Parc

La résolution des problèmes de violence et de racisme permettrait de justifier beaucoup de dommages collatéraux. Mais si les deux tribunes accueillent désormais des supporters de toutes origines, on ne peut être que troublé par la poursuite des discussions entre la direction du PSG et la frange de Boulogne qui a contribué à en faire une tribune blanche. Quant aux incidents, s’ils ont largement disparu du Parc et de ses alentours, c’est aussi à cause du boycott de nombreux supporters. De plus, entre les franges les plus radicales, les violences se sont déplacées dans des zones éloignées du stade voire dans d’autres lieux (comme les manifestations politiques). Avant de tirer un bilan définitif du plan Leproux, il convient donc d’attendre de voir si cet apaisement des tensions va s’avérer durable.

En revanche, une conséquence évidente du plan Leproux est d’avoir brisé les faibles (relativement à la taille de l’agglomération) passions populaires qui avaient fini par se cristalliser autour du club, l’imposant petit à petit dans le décor social et culturel de Paris et de sa banlieue. Il est vraisemblable que le Parc aura de nouveau son public, des « fans » , mais guère plus de supporters. Finalement, Leproux a proposé, à l’ensemble du foot français, un nouveau modèle de relation entre un club et ses « clients » des tribunes. Signant ainsi la fin d’une certaine culture ultra à Paris, peut-être demain dans tout l’hexagone. Car Leproux a montré la voie à suivre à ses collègues dirigeants de clubs. Comme le président du LOSC, Michel Seydoux, le clamait en juin dernier dans l’Equipe, « Les patrons, c’est nous. Pas les supporters » . Cet héritage risque d’être le seul qu’aucun de ses successeurs n’aura envie de retoucher.

Pour élargir le débat :

Les supporters sont-ils l’âme d’un club ?

Nouveaux stades, nouveaux supporters

Nicolas Kssis-Martov et Quentin Blandin

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