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On était à l’Euro de futsal

Par Christophe Gleizes et Martin Grimberghs
On était à l’Euro de futsal

Les demi-finales de l'Euro de futsal se tenaient jeudi à Anvers. L'occasion de s'intéresser à un sport méconnu, à mi-chemin entre le football et le handball, où tous les coups techniques sont permis. Avant la grande finale de ce samedi, retour sur une soirée riche en buts et en émotions, entre hégémonie espagnole, joueurs naturalisés et bières cadenassées.

Il n’y croit plus vraiment quand le ballon arrive sur lui, au ralenti, comme par enchantement. L’arène, auparavant brûlante, est soudain devenue silencieuse. C’est l’heure du dénouement, le moment des champions. Huit ans que Robinho attend ça, il ne peut pas se rater. D’un plat du pied imparable, le frêle numéro 10 aux jambes arquées fait trembler les filets de Rafa, le gardien espagnol, à la toute fin de la prolongation. Tandis que le stade explose, le buteur providentiel peut savourer ; il vient d’envoyer la Russie, sa mère patrie, en finale de l’Euro (4-3). Malgré ses derniers efforts désespérés, l’invincible armada espagnole ne reviendra pas et doit abandonner un titre qu’elle trustait sans partage depuis quatre éditions. Pour les Russes, les défaites en finale de 2005 et 2012 sont enfin conjurées. Reste maintenant à renouer avec la victoire ce soir contre l’Italie, dans un choc indécis entre deux places fortes du futsal européen.

Et l’Italie est là

Un peu avant que Robinho le « Russe » n’éclabousse de sa classe le palais des sports d’Anvers, les plus ponctuels ont assisté au premier match entre Italiens et Portugais (4-3). Dans ce monde fait de gardiens sans gants, de chaussures sans crampons et de terrain lisse, où l’on s’amène le ballon à base de râteaux esthétiques, Ricardinho est l’un des plus grands. « Il y a pas à tortiller, c’est le meilleur joueur » , explique André, fervent supporter lusitanien, pouces levés alors que les siens mènent 2-1 à la mi-temps. De quoi être confiant ? « Oui, enfin pas vraiment. Il nous manque encore un ou deux buts pour être totalement libérés » , explique-t-il avant de charrier sur l’absence de l’équipe de France, qui ne s’est même pas qualifiée. Un jugement prophétique puisqu’au retour des vestiaires, le cinq italien ne tarde pas à renverser la vapeur. Romano et Lima redonnent l’avantage aux Transalpins, avant que Fortino ne catapulte une frappe surpuissante dans la lucarne d’André Sousa. Menés de deux buts, les Portugais tentent de revenir grâce à une astuce de cour de récré, le goal volant, règle de base d’une équipe de futsal qui court derrière le score. Une dernière réalisation de Joel permet d’entretenir l’illusion, mais c’est bien l’Italie qui accroche la deuxième finale de son histoire.

Tandis que Ricardinho est réconforté en zone mixte, Roberto Menichelli, le coach italien, s’épanche tout sourire en conférence de presse : « C’est un tournoi très bon, toutes les équipes sont proches. Le niveau a augmenté de manière générale ces dernières années, surtout sur le plan tactique. » Avant d’ajouter : « Le public a répondu présent, c’est très important, car le futsal a besoin de visibilité. » Assis avec toute sa clique en tribunes, Fred, joueur amateur et président du MFC Solbosh, savoure le spectacle : « Les matchs sont de grande qualité, il y a surtout un engagement physique impressionnant. Par contre, à force de les voir tourner autour du but, on a presque l’impression de voir un match de handball. » Visiblement ravi de découvrir la crème d’un sport qu’il pratique depuis quinze ans, Fred n’est pas au bout de ses surprises. L’entracte est en effet l’occasion de s’étonner devant les représentations ultras cheap de trois jeunes freestyleurs et les numéros niaiseux de pom-pom girls ingénues, alternant machinalement hip-hop, danse moderne et contemporaine. « On dirait qu’elles ont quatorze ans » , se plaint Yann, forcément déçu.

Spectateur attentif de cette parodie, Laurent Morel, manager des compétitions de futsal pour l’UEFA, est fier de la réussite populaire de son tournoi. « Le bilan est très bon. Jusqu’ici, on a eu 5 journées sur 6 complètes. Pour les demies, nous avons vendu 8 152 tickets, c’est super positif. Et la finale est déjà sold-out, puisque les 12 450 places ont été vendues. En même temps, on savait que la Belgique était un pays de futsal. » Lucide, le dirigeant suisse égrène les défis d’avenir à relever : « Il y a encore beaucoup de travail à accomplir parce que le niveau entre les 4 demi-finalistes et les autres est trop grand. Même si la Slovénie et la Croatie progressent, la tradition dans ces pays n’est pas la même. En Espagne et en Russie, l’histoire du foot en salle remonte à 25 ans. Les autres pays l’ont développé il y a 10 ans maximum. Pour que l’écart se réduise, il faut certes accentuer la formation des jeunes, mais surtout laisser du temps à ces différentes fédérations. » Afin de ne plus voir les trois même équipes, Italie, Russie et Espagne, squatter systématiquement les lauriers depuis la création du premier Euro en 1996.

« We’ll be back »

Après les trentes minutes d’échauffement, place au second match de la soirée, entre le grand favori espagnol et l’ambitieuse formation russe. Tandis que résonne la musique d’ambiance, Carlos, affublé d’un maillot de la Roja, se veut catégorique : « Selon moi, celui qui gagnera ce match sera le vainqueur de la compétition. » Venu directement de Madrid, où il supporte l’Inter Movistar, le jeune homme de 26 ans avoue fermement croire à un cinquième triomphe d’affilée : « Non, je ne suis jamais fatigué de voir l’Espagne gagner » , explique-t-il dans un sourire : « Maintenant, il ne nous reste plus que le sport, c’est la seule chose qui rende les gens heureux en ce moment. » Handicapée par le forfait de plusieurs éléments majeurs, et par le départ en retraite de Kike, son meilleur joueur, la Roja a cependant tout à craindre d’un adversaire revanchard : « La Russie me fait peur, ils ont Ever Lima, le meilleur buteur de la compétition. C’est un peu abusé d’ailleurs, la moitié de leur équipe est composée de Brésiliens. Enfin bon, nous, on a Fernandao, le chauve, là, il est très bon. »

Le début de match est totalement à l’avantage des Ibériques, qui font admirer leur technique et leur jeu en mouvement. Dépassés, les Russes s’arrachent en défense et tentent d’opérer en contres bien placés. Après plusieurs sauvetages et poteaux, les champions en titre ouvrent finalement la marque sur une action de classe : Pola, bien décalé par une talonnade de Raúl Campos, trompe le bien nommé Gustavo. Responsable de l’organisation, l’Allemand Sebastian Burkard semble dépité : « C’est sûr que ça serait pas mal de changer de vainqueur. Il faudrait un peu plus de compétition. » Son souhait est exaucé au retour des vestiaires : transfigurés, les Russes emballent le match et prennent l’avantage grâce à Sergeev et Lyskov. La fin du temps réglementaire est sifflée sur un score de 3-3, l’Espagne ayant déjà sauvé sa peau grâce à Miguelin, son goal volant. Peine perdue, alors que tout un stade attend les tirs au but, Robinho surgit. « Ce ne fut pas facile, mais maintenant je vais disputer le sommet de ma carrière : la finale de l’Euro. C’est fantastique de pouvoir le faire à 31 ans » , expliquait le héros en zone mixte, avant de préciser au sujet des Italiens : « Nous aborderons la finale avec beaucoup de respect pour nos adversaires. »

Il est 23 heures et la salle s’est vidée. Tandis que les journalistes de tout bord profitent du frigo à bière enfin décadenassé, il ne reste plus que quelques supporters russes, tous occupés à célébrer leurs héros naturalisés, en train de s’assouplir sur le parquet. « Je suis très heureux de la victoire de mes camarades » , exulte Slava, un partisan particulièrement bruyant. « L’Espagne est la meilleure équipe, c’est indéniable, mais cette année, la Russie sera championne » , jubile-t-il, en annonçant d’ores et déjà une victoire « très facile » contre l’Italie. Quant à nos amis ibériques, ils tenaient à faire contre mauvaise fortune bon cœur. La très jolie Encarnacion, drapeau fièrement affiché, expliquait que les deux équipes auraient mérité de se qualifier, dans une rencontre « intéressante » , assimilée à une « belle bataille » . Et sa copine de lancer un salvateur « We will come back » . Anvers et contre tout.

Par Christophe Gleizes et Martin Grimberghs

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