OM-PSG : Et si la France s’en branlait ?
Quand on se penche sur notre supposé classico, il a plutôt une sale gueule. Une gueule de Ville nouvelle mal conçue qui vieillirait mal et où l'on serait condamné à errer. OM-PSG c'est le septième contre le seizième. Traduit en Espagnol ça donne Santander contre Osasuna, pour la version anglaise on aurait droit à Man City - Wigan. Diouf et Anigo peuvent utiliser toute la boîte d'allumettes, la polémique ne prend plus. Marseille/Paris, ces deux-là ne savent même plus pourquoi ils se détestent. Alors s'ils pouvaient juste nous offrir un match pas trop chiant pour terminer la semaine, ça serait déjà pas mal.
C’est triste à dire, mais un Marseille – Paris qui se déroule bien dans les tribunes et en dehors ne risque pas de déborder des pages sports des journaux et des télés. Même L’Equipe assure le service minimum.
Samedi, le quotidien réglait l’affaire en une demie page avec une interview sur la saudade de Pauleta, alors que le début de polémique entre Diouf et Cayzac s’étalait sur deux malheureuses colonnes. Les vieilles recettes d’avant-match ne fonctionnent plus. On est loin du raffut provoqué par la déclaration d’Arthur Jorge, quand il disait vouloir marcher sur la tête des Marseillais en 1992.
Pourtant, Pape Diouf pensait faire son petit effet en s’en prenant au public parisien : « Il n’y a pas ici (à Marseille) de public méchant, parfois haineux comme on peut le voir à Paris. Je n’englobe évidemment pas tous les spectateurs du Parc des Princes ! Mais il y a très clairement à Paris une bande de gens organisés se réclamant du supportérisme et qui ne sont que des brigands de stade. Et cela n’existe pas à Marseille » . Face à l’indifférence, il ne reste plus qu’à balancer des conneries et jouer avec le feu. Cayzac n’a pas relancé, préférant jouer les bons élèves. « Je suis très surpris et très choqué des propos prêtés au Président de l’Olympique de Marseille, M. Pape Diouf (…) à la veille d’une rencontre classée à hauts risques par les pouvoirs publics » .
Sur le coup on ne lui donnera pas tort. Car le problème de ce supposé classique du championnat, c’est que l’odeur du souffre et de l’ammoniac couvraient la réalité du terrain. Lors de ces dix dernières saisons, Marseille et Paris n’ont jamais fini ensemble dans les cinq premiers du championnat.
Sportivement, le classico français ne s’est jamais remis de la relégation administrative de l’OM en 1994. Et voilà comment on se retrouve à regretter une époque où Colleter et Di Meco opéraient à tacles ouverts. Le dernier OM/ PSG où le titre était en jeu entre les deux remonte à la saison 88/89, et au missile de Sauzée qui avait donné la victoire et le championnat aux Marseillais. Parce que OM-PSG ou PSG-OM, il ne faut pas se le cacher : ça se regardait souvent pour des mauvaises raisons, ça sentait l’embrouille et le mauvais esprit. Et il faut reconnaître que ça pouvait nous amuser.
Aujourd’hui, OM-PSG serait presque devenu un match de L1 parmi d’autres, parfois sympa, parfois fermé, souvent très vite oublié. Il suffit de se rappeler (c’est dur) du match aller au Parc pour s’en convaincre. Un début de rencontre correct, puis rideau après l’égalisation de Luyindula.
Le PSG avait assez vite laissé le poids du jeu à des Marseillais pas franchement plus inspirés, au bout d’une heure on avait compris que tout ce petit monde se contenterait de ce petit point d’épicier. Merde, comment un choc entre deux équipes supposées se haïr, pouvait-il accoucher d’un match avec une intensité aussi plate ? Ce n’est pas toujours un critère pour juger de l’intérêt d’une rencontre, mais on avait rarement vu aussi peu de fautes et de coups dans un affrontement entre les deux. Comme si la rivalité avait fait place à l’indifférence du côté des joueurs. Heureusement qu’il y a encore des Jérôme Rothen pour y croire et dormir avec son tee-shirt « Ici, c’est Paris » .
Les Marseille/Paris sont des matchs à la psychologie particulière, où le plus mal en point a souvent tendance à se refaire, histoire de masquer les lacunes d’une saison ratée. Une victoire contre « l’ennemi » permet de s’acheter une paix sociale auprès des supporters pour quelques semaines.
Pour ce soir, si on ressent des attentes particulières, elles tiennent plus à la situation comptable des deux équipes. Marseille veut trois points pour revenir dans la course à l’Europe, alors le PSG se dit qu’en cas de hold-up (comprendre un peu de chance et une tête de Luyindula) il pourrait être dispensé de lutte pour le maintien. Marseille/ Paris, c’est donc le septième qui rencontre le seizième.
Alexandre Pedro
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