OM : Plus dure la vie
Djibril Cissé rentré trop tôt, Nasri parti trop vite, Taiwo thèse antithèse et l'OM crucifié sur le fil par Besiktas (2-1). De quoi pleurer au comptoir de Roland Marci. En fait non, un nul ne changeait rien à l'affaire, entendu que les Turcs perdront à Porto, il restera aux Marseillais à gratter un point contre Liverpool au Vélodrome. Elle n'est pas simple la vie sur le papier, non ?
Très bon numéro de Libération hier matin, un spécial Belgique quand la France frétille dans ses banlieues, un Joffrin déroutant ose la contre-programmation mais oublie le Belge du jour. Car Gerets était l’homme du jour à cinq minutes près, à une erreur de placement près de Taiwo. Gerets c’est le flahute dans toute sa rudesse, un gaillard qui sent les coups et les bordures à l’horizon. Zubar qui pète dans le premier secteur pavé de mauvaises relances et Taiwo sort de sa roue.
A la mi-temps Bonnart repasse à droite (le Manceau se sent à l’aise à droite mais il n’ose pas le formuler) et le Nigérian se colle à gauche. 65ème Taiwo sans réfléchir, enfin Taiwo, allume Rustu aux 35 mètres. Depuis Barcelone, les mains de Rustu son pleines de larmes, alors Marseille revient (1-1) et Gerets est grand. Pour 20 minutes encore, on aurait presque envie de lui trouver du Leonard Cohen dans la démarche le long de son banc, le polo boutonné jusqu’en haut pour ne rien gâcher, Gerets soigne les détails, son équipe moins.
Mais rien ne lui sera épargné. Nasri fâché avec son corps, c’est l’adolescence qui résiste et casse de partout. La cheville dit non après 25 minutes, privé de sa lanterne, Marseille devra se fier à la canne de Djibril Cissé. Le nouvel organigramme du Belge bat de l’aile, Niang retourne à gauche, Valbuena prend les clés du semi-remorque. Et Cissé zone. Chat noir je prononce ton nom, une minute suffit aux Stambouliotes pour profiter de leur avantage numérique. Tello sur coup franc, c’est beau, on se retient d’applaudir. Marseille s’en remet à Niang et Valbuena, le foot est un sport qui se joue à onze, mais quand Zenden compte ses heures et Cissé prend son ombre au marquage, eh bien on compte trop sur Niang et Valbuena.
Ne pas s’inquiéter, ne pas se prendre la tête, Cissé l’a vendu à ces fumiers de journalistes : « J’en mettrai 20 cette année, l’an dernier j’avais dit que j’en plantais quinze, eh bien je l’ai fait » . Cissé a l’arrondi facile, mais on veut le croire. Problème, Cissé n’en pique pas une, le ballon devient un objet refusant toute greffe avec son pied, on n’a même plus envie d’en rire. Pourtant une fois revenus au score, les Marseillais dominent, plus farouches et un ton au dessus au niveau de l’engagement. Sans surprise Cana, Bonnart et Givet sont dans leur élément. Une autre vision du foot que celle dispensée avant-hier par le Barcelone de Xavi et Iniesta, mais ça fait l’affaire.
Reste que Taiwo n’avait pas dit son dernier mot. 88ème et le Nigérian nous donne sa libre interprétation de l’alignement sur sa défense centrale au moment d’une passe en profondeur. Disons que Taiwo se situe à un point équidistant entre le porteur de balle et son destinataire, un point T plus communément appelé aux fraises. Strawberry Fields forever. Et le dénommé Bobo s’en va trouver l’ouverture entre les jambes de Mandanda. Encore un coup de ces cochons de bobos, déjà responsables de la hausse de votre loyer, de la faillite idéologique de la gauche, de la carrière de Bénabar et hier soir de la solitude d’un latéral innocent. Marseille est incorrigible, donc tout à fait capable de taper Liverpool ou d’aller en finale de l’UEFA avec Sébastien Hamel dans les buts. Grand club, grand club français.
Alexandre Pedro
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