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Lyon, un virus européen à transmettre

Par Mathieu Rollinger, à Lyon
Lyon, un virus européen à transmettre

Sur le papier, Lyon n'a aucune chance de survivre à une double confrontation face à la Juventus. Mais c'est justement parce que l'Olympique lyonnais s'est attelé à ne jamais suivre sa feuille de route cette saison qu'il peut croire à l'exploit.

Comment lutter contre la psychose ? Parfois, l’absurdité, quand elle est affirmée avec vigueur, est le meilleur des remèdes pour se persuader qu’il n’y a aucun danger et ainsi rassurer les foules. C’était la méthode adoptée en 1986 par les journaux télévisés français, lorsqu’ils assuraient spontanément que le nuage radioactif de Tchernobyl s’arrêtait à la frontière alsacienne. Mais cette fois, en pleine crise sanitaire autour du coronavirus, les lignes hexagonales pourraient être percées et le pays exposé à une épidémie ayant déjà fait des ravages en Chine, mais aussi dans le nord de l’Italie, où l’on compte déjà dix morts et des centaines de cas recensés. Ce lundi, un bus en provenance de Milan, transportant 36 personnes dont un chauffeur présentant des symptômes grippaux, a été confiné dans la gare routière de Lyon-Perrache. Tous les tests se sont avérés négatifs, mais une autre vague s’apprête à traverser les Alpes. Avec pour motif de transit, un simple match de foot. Un OL-Juve, qui pourrait drainer 3000 tifosi turinois potentiellement exposés à ce fameux Covid-19, prêts à transformer l’outil connecté de Jean-Michel Aulas en un nid à microbes. Et c’est peut-être ainsi que l’histoire avec un grand H se rappellera ce huitième de finale aller…

Le contexte est lourd, le sujet flotte dans l’atmosphère sous forme de micro-particules ou dans les mots des journalistes italiens dépêchés pour l’occasion. Mais dans cette tempête, les acteurs au centre de cet événement sportif cristallisant les craintes ont pour le moment d’autres préoccupations. « Non, on n’en a pas tenu compte dans notre préparation, répondait Rudi Garcia mardi après-midi, étonné de devoir enfiler une casquette de préfet de la République ou de médecin traitant. Je suis focalisé sur le terrain. Laissons les gens spécialisés et habilités s’occuper de ce sujet. » À quelques heures de disputer son tout premier match à élimination directe en Ligue des champions, le coach olympien est plus disposé à parler défense à trois ou à quatre que de défense immunitaire. Normal, puisque c’est son job. D’autant plus que la psychose, d’une nature différente, est aussi présente dans les rangs lyonnais. Reprochant à leur président sa « méthode Coué » et la perte des valeurs de leur équipe de cœur, les Bad Gones et le Kop Virage Nord ont posé dimanche un surplus de pression à l’amorce d’une semaine cruciale pour le club rhodanien, au cours d’une saison déjà marquée par les zones de turbulences.

Un rêve contagieux

Un défi galvanisant face à la Juve ce mercredi, un derby explosif dimanche et une demi-finale de Coupe de France face à Paris la semaine prochaine, à chaque fois au Groupama Stadium, voilà la prescription pour venir à bout de la morosité ambiante dans la capitale des Gaules. « À l’intérieur, je vous assure que le contexte n’est pas morose, contre-braque Garcia. Le groupe vit bien, les joueurs s’entendent bien. Après, il faut que tout cela se retrouve sur le terrain par des relations fortes et l’envie de gagner les matchs. » Car au-delà du coronavirus, c’est un épouvantail qui s’apprête à fouler la pelouse de Décines. L’octuple champion d’Italie ne devrait rien avoir à craindre d’un Olympique lyonnais en quête de sensations fortes. D’ailleurs, Rudi Garcia a bien conscience de l’écart de classes : « J’ai beau avoir cherché pendant des heures et des heures à la vidéo ses points faibles, je n’en ai très peu trouvé. À l’inverse, j’y ai remarqué beaucoup de points forts. »

Pour y remédier, l’ancien entraîneur de la Roma compte actionner deux leviers. Le premier est motivationnel et sert à ancrer dans les têtes de ses joueurs que tout est possible dans cette compétition. « On pensait tous que Liverpool allait peut-être gagner à l’Atlético, on pensait tous que le PSG allait peut-être gagner à Dortmund. Finalement, ils ne l’ont pas fait, relativise celui qui a déjà signé deux victoires et un nul face aux Bianconeri, à son époque romaine, en six confrontations. La Juve est favorite, il faudra donc déjouer les pronostics, et Dieu sait qu’il n’y a pas grand monde qui nous donne qualifiés après la double confrontation. Mais la beauté du football fait que ce ne sont pas toujours les plus forts qui passent. À nous de jouer crânement notre chance. » Le second bouton sera tactique, malgré les doutes récurrents autour des capacités du coach lyonnais en la matière.

Faire tomber les masques

À Metz, vendredi dernier, Rudi Garcia a aligné un 3-4-1-2 presque expérimental (une défense à trois avait été testée auparavant en Coupe de France, à Nice). De quoi titiller la curiosité des spécialistes transalpins sur ses intentions face la Juve, puisque c’est face à une défense à trois têtes que les hommes de Sarri ont concédé deux de leurs quatre défaites cette saison, à chaque fois contre la Lazio. « Oui, cela peut leur poser des problèmes. Mais la Lazio fait une grande saison et je ne veux pas copier une autre équipe, assure Garcia dans un bel italien. Mais ça ne sera certainement pas le même système de jeu qu’à Metz. Il y avait des particularités sur ce match-là : l’intégration de Bruno Guimarães et le retour de Léo Dubois. C’était une configuration pour les mettre dans de bonnes conditions. » L’animation laissée floue, la priorité pour le coach est de chercher dans son jeu les bonnes cartes à abattre, en l’absence de ses deux créateurs Jeff Reine-Adélaïde et surtout Memphis Depay, homme totem dans la qualification européenne de l’OL et auteur de cinq des neuf buts lyonnais lors de la phase de poules. Si Moussa Dembélé, revenu en forme en 2020, n’a toujours pas marqué dans la compétition, c’est à Houssem Aouar que les clés du camion pourraient être confiées.

Qu’a donc de concret à opposer l’Olympique lyonnais à un mastodonte comme la Juventus, qui n’a jamais failli contre un club français lors d’une phase finale ? « On ne va pas avoir un plan anti-Ronaldo parce que dans ce cas-là, il faudrait un plan anti-Dybala, anti-Higuaín, élude Rudi Garcia. Il y a trop de bons joueurs dans cette équipe pour qu’on résolve les problèmes individuellement. Il faudra les résoudre collectivement. » La clé réside dans la faculté à mettre de côté les soucis du quotidien, « croquer à pleines dents dans cet événement » et « se prouver à soi-même d’être capable de bien faire contre une telle équipe » , à l’instar de la génération Lacazette-Umtiti-Lopes en 2014, qui s’était révélée en quarts de finale de la Ligue Europa, malgré deux courtes défaites face à la Vieille Dame (0-1, 1-2). Oublier n’avoir aucune chance et foncer, avec pour seule obligation de « sortir du terrain avec la tête haute » et être encore en vie pour le retour dans trois semaines à Turin. « La notion de plaisir est importante, déroule Garcia. Il va falloir en prendre pour attaquer, emballer le match, mettre des moments de folie, sinon on n’arrivera pas à bousculer cette équipe de la Juventus. » Le plaisir, soit le seul véritable vaccin contre le défaitisme ambiant, est un moyen efficace pour que le virus européen continue de se transmettre à l’Olympique lyonnais.

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